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Le patient Cazorla

Par Maxime Brigand
Le patient Cazorla

Largué à treize points de Chelsea au moment d’aborder le sprint final, Arsenal se déplace samedi à Liverpool avec l’ambition d’enfin gratter quelques points à l’un de ses concurrents directs. Reste que si les dernières semaines ont été marquées par les nombreux débats autour de l’avenir d’Arsène Wenger, les Gunners avaient abdiqué dans la course au titre depuis plusieurs mois et la perte de leur moteur principal : Santi Cazorla.

La dernière image de Santi Cazorla cette saison aura donc été celle-ci. Un visage qui grimace. La même grimace que quelques mois plus tôt, celle d’un homme qui souffre. Il fait nuit sur Londres, c’est un soir de fête à l’Emirates Stadium. De cette soirée ressortira un sentiment connu de toutes les personnes présentes : Arsenal semble irrésistible. Trop habitué à voir son groupe être encensé avant d’être décapité sur la place publique, Arsène Wenger souffle le calme : « N’allons pas trop vite. Nous avons une équipe solide et un état d’esprit affirmé, mais nous devons faire attention à garder les pieds sur terre. » Les Gunners viennent alors de balayer le Ludogorets Razgrad (6-0) grâce notamment à l’intermittent Mesut Özil, auteur d’un triplé et d’une passe décisive. C’était le 19 octobre dernier. Un soir où la saison d’Arsenal a basculé sans en prendre conscience sur l’instant. En quelques secondes. Peu avant l’heure de jeu, Santi Cazorla prend un sale coup sur la cheville et est remplacé par Mohamed Elneny. Peu avant l’heure de jeu, l’international espagnol vient de mettre un terme à sa saison. Le premier jour, Cazorla devait revenir début novembre pour un déplacement à Old Trafford. Puis, le staff médical des Gunners a décidé d’une opération en Suède en décembre, soit trois mois d’arrêt. Et, Arsène Wenger a envoyé un coup de latte dans le flou la semaine passée : personne ne reverra Santi Cazorla sur un terrain cette saison. Sur les ondes de Onda Cero, le patient a alors parlé : « Tout allait bien jusqu’à ce que je commence à faire quelques exercices sur le vélo et les points de suture ont cédé. J’ai dû faire une opération mineure pour fermer la cicatrice. J’ai eu un greffon fait il y a un mois et demi parce que la peau sur ma cheville était pratiquement morte et rien ne s’est vraiment arrangé depuis mon opération en Suède. » Troisième chute en deux ans, troisième uppercut.

La pierre angulaire et l’équilibre

À quoi se joue un titre ? Pas à des détails, mais à un ensemble composé de régularité, d’événements favorables, d’homogénéité, de caractère et d’absence de blessures. Si Leicester a été champion l’an passé, c’est pour toutes ces choses-là. Si les Foxes ont tout perdu cette saison, c’est aussi pour tout ça. Interrogé la semaine dernière sur la situation du champion en titre, Teddy Sheringham a conseillé aux orphelins de Ranieri d’aller « se mettre une cuite ensemble et de se friter si besoin » . Histoire de souder le groupe, mais aussi de voir qui peut poser ses tripes sur la table lorsqu’il faut reconstruire le puzzle. L’été dernier, David Wagner, le coach germano-américain d’Huddersfield Town (Championship), avait emmené ses joueurs en Suède pendant quatre jours sans électricité, sans téléphone, sans ballon, livrés à eux-mêmes pour apprendre à s’en sortir ensemble. Une aventure sportive – et collective – se joue aussi avec ce que le sport a toujours appelé des meneurs d’hommes. Voilà de quoi a été amputé principalement Arsenal cette saison, et ce, dès le mois d’octobre. Santi Cazorla n’est pas forcément un aboyeur, mais est la pierre angulaire – technique et tactique – du milieu des Gunners depuis son arrivée à Londres en août 2012. Sans lui, l’équipée de Wenger perd de l’équilibre. Avec lui, elle retrouve une certaine idée de l’énergie, de la vie, des lignes cassées et des espaces ouverts. Sans Cazorla, Mesut n’est plus totalement Özil et Alexis Sánchez est bien souvent résumé à un rôle de délégué syndical ayant pour rôle de faire régner l’honneur de la maison. En bref, Arsenal n’est plus totalement l’Arsenal qu’il devrait être avec Cazorla. La saison dernière, où l’international espagnol avait manqué plus de 50% des matchs de championnat malgré les promesses offertes par son cocktail fabriqué avec Francis Coquelin, l’avait déjà prouvé.

Putain de grimace

Tout cela n’est pas un secret. Si le Real a dragué lourdement Cazorla à plusieurs reprises, s’il a remporté deux championnats d’Europe avec l’Espagne (2008 et 2012), s’il compte 77 sélections avec la Roja, c’est avant tout car Santi n’est pas comme les autres. Le petit format de Llanera est un membre du cercle privé des sous-cotés, de ces hommes qui souhaitent allumer la lumière plutôt que de la braquer sur eux. Les chiffres parlent pour lui, c’est suffisant, et son coach le fait aussi parfois, comme lorsque Wenger expliquait il y a quelques jours sa douleur d’avoir perdu « la véritable star de son début de saison » il y a maintenant presque cinq mois. Sur cette perte, Arsenal avait probablement déjà perdu le titre et Cazorla savait déjà qu’une nouvelle saison blanche allait l’attendre. Le football est cruel, même quand on a trente-deux ans et qu’on entame sa treizième saison professionnelle. La force d’un joueur peut parfois se mesurer dans son absence, mais aussi dans sa faculté à changer le visage d’une équipe lorsqu’il revient. Avec Cazorla, Arsenal est une équipe différente. Cette saison, lorsque l’Espagnol a été titulaire – dix fois –, les Gunners n’ont pas perdu (8 victoires, 2 nuls). Mieux, sur les cinq dernières années, la bande à Wenger n’a battu un gros (Tottenham, Liverpool, Chelsea, City et United) qu’à une seule reprise sans son garant de l’équilibre. Un titre se joue aussi à ça. Une fin de carrière aussi. Et il faut réapprendre à être patient, histoire de ne pas rester sur cette putain de grimace.

Jorge Robledo, l’ancêtre d’Alexis Sánchez
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Par Maxime Brigand

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