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  • Coupe de France
  • 7e tour
  • FC Versailles-AS Dragon (2-0)

Le match que vous n’avez pas regardé : FC Versailles-AS Dragon

Par Julien Duez, à Versailles
Le match que vous n’avez pas regardé : FC Versailles-AS Dragon

Un déplacement de 16 000 kilomètres, un choc thermique, un speaker au poil, deux figures de la Ligue 1, de très jeunes ultras et un bel après-midi de football romantique. Tout ça, c’était le septième tour de la Coupe de France entre le FC Versailles et l’AS Dragon et c’est le match que vous n’avez pas regardé.

FC Versailles 2-0 AS Dragon

Buts : Chalali (8e) et Akassou (42e) pour Versailles.

C’est beau Versailles, le dimanche. Surtout quand le soleil brille et que les rues sont vides. À peine débarqué de la gare, le visiteur traverse des artères aux noms évocateurs de l’histoire de France : rue des États généraux, rue de l’Assemblée nationale… jusqu’à tomber sur l’avenue de Paris, laquelle mène à deux trésors nationaux : le château de Versailles et la Coupe de France, dont le septième tour se joue sur une butte avoisinante, au stade Montbauron. Pour se mettre dans l’ambiance, rien de tel qu’un passage au bar le plus proche, qui propose au chaland son cocktail-signature : l’éthylotest. Un mix de rhum et de blue curaçao, mélangé à une bouteille d’Orangina et qui change de couleur au fur et à mesure de la dégustation. Parfait pour se réchauffer avant de s’engouffrer dans le froid polaire que s’apprêtent à subir les Tahitiens de l’AS Dragon, après une semaine d’acclimatation sur les terres de Clairefontaine.

Le match des légendes

Au coup d’envoi, il n’y a pas foule. 400 âmes à peine ont franchi les grilles de l’enceinte versaillaise pour assister à la plus belle des compétitions. Pourtant, le déplacement en vaut la chandelle. Surtout pour les nostalgiques de joueurs romantiques du championnat de France. Imaginez donc ! C’est Charles Itandje – arrivé au mercato d’été – qui garde les perches du FC Versailles, tandis que les visiteurs ont emmené le pagayeur Marama Vahirua dans leurs valises. Aujourd’hui président-joueur de l’AS Dragon, l’ancien Nantais est revenu en métropole pour « boucler la boucle » : « Il y a 21 ans, je jouais mon premier match de Coupe de France avec l’AS Pirae. C’était à Saint-Priest (défaite 3-2, N.D.L.R.) et j’y ai inscrit le but le plus le rapide de l’histoire de la compétition : dix secondes ! » , se souvient le natif de Papeete, ravi de retrouver l’Hexagone : « Pour certains, c’est la première fois en métropole. On a eu le temps de visiter un peu Paris, la tour Eiffel, les Champs-Élysées, mais pas le château de Versailles. Je suis dégoûté, c’était quand même juste à côté ! »

Dans sa cabine, le speaker sent le stress monter : « J’ai réécrit le nom des joueurs tahitiens en phonétique, j’espère que je ne vais pas faire d’erreur au moment de lire la compo ! » Ce qui fait rire Jean-Pierre, entraîneur des gardiens de l’école de foot, au FC Versailles depuis 25 ans. « Notre plus grand fait d’armes, c’est quand on a éliminé le Dijon d’Éric Carrière en 32es en 2009, à une époque où les clubs-hôtes fournissaient les ballons. Ils ont râlé, ça leur a changé de jouer avec les pierres qu’on utilisait en DSR ! » Dix ans plus tard, les Versaillais trustent les premières places de leur groupe de National 3, mais peinent à rassembler plus de 200 spectateurs par rencontre. « Et pourtant, il n’y a pas que Charles Itandje, poursuit Jean-Pierre, on est un club qui a vu passer pas mal de jeunes talents pendant leurs années à Clairefontaine : Thierry Henry, Hatem Ben Arfa, Jérôme Rothen… » Bref, une voie aussi royale que l’histoire de la ville pour démarrer ou terminer sa carrière.

Tahiti se prend un savon

À l’annonce des compos, le speaker ne tremble pas. C’est un sans-faute. En tout cas, d’après Axel, Tahitien de naissance, venu en famille de Sens, où il réside depuis six ans pour suivre sa femme, laquelle évolue avec l’équipe locale de volley, pensionnaire de deuxième division. « Sens et le volley, c’est comme l’AJA avec le foot, explique le Bourguignon d’adoption, fervent supporter des Dragons. C’est le club de mon quartier à Tahiti, ma famille habite à 300 mètres du stade. » À l’écouter, les Tahitiens seraient nombreux en métropole. « Surtout des étudiants, précise-t-il. Malheureusement aujourd’hui, on n’est pas beaucoup, il y en a beaucoup qui se sont découragés à cause des gilets jaunes qui bloquent les routes… » Effectivement, dans les gradins, on dénombre une vingtaine de voix encourageants les Polynésiens. Le reste du stade, à travers un kop formé par les jeunes du club, est acquis à la cause locale. Tout le répertoire des chants de tribunes y passe, dont un « Aux armes, nous sommes les Versaillais » qui aurait bien fait rigoler les Révolutionnaires de 1789.

Et ça marche ! Versailles ouvre la marque dès l’entame de la partie grâce à Mohamed Chalali qui profite d’un cafouillage défensif, répété en toute fin de première période, ce qui permet à Johanne Akassou de faire le break juste avant la pause. Pour les Tahitiens, c’est une douche d’autant plus froide qu’ils opéraient une valeureuse résistance aux assauts de leurs adversaires. Malheureusement sans parvenir à concrétiser leurs quelques contre-attaques. En deuxième période, Charles Itandje est contraint de sortir à cause d’une petite gêne, apparemment musculaire. Dommage, le duel tant espéré avec Marama Vahirua n’aura pas lieu. Lorsque le vétéran entre sur la pelouse à dix minutes de la fin, la messe est déjà dite, mais il manque malgré tout de sauver l’honneur sur un magnifique coup franc à vingt mètres, qui échoue hélas sur le poteau. « Si c’était Charles dans les cages, je l’aurais mis direct ! » , se marre-t-il après la rencontre.

Compétiteur dans l’âme, Vahirua se dit forcément déçu du résultat, mais tempère cependant son amertume : « On est partis de Tahiti en pleine saison chaude, notre premier adversaire aujourd’hui, c’était le froid. De plus, l’effectif est en pleine reconstruction, la moyenne d’âge est de 22-23 ans. Moi je la rehaussais, mais c’est terminé maintenant. J’ai joué dix minutes et je suis cramé ! Ce sera à eux d’aller chercher notre objectif : remporter le championnat et nous qualifier pour la Ligue des champions. » Quant aux Versaillais, ils peuvent être fiers de leur prestation : la victoire est méritée et l’accueil était royal.


FC Versailles (4-3-3) : Itandje – Sebastiao, Viard, Martalla, Mendy – Bouyer, Akassou, Adel – Maljon, Chalali, Bertak. Entraîneur : Youssef Chibhi.

AS Dragon (4-3-3) : Tetauira – Tiniau, Tehaamoana, Vakoume, Snow – Tetauira, Tenau, Hnyanine – Gendron, Tahoha, Tze-Yu. Entraîneur : Timiona Ah Sen.

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Par Julien Duez, à Versailles

Propos recueillis par JD.
Photos : JD.

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