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Le roi des Deux-Siciles

Par Valentin Pauluzzi
Le roi des Deux-Siciles

À 41 ans, Giorgio Corona affole encore les compteurs avec le club de Messine en 3e division italienne. Plus qu'un joueur, c'est un emblème du Sud de l'Italie, qu'il a parcouru de long en large.

« C’était un match de terza categoria, on perdait 1-0. À ce moment-là, je retrousse les jambes de mon short, on a gagné 5-1 et j’ai inscrit trois buts. Depuis, je le refais régulièrement et ça fonctionne presque toujours. » En bon méridional, Giorgio Corona est un homme très superstitieux. C’est d’ailleurs ce petit rituel qui l’a fait connaître à l’Italie entière il y a quelques années. Le Sicilien avait déjà la trentaine. Il en a maintenant 41, et il les porte très bien. En effet, Re Giorgio ( « corona » signifiant couronne dans la langue de Silvio) a encore disputé 33 matchs avec Messine cette saison. Surtout, il a inscrit pas moins de 12 buts. Pour le moment, cela ne suffit pas à maintenir le club sicilien en Lega Pro qui devra en passer par les play-offs pour ne pas descendre. La présence de son goleador est évidemment indispensable.

On dirait le Sud

« Tout a commencé en 1996 lors d’un amical entre Palerme et mon équipe de Cinisi qui évoluait en Promozione (7e division, ndlr) et j’ai marqué. Du coup, je suis parti à l’essai pendant trois mois à Palerme qui était alors en Serie B. Je m’entraînais avec eux toute la semaine, et le dimanche, je jouais avec Cinisi. » Giorgio a déjà 22 ans et n’imagine pas encore qu’il va vivre du foot puisqu’il travaille dans les restos palermitains en tant que serveur. Ce petit stage dans le chef-lieu de Sicile va être le tournant de sa carrière. À la fin de la saison, Corona signe à Milazzo, club sicilien de Serie D. Son tour du Sud de l’Italie peut alors débuter : la Sicile avec Messine et Catane, la Calabre avec Catanzaro et Taranto, la Campanie à Giugliano et à la Juve Stabia, sans oublier les Pouilles du côté de Tricase et Brindisi. Un peu plus haut, le Molise et Campobasso. « Ça a été voulu, car je suis très lié au Sud de l’Italie. Il y a eu une parenthèse à Pescara et deux ans à Mantova où ça s’est d’ailleurs bien passé. Mais je suis un méridional, j’aime bien les paris et affronter les difficultés au jour le jour. » Son style est d’ailleurs presque caricatural avec ses cheveux longs et son regard menaçant : « Paraît que je suis antipathique, mais c’est juste que je n’ai confiance qu’en très peu de personnes » . Le Sicilien vrai.

La Serie A à 32 ans

En plus de 20 ans de carrière, Giorgio peut se vanter d’un curieux record : « J’ai joué dans toutes les catégories sauf en Eccellenza » . Sachant qu’il y a dix niveaux en Italie, peu importe la région : Serie A, B, C1, C2 (cette dernière a disparu l’an passé), D, Eccellenza, Promozione, 1a, 2a et 3a categoria. On n’était pas loin du grand chelem. L’élite, il y arrive à 32 ans avec Catane : « Premier match à Cagliari, on gagne 1-0 et je marque le but de la victoire. Il m’était arrivé la même chose lors de mes débuts en Serie C1 et B avec Catanzaro » . Des regrets d’y être arrivé si tard ? « Disons que j’ai vu que j’avais le niveau pour y évoluer, mais bon, je ne peux pas me permettre d’avoir des regrets. J’exerce le plus beau métier du monde, c’est le rêve de tous les gamins d’être footballeur. Quand je pense aux personnes qui gagnent 500 € par mois en bossant comme des dingues, je ne peux pas tenir certains discours. » Des paroles qui sonneraient faux dans la bouche de n’importe quel footballeur, mais pas la sienne. Corona garde d’ailleurs un souvenir particulier de ce baptême du feu en Serie A : « Après la première journée, Palerme, Catane et Messine étaient tous les trois en tête ! Je peux vous dire qu’en tant que Sicilien, c’était une fierté. C’était une très belle chose qui allait bien au-delà des rivalités, car on connaît les problèmes que l’on a dans le Sud, au niveau du travail et des infrastructures » .

Giorgio l’infaillible

Le Palermitain inscrit en tout 7 buts dont 5 lors des 10 premières journées : « On a même parlé de moi en équipe d’Italie, mais c’est surtout parce que toute l’équipe tournait bien » . 7 buts, c’est d’ailleurs le minimum syndical pour une saison de Corona, hormis lors de son premier passage à Messine il y a 16 ans (3 petits buts) : « C’est vrai que je me suis rarement planté, à part peut-être à Mantova la première année où on attendait plus de moi » . Cela fait un total de 223 réalisations en 576 matchs de championnat depuis son expérience à Milazzo, sur les terrains cabossés, mais où les tifosi répondent présent : « Dans le Sud, peu importe la division, les stades sont pleins, et encore plus avant. Bon, le revers de la médaille, c’est qu’ils donnent, mais demandent beaucoup. Dès que les choses vont mal, ça conteste. C’est un peu le problème ici. D’abord le foot, le reste après » . En 2011, alors qu’il vient de monter en Serie B avec la Juve Stabia, Giorgio décide de redescendre à Messine alors en Serie D. L’an dernier, le club remonte enfin chez les pros, et ensuite ? « Ce sera un parcours long et difficile pour ramener le club là où il le mérite. Sauvons-nous d’abord, et après, on pensera à programmer l’avenir. »

Un dernier record à battre

En attendant, il a détrôné le mythique Silvio Piola comme plus vieil attaquant à avoir inscrit un but dans les championnats professionnels italiens : « Je ne le savais pas, ce sont les journalistes qui me l’ont appris en octobre contre Lecce » . Tous postes confondus, il a alors encore trois joueurs devant lui : « J’en ai déjà passé deux, Brevi et Costacurta. Il ne reste que Massimo Carrera. Cela signifierait jouer une année de plus. Je ne vais pas mentir, ça me ferait plaisir, mais je n’arrive pas à me projeter plus loin que le maintien du club » . L’ex-défenseur de la Juventus a marqué à l’âge de 41 ans et 10 mois avec la Pro Vercelli, à l’époque en Serie C2. Rendez-vous donc en avril 2016 pour le sacre définitif de Re Giorgio.

Par Valentin Pauluzzi

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