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Le marché aux pousses

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Le marché aux pousses

Pas trop de folies outre-Rhin du côté des transferts : hormis le Bayern qui achète à tout va en vue de récupérer son bien et le Borussia Dortmund qui laisse filer son meilleur joueur au Real Madrid, pratiquement tous les clubs de Bundesliga ont acheté en fonction de ce qu'ils ont vendu. Et quitte à mettre de l'argent, autant l'investir dans les jeunes. Une certaine idée du futur.

A eux tous, les dix-huit clubs de 1.Bundesliga ont dépensé près de 154 millions d’euros cet été. Soit 60 millions de moins que la saison précédente. C’est peu, comparé aux championnats anglais (557 millions dépensés), espagnol (510,5 millions) et italien (355 millions), et un peu moins que la Ligue 1 (194 millions). Néanmoins, outre-Rhin, le mot d’ordre est le suivant : on ne lâche que la tune que l’on possède déjà. Un raisonnement logique, en accord avec la loi du 50+1 qui règne en Allemagne. Qu’est-ce que c’est que cette loi ? Pour faire simple, si un investisseur étranger se pointe, il ne peut prendre le contrôle que de 49% du club, le reste (50+1%, donc) appartenant de facto à la maison-mère. Exemples de base : au sein de la SA Bayern Munich, le club bavarois a 81,8% du pouvoir de décision ; le reste, c’est Audi et Adidas qui se le partagent (9,1% chacun). La SARL Hoffenheim, elle, est détenue à 51% par le club ; Dietmar Hopp a beau avoir fourni 96% du capital, le mécène ne possède que 49% du pouvoir de décision. Si ça, c’est pas faire preuve de philanthropisme… De même à Munich 1860 ; l’investisseur syrien Hasan Ismaik n’a pu prendre que 49% du contrôle du club, même s’il possède 60% du capital, sauvant par là le club de la faillite. Tout est donc fait pour que les entreprises allemandes restent allemandes.

Conséquence : si les clubs allemands ne peuvent se voir rachetés par des Américains, des Russes, voire des Qataris, forcément, ils ont moins de chances de rameuter des stars en Bundesliga. A l’heure actuelle, seul le grand Bayern peut se permettre de claquer de la tune à tout va : cet été, Neuer, Boateng, Rafinha et consorts ont débarqué à la Säbener Strasse, le tout pour 44 millions. Le prix à payer pour récupérer “son” Meisterschale, sans doute.

Cure de jouvence

Qu’en est-il des autres ? Outre les recrues du Bayern, aucun achat ne dépasse les 10 millions d’euros. Seules les transactions pour les internationaux Christian Träsch (de Stuttgart à Wolfsburg, 9 millions) et André Schürrle (de Mayence à Leverkusen, 8 millions) se rapprochent de ce fameux seuil. En gros, on investit uniquement dans ce que l’on connaît. A la différence du Bayern, ces équipes ont dépensé à la hauteur de leurs moyens : le Bayer a pris Schürrle parce qu’il savait qu’il allait lâcher Vidal. Mayence a pu recruter pour une dizaine de millions d’euros parce qu’il savait qu’il allait lâcher Schürrle. Le Borussia Dortmund a laissé Nuri Sahin partir au Real Madrid pour 10 millions d’euros ; une somme réinvestie entre autres pour Ilkay Gündogan (4 millions) et Ivan Perisic (5 millions). Wolfsburg est une exception : l’achat de Träsch a été voulu par Felix Magath en personne, le manager du club ; quand on a un coach qui vous a mené au titre de manière inespérée il y a deux ans, on ne peut rien lui refuser. Et puis, quand la maison-mère, c’est Volkswagen, l’argent, c’est pas un problème. De manière générale, seulement sept clubs sur dix-huit ont fini dans le rouge au 31 août. L’ensemble de l’élite ayant vendu pour 137 millions, la Bundesliga n’a « perdu » que 16 millions d’euros. Loin des 41 millions de la Ligue 1, des 55 millions de la Liga, des 72 millions de la Serie A, mais surtout très loin des 214 millions de la Premier League.

Puisque la tune manque pour ramener de grands joueurs, autant en créer. Le processus de Nachwuchsarbeit (travail sur la formation) mis en place il y a une dizaine d’années commence à porter ses fruits. Quelque part, il était peut-être temps de s’intéresser aux jeunes outre-Rhin, quand on sait que la fédé allemande (DFB), est la plus grande du monde, avec près de sept millions de licenciés. Il y a donc forcément quelques jeunes qui en valent le coup. Cela s’est vu au niveau international : la Mannschaft a été rajeunie. Lahm, Schweinsteiger et Podolski ont été les porte-drapeaux des gosses en 2006, sous Klinsmann. Quatre ans plus tard, en Afrique du Sud, plus de la moitié des joueurs a moins de 25 ans. Une tendance également suivie en club, accentuée par le succès de Dortmund et de sa bande de gosses (Hummels, Subotic, Schmelzer, Bender, Grosskreutz, Götze…). Cette année, à l’exception du FC Augsburg (compréhensible pour une équipe qui souhaite se maintenir, pour sa première saison dans l’élite), tous les clubs ont rajeuni leur effectif. Conséquence : la 1.Bundesliga est le championnat le plus jeune d’Europe, avec des effectifs allant de 23,6 ans de moyenne (Hoffenheim), à 26,6 ans (VfL Wolfsburg). Les joueurs qui viennent de l’étranger sont encore tendres ; aux entraîneurs de parfaire leur formation. Ce qui semble-t-il ne sera pas un problème. Comme le dit si bien la pub pour Opel, si l’on reconnaît une qualité aux Teutons, c’est la fiabilité : deutsche Zuverlässigkeit.

Ali Farhat

Dans cet article :
William Saliba défend la « Farmers League »
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