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L’encombrant David Luiz

Par Markus Kaufmann
L’encombrant David Luiz

Habile des deux pieds, puissant et parfois même dévastateur, rapide et même imposant dans les airs : David Luiz a des qualités. Chelsea a peut-être fait une belle affaire en récupérant quelques dizaines de millions d'euros de trop cet été, mais le joueur brésilien reste un bon footballeur. Pas forcément un grand défenseur, ni un grand milieu, mais un bon footballeur au jeu un peu excentrique. Seulement, aux côtés de Thiago Silva, ça ne marche pas. Si ça pourrait peut-être marcher, ça ne marchera probablement jamais. Alors, comment Laurent Blanc peut-il faire pour profiter des qualités de David Luiz ?

David Luiz donne des impressions contradictoires. D’un côté, ses montées excentriques et ses cheveux exotiques font croire à un relâchement permanent, une volonté paradoxale de jouer à tout prix un football de libertin dans des clubs possédés par un Russe et un Qatari. D’un autre côté, sa maîtrise des deux pieds et sa puissance athlétique laissent percevoir, ou plutôt ressentir, une sorte d’équilibre permanent. Balle au pied, David Luiz donne une certaine forme d’assurance. Ce n’est ni la sérénité de Thiago Silva ni la prétention de Sergio Ramos, mais cela suffit pour semer les attaquants adverses se présentant au pressing. David Luiz sait résister à la pression quand tout le monde regarde.

Évidemment, dans sa surface, il arrive de le voir mettre un but contre son camp. Et le stade sait aussi se fâcher lorsque l’un de ses longs ballons finit par ne jamais retomber. Mais non, le problème du Brésilien intervient plutôt là où personne ne voit, là où personne ne regarde. Un demi-mètre de retard qui aboutit sur un duel abandonné, une lecture du jeu trop gourmande, un instant de déconcentration. Pour résumer la densité du paradoxe, David Luiz restera pour toujours le capitaine de sa sélection lors de la tragédie brésilienne contre l’Allemagne (1-7), mais aussi un membre de l’équipe type de la Coupe du monde 2014. En somme, il s’agit de tout le contraire d’Alex, sa force sobre, ses limites connues et ses qualités rarement décevantes.

Thiago Silva et David Luiz, non complémentaires ?

En remplaçant Alex par David Luiz, la direction du PSG a changé la fonction de son capitaine Thiago Silva. Évidemment, David Luiz n’est pas le seul responsable des performances défensives du PSG, et encore moins de celles de Thiago Silva, qui a montré un léger mieux face à un Ntep pas à son poste et le fantôme de Toivonen ensuite. Mais l’équilibre défensif a été perturbé par son arrivée, et six mois n’ont pas suffi pour en trouver un nouveau. S’il n’est pas démontrable que Thiago Silva et David Luiz sont incompatibles, il se trouve qu’ils ne sont pas complémentaires. Ces dernières saisons, le chiffre maximal de duels aériens gagnés par match par Thiago Silva était de 2,5 (2013/14 avec Alex). Cela tombe à 2,1 la saison précédente, et 1,6 à Milan aux côtés de Yepes ou Mexès. Or, cette saison avec David Luiz, O Monstro est plus exposé et forcé à remporter 3,8 duels aériens par match. D’une part, cela démontre que la phase défensive parisienne dans son ensemble souffre beaucoup.

D’autre part, cela traduit un autre malaise : aux côtés de David Luiz, Thiago Silva ne défend pas comme il devrait le faire, ou du moins comme il a été habitué à le faire. Protégé par Alex, Thiago Silva était un commandant à cheval au milieu d’un champ de bataille de fantassins. Il n’était jamais le défenseur exposé aux duels aériens : son rôle était de couvrir, relancer, perforer, réduire les espaces et guider. Trop rapide et trop bon pour se salir les pieds. Il faisait ce que Varane fait quand il joue à droite de Ramos : passer le balai. En défense, les opposés s’attirent : le virevoltant Lúcio et le terre-à-terre Samuel, Piqué et Puyol, Nesta et Cannavaro… Mais cette saison, l’arrivée de David Luiz a flouté la répartition des rôles. Malgré son 1m89 – contre 1m83 pour Thiago Silva – David Luiz remporte moins de duels aériens que son partenaire : seulement 2,3 par match. Moins que Mathieu Bodmer (3,5), même moins que Dimitar Berbatov (2,6). La saison dernière, Jamie Carragher avait analysé ainsi le style défensif de David Luiz : « À titre personnel, je n’aimerais pas jouer à ses côtés en défense. Tu ne peux jamais savoir ce que va faire David Luiz quand il prend ses décisions alors qu’une défense, ça doit être une équipe à l’intérieur de l’équipe. »

Par ailleurs, le jeu aux pieds de David Luiz a aussi déséquilibré la relance parisienne. Avant, Thiago Silva était le roi aux pieds de soie de la dernière ligne : 17 passes de plus par match qu’Alex, et 70% des longs ballons joués depuis la défense. Cette année, l’encombrant David Luiz prend trop de place : 64 passes par match, 4,3 longs ballons (70 et 5,8 pour Thiago Silva). D’où moins de hiérarchie, d’ordre et de sérénité. En clair, le PSG joue avec un Thiago Silva mal à l’aise et un wannabe Thiago Silva. Et s’il fallait une preuve de plus pour démontrer le caractère fictionnel de la fonctionnalité de cette paire, la FIFA l’a nommée dans le onze de l’année 2014.

L’histoire originale d’un défenseur qu’on veut loin de ses cages

La bonne nouvelle pour les Parisiens, c’est que Laurent Blanc compte dans son effectif un autre défenseur central, qui a coûté cinq Alex, et qui offre à Thiago Silva de l’espace, de la marge de manœuvre et du sacrifice : Marquinhos. À la Roma, le Brésilien était bien l’homme des duels, devant Burdisso ou Castán. À partir de quand aura-t-il du temps de jeu avec continuité ? En attendant, l’histoire originale de David Luiz est celle d’un défenseur qu’on ne veut pas en défense. Le premier réflexe est donc de penser comme Di Matteo, Benítez et Mourinho avant nous : l’éloigner des cages. Après tout, il a été formé comme un milieu défensif, et a même exercé devant la défense de Benfica. La saison dernière, José Mourinho l’avait ponctuellement utilisé en numéro 6 protecteur, notamment contre Liverpool, les deux Manchester et lors de la victoire spectaculaire contre Arsenal (6-0).

Au milieu, il ne s’agissait pas d’accompagner les manœuvres offensives londoniennes, à la Toni Kroos, mais plutôt de les pousser le plus loin possible, par son jeu long et sa capacité à arrêter les contre-attaques adverses. Contre le PSG en C1, la recette fut excellente. Mais à Paris, entre Verratti, Matuidi, Motta, Cabaye et Pastore, pas sûr que le Brésilien soit vraiment une valeur ajoutée. En fait, l’option du milieu de terrain serait à envisager ponctuellement dans un contexte d’urgence offensive : David Luiz en bouclier pour permettre à Verratti, Pastore et Lucas de monter d’un cran dans une situation in extremis. Là, il pourrait prendre la place de Cabaye, voire de Motta en fonction du contexte. Mais dans un projet de jeu à long terme où Marco Verratti devrait être les pieds pensants de ce PSG, David Luiz ne s’éternisera pas au milieu. La saison dernière, à l’aller au Parc contre Paris, c’est bien lui qui perd le ballon qui mène au premier but parisien.

Le poste parfait, mais impossible ?

Mais David Luiz n’est pas le premier défenseur central aux pieds excentriques. D’ailleurs, il existe un poste de défenseur qui exige un esprit d’aventurier. Un poste où le défenseur gère des un-contre-un tout en étant couvert par une sorte de libéro moderne. Un poste où le défenseur touche aussi beaucoup de ballons et participe partiellement à la manœuvre (sur son côté). Non, David Luiz n’est pas un latéral idéal : il s’agit plutôt du poste de défenseur central excentré d’une ligne de trois. Un exemple est Giorgio Chiellini sous Antonio Conte. Un autre est Hugo Campagnaro, loin d’être un défenseur de classe mondiale, mais expert du rôle sous Mazzarri (Samp, Napoli, Inter). Un poste où Ogbonna et Ranocchia se sont longtemps permis des maladresses sans se faire punir. Dans un système de défense à trois, David Luiz serait couvert par Thiago Silva, jouerait à la hauteur de son poste de milieu à Chelsea et aurait une sorte d’étroit couloir pour monter et apporter le surnombre en attaque. Mais le passage à un tel schéma tactique est hautement improbable à Paris. Si improbable que David Luiz ferait bien d’espérer une situation in extremis. Contre Chelsea par exemple.

Par Markus Kaufmann

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