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Lukaku et la pression, histoire de Belge

Par Pierre-Valentin Lefort
5 minutes
Lukaku et la pression, histoire de Belge

Dernier représentant anglais en Ligue Europa, Everton tentera ce soir de prendre le meilleur sur le Dynamo Kiev. Argument principal des Toffees, Lukaku est le meilleur buteur de son club en C3. Problème, Romelu semble avoir du mal à supporter la pression. Le comble pour un Belge.

« J’aime la pression, elle me permet de m’épanouir. » Lukaku l’affirme avant d’affronter l’Algérie en Coupe du monde, la pression ne l’inhibe pas. Mieux, elle aiderait le Belge à donner le meilleur de lui-même. Pourtant, force est de constater que l’histoire de l’attaquant prouve le contraire. Partout où il était attendu, l’avant-centre a échoué : en club, à Chelsea et lors de sa deuxième saison à Everton, et en sélection, lors du Mondial brésilien. Si le talent brut du Diable rouge n’est pas à prouver, sa capacité à réaliser tout son potentiel est plus incertaine. Celui qu’on a longtemps considéré comme le futur Drogba a alterné grosses saisons et absences inexplicables. Inexplicables, pas tellement. En effet, qu’elle vienne d’un transfert onéreux ou d’une ambition nationale, la pression a toujours semblé submerger le fer de lance des Toffees, malgré un talent évident.

Du talent plein les jambes

Arrivé à Chelsea en provenance de Belgique et d’Anderlecht, Lukaku est encore un novice hors du Plat Pays. Il a alors la bonne idée d’aller s’habituer aux joutes anglaises dans des clubs aux ambitions plus terre à terre. Loin de la pression londonienne, le Belge s’éclate ainsi à West Bromwich, qui se bat alors pour éviter la relégation. Si les Baggies finissent à la 16e place du championnat, l’Angleterre découvre un gamin pétri de qualités. Avec ses 17 buts en championnat, dont un retentissant triplé pour la dernière de Ferguson à la tête de Manchester, Lukaku s’affirme. Ses bonnes performances lui valent même de s’imposer de plus en plus en sélection. Pas assez pour le Mou, alors revenu à la tête de Chelsea. Le Portugais, qui avait pourtant fait concurrence aux Blues pour s’attacher les services de Lukaku quand il était à la tête du Real, renvoie aussi sec le jeune talent vers un club moins huppé, où le titulaire, c’est lui.
À Everton, dont les prétentions se limitent alors à une simple qualification en Ligue Europa, Lukaku réalise une nouvelle bonne saison, plante 15 buts, et permet aux Toffees de retrouver la C3. Cette fois, le retour à Chelsea semble être le bon. La seule recrue phare de Chelsea en attaque est Diego Costa. Il y a donc une place à prendre. Mais alors que José Mourinho semble cette fois disposé à faire usage du Diable, c’est lui-même qui prend le Royaume à contre-pied. Lucide, le Belge le confiait à The Express : Everton « est un environnement propice au développement des jeunes joueurs » . Comprendre, les attentes sont moindres, et on laisse plus de temps aux espoirs pour confirmer. Roberto Martínez débourse pas moins de 31 millions de livres pour s’attacher définitivement les services de sa pointe d’attaque. Et Lukaku de confirmer que l’Espagnol a peut-être l’entraîneur qu’il lui faut : « Il m’a beaucoup influencé. C’est quelqu’un qui connaît le football. Il peut m’aider à progresser. » De quoi nourrir de plus grandes ambitions pour la saison à venir.

Des doutes plein la tête

Sauf qu’il y a un couac. En signant pour de bon à Goodison Park, Lukaku devient la recrue la plus onéreuse de l’histoire d’Everton. Il devance au passage un compatriote, puisque c’est auparavant Fellaini qui portait ce titre. Et contrairement à son partenaire de sélection, le Diable rouge peine pour l’instant à confirmer les attentes. Un sentiment de déjà-vu, pour un joueur qui a déjà faibli sous le poids de la pression. À sa décharge, Lukaku paie aussi la méforme générale de son équipe, et notamment de Ross Barkley, son partenaire d’attaque, qui lui aussi peine à confirmer. Pourtant, Romelu peine à rééditer sa saison passée, avec seulement 7 buts inscrits. Rien d’inquiétant pour Martínez, qui s’est confié à Skysports : « La quantité d’occasions qu’il crée me convient, qu’elles soient converties ou non. Ce n’est qu’une question de temps. » Ainsi, le prix dépensé pour le Belge ne serait pas à l’origine de sa saison en berne : « Je ne pense pas que son prix soit un désavantage. »

Pourtant, difficile d’occulter les sous déboursés. À Chelsea déjà, il en avait été question : 21 millions de livres pour un garçon alors âgé de 18 ans. Dans le club de ses rêves, entouré par Drogba, Anelka et Torres, Romelu déchante. Le Belge joue trop peu pour briller dans une compétition dont il ne connaît rien. 164 petites minutes, aucun but inscrit, le bilan est famélique. L’attaquant n’hésite alors pas à publiquement critiquer son coach de l’époque, André Villas-Boas. « Je n’ai rien appris. Il ne m’a jamais expliqué son choix » , se plaignait le jeune joueur au Telegraph. En Coupe du monde aussi, le Belge déçoit. Benteke blessé avant le début de la compétition, Lukaku est le principal fer de lance de la sélection de Marc Wilmots. Résultat, c’est Divock Origi qui impressionne, tandis que son concurrent déçoit et goûte même au banc de touche. Un seul but, face aux États-Unis, et puis s’en va.

Finalement, l’attaquant a trouvé son havre de paix cette saison. La Ligue Europa est la seule compétition où Lukaku semble à son aise. Avec 6 buts en 7 matchs, l’avant-centre est l’un des grands artisans du bon parcours des Toffees en C3, une compétition mineure pour le club de Liverpool, trop préoccupé par sa situation inquiétante en championnat. Si cette parenthèse avait pu servir à relancer Lukaku, pourquoi pas… Mais alors qu’il marque à 5 reprises contre les Young Boys de Berne, il est muet depuis 5 journées en Premier League. Et ce soir, Lukaku aura la pression. Everton est le dernier des Britanniques encore en course. L’occasion pour Romelu de montrer que pour une fois, il peut être au rendez-vous.

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