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Joaquín Panichelli, une belle histoire à écrire
Avant de finir à Chelsea comme tout bon joueur de Strasbourg, Joaquín Panichelli a décidé de venir se dégourdir les jambes sur les pelouses de Ligue 1. Avec un doublé face au PSG, l’attaquant argentin continue son début de saison canon et trône ce soir en tête du classement des buteurs. Avec du style et une belle histoire.

Encore sous la douche plus d’une heure après le coup de sifflet final d’une palpitante rencontre entre le PSG et Strasbourg, Joaquín Panichelli avait peut-être besoin de souffler un bon coup pour réaliser. Alors qu’il était déjà l’une des attractions du début de saison, le voilà un peu plus en tête du classement des buteurs du championnat de France. En l’absence du capitaine et titulaire du poste Emmanuel Emegha, l’Argentin n’a pas tremblé au Parc en marquant un doublé de numéro 9 et en se présentant définitivement à la Ligue 1 : il faudra compter sur ce grand bonhomme cette saison.
Le style Panichelli
Il en avait déjà planté cinq, dont deux contre Angers avant la trêve, il a remis le couvert face à un adversaire plus sérieux sur la pelouse du Parc des Princes, où il a continué à dévoiler sa panoplie. Le roi des duels avait déjà mangé Lucas Beraldo pour tenter une divine talonnade orientée repoussée par Lucas Chevalier, avant de dévorer Illya Zabarnyi pour s’élever dans les airs et égaliser d’une tête splendide, « un des plus beaux buts de la tête que j’ai jamais vu au stade », assurait même Liam Rosenior après la partie.
C’est l’une des meilleures performances d’attaquant que j’aie vu au stade.
Le coach anglais sortait d’un match intense, dans lequel Panichelli a remis une pièce dans la machine Beraldo en le bougeant sur l’action du troisième but strasbourgeois qu’il s’est également chargé d’inscrire. À ce niveau-là, ce n’est plus un feu de paille.
Joaquín Panichelli compte 7 buts en 8 matches de @Ligue1, soit le 2e joueur le plus rapide à atteindre ce total pour le Racing depuis qu'Opta collecte ces données (1947/48) derrière Ernst Stojaspal en août-septembre 1954 (en 5 matches) 📊⚽️ 3️⃣-3️⃣ #PSGRCSA pic.twitter.com/Qz2kyyqd4J
— Racing Club de Strasbourg Alsace (@RCSA) October 17, 2025
Faites les comptes, ça fait 7 buts en 8 matchs pour l’ancien goleador de Mirandes, une marque historique à l’échelle de son club à cette période de l’année. En zone mixte, son coéquipier Diego Moreira ne cachait d’ailleurs pas sa joie de partager le pré avec un tel joueur, qui s’est vraisemblablement vite adapté à son nouvel environnement. « On est très contents avec ce qu’il fait », se réjouissait le Belge. Rosenior est allé bien plus loin : « C’est l’une des meilleures performances d’attaquant que j’aie vu au stade. Je ne suis pas surpris, il se donne à fond à l’entraînement. Son père était footballeur et il a sûrement hérité un peu de cette mentalité incroyable. Il comprend ce qu’il faut pour gagner et il apporte cette mentalité au sein de l’équipe. » La performance de haute voltige de l’attaquant ne dit pas tout du bonhomme, loin de là. Fils d’un pro devenu auteur, le buteur sort du moule et a dû charbonner.
Le buteur et la plume
Difficile de croire que celui qui fait preuve de tant de roublardise et de maîtrise du poste n’y a pas toujours évolué. Comme il le racontait en 2022, il a fallu un concours de circonstances (il aurait dû signer à Boca Juniors mais a finalement atterri à River), un poste bouché dans les équipes de jeunes des Millonarios et le flair du cousin de Marcelo Gallardo, Jonathan De la Rosa, pour que le natif de Córdoba ne monte d’un cran sur le terrain, lui qui oscillait entre les postes offensifs sans toucher à la pointe. Dans la capitale argentine, le Covid a retardé ses débuts en pros, qui ont eu lieu à Alavés, en deuxième division espagnole. Après quelques matchs lors de sa première saison, la deuxième doit être celle de la confirmation mais il se fait les croisés. Décollage reporté d’un an, à Mirandés, où il cale gentiment 21 buts et 8 passe dé en 44 matchs de championnats avant de débarquer en Alsace.
Rosenior connaît la biographie de son nouvel artilleur, son paternel n’est pas le premier venu. Passé par Instituto, le club formateur de Paulo Dybala, puis la Bolivie, Germán a connu une petite carrière sympathique avant de se tourner vers la plume et l’écriture. À deux doigts de jouer pour River à la fin des années 1980, il a surtout inculqué la culture de la littérature à son fils, sans jamais lui mettre de pression quant à la pratique du ballon rond, faisant même preuve de philosophie en disant que la naissance de ses enfants avait certainement été conditionnée par son arrêt de carrière à la suite des blessures.
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Au-delà des considérations monétaires, éthiques ou identitaires d’un club de foot et de l’actionnariat strasbourgeois par BlueCo, il faudra reconnaître un certain flair aux recruteurs alsaciens. On ne sait pas si le secret réside dans d’innombrables parties de Football Manager, dans des heures et des heures de vidéos englouties ou dans un scouting de très haute qualité, mais aller chercher Emegha à Sturm Graz puis Panichelli à Mirandes (pour 20 millions quand même) en si peu de temps relève tout de même d’un sacré flair.
Panichelli quant à lui, aurait bien raison de croire en sa bonne étoile en se disant qu’au terme d’une grosse saison dans l’Hexagone, il pourrait bien gratter une petite sélection avec l’Albiceste, voire un voyage en première classe pour le Mondial nord américain. Passé de la lutte pour la promotion en Liga à celle pour une place en Ligue des champions en moins d’un an, il aurait bien tort de se refuser à croire au très grand saut l’été prochain. Chez les Panichelli, le papa n’est pas le seul à pouvoir écrire de belles histoires.
Les notes de PSG-StrasbourgPar Julien Faure, au Parc des Princes
Tous propos recueillis par JF et TB, sauf mentions