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Les bonnes questions du match des Bleus contre le Portugal

Par Mathieu Rollinger, à Budapest
6 minutes
Les bonnes questions du match des Bleus contre le Portugal

Déjà qualifiés pour les huitièmes avant d'affronter le tenant du titre portugais, les Bleus ont un peu le cul entre deux chaises. Car quel que soit le résultat de ce match aux airs de classique, il sera difficile d'en tirer des leçons définitives. Alors en attendant les réponses, posons-nous déjà les bonnes questions.

À quel point la finale de 2016 peut peser dans les têtes ?

On ne bâtit pas une équipe nationale comme un club. Si dans le second cas, tout ou presque se passe à l’entraînement, les sélections, elles, doivent se contenter lors des années sans tournoi estival d’une douzaine de jours cumulés de travail tactique, en excluant donc les décrassages ou les veilles de match. Alors pour actionner certains leviers, un sélectionneur n’a pas d’autre choix que de s’agripper à un fil rouge émotionnel, à ces grands matchs qui ont jalonné l’histoire de son groupe. Et pour l’équipe de France, le Portugal occupe une place de choix. De fait, se voir arracher des mains un Euro devant son public ne peut laisser insensible. « Ce n’est pas forcément un mauvais souvenir, avec tout ce que ce match avait engrangé en émotions, rembobine Hugo Lloris. Mais cette défaite concédée au bout d’un scénario difficile nous a surtout permis de construire le succès de la Coupe du monde en Russie. Les deux sont liés. »

Antoine Griezmann ne dit pas autre chose : « Perdre une finale à domicile, c’est ce qu’il y a de pire. Ça nous a donné plus faim. » Autrement dit, cinq ans plus tard, cet échec s’est transformé en force, et donc a peu de chance de nuire aux Bleus d’aujourd’hui. Au contraire, c’est plutôt la double confrontation en Ligue des nations à l’automne dernier qui devrait trotter dans les caboches. Et là aussi, le ressenti reste globalement positif. En effet, le dernier match à Lisbonne, arraché sur un but de N’Golo Kanté, sert encore de référence en matière de jeu et d’état d’esprit, et sera forcément utilisé comme une base pour le staff français, mais aussi lusitanien. « Ce sera une autre histoire demain, mais les forces du Portugal seront les mêmes », juge Deschamps. Et puis cette fois, la seule chose que doit être en train de siroter Éder ne sont pas les rêves français, mais plutôt un jus de mangue bien frais au bord d’une plage.


Faut-il à tout prix attraper la première place ?

C’est depuis l’hôtel Marriott de Budapest que les Tricolores ont appris lundi soir leur qualification en huitièmes de finale de l’Euro. Quoi qu’il arrive, ils sont assurés de figurer, avec quatre points au compteur, parmi les meilleurs troisièmes. Battre la Selecção — et donc finir en tête du groupe F — offrirait au prochain tour un match à Bucarest contre la Suisse, nation contre laquelle la France n’a jamais perdu en compétition officielle et n’a jamais perdu tout court depuis 29 ans, ou contre l’Ukraine, à qui on a collé un 7-1 en 2020 (malgré un effectif décimé par la Covid) et qui reste le premier moment fort de l’ère Deschamps avec ce 3-0 au Stade de France en novembre 2013.

Sur le papier, cela ressemble donc à une formalité pour une équipe ayant l’ambition de soulever le trophée. Sauf que ces deux formations ont régulièrement posé des problèmes aux Bleus, avec souvent de belles purges à la clé. On commence à connaître la bande à DD, et il s’avère qu’elle n’est jamais autant en galère que contre des blocs bas et jamais aussi enthousiasmante que lorsqu’elle est confrontée à de gros poissons. Il suffit de comparer les prestations contre l’Allemagne et la Hongrie. « Quelle que soit notre place, si on veut aller au bout, il y aura d’autres défis si on veut aller au bout », résumait Hugo Lloris. Alors envoyez tout de suite la Belgique, les Pays-Bas (potentiels adversaires en cas de 3e place) ou l’Angleterre à Wembley (si 2e), qu’on soit tout de suite fixé !


Et si Jules Koundé prenait Benjamin Pavard à son propre jeu ?

Didier Deschamps l’a assuré ce mardi : « Même avec six points avant ce match, j’aurais eu la même réflexion, parce qu’un résultat négatif aurait quand même eu une incidence sur notre classement. » Soyez en sûr, DD y va pour gagner et alignera l’équipe qui lui semble la plus performante. Ce qui n’exclut pas pour autant quelques changements. Déjà, Lucas Hernandez retrouvera le couloir qu’il a prêté à Lucas Digne contre la Hongrie, et Corentin Tolisso pourrait mettre Adrien Rabiot sur la touche. Mais surtout, la présence de Pavard sur le côté droit n’est en rien assurée. Bousculé dans tous les sens depuis le début de la compétition, le Munichois doit reprendre ses esprits. Et puisque Léo Dubois ne semble pas être sa doublure toute désignée, ce serait le « Koundé Time ».

Comme le Nordiste, le Girondin est défenseur central de formation. Comme son aîné, il a marqué des points dans les derniers instants avant sa première grande compétition (Ben n’avait que six capes dans les pattes avant d’atterrir en Russie, Jules une face au pays de Galles). Et comme Pavard encore, il a la carrure pour dépanner sur un poste considéré comme le moins fourni en équipe de France. Contre le Portugal, le Sévillan pourrait soulager Varane à la relance et être utile pour contenir Diogo Jota. Son assurance défensive permettrait aussi à l’offensif devant lui (Griezmann ou Coman selon le système choisi) d’attaquer sans pression, et de compenser les montées de Hernandez à l’opposé. Et puis demandez aux Rennais s’il ne sait pas envoyer des demi-volées au second poteau lui aussi… Le risque dans tout ça ? Apercevoir d’ici trois ans Benjamin Pavard sur un plateau télé dans un costume cintré, comme son prédécesseur Christophe Jallet avant lui.


Au fait, ça donne quoi Cristiano Ronaldo contre les Bleus ?

Une chose est sûre, CR7 n’égalera pas le records de 109 buts de l’Iranien Ali Daei ce mercredi contre la France. Pas plus qu’il n’empilera un 108e pion pour sa 178e sélection. Tout simplement parce que le coco n’a jamais réussi à marquer contre les Bleus en six rencontres. Pour autant, les joueurs français n’ont pas manqué de le caresser dans le sens du poil, comme Lucas Digne qui saluait « sa longévité extraordinaire ». Preuve qu’ils devront rester absolument sur leurs gardes, et ce, pour deux raisons : l’actuel Juventino a déjà fait plier Hugo Lloris à cinq reprises en Ligue des champions, mais surtout, il vient toujours juste de briser une autre malédiction. Après être resté muet lors de ses quatre confrontations avec l’Allemagne, le capitaine portugais a enfin débloqué son compteur lors de la dernière journée en ouvrant le score. Ceci dit, ça n’avait pas empêché la Nationalmannschaft d’étriller les hommes de Fernando Santos…

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