Le Club : « Benzema, ça rime avec quoi ? »

Quel est votre rapport au football ? La Kanaï : Quand on était petits, on faisait tous du foot. Avec Tayz, on a grandi ensemble à Montreuil. On se connaît depuis qu’on a trois ans, depuis la maternelle. On est restés ensemble à l’école jusqu’en troisième. On ne s’est jamais perdus de vue. Moi, je jouais en club, au Red Star de Montreuil, puis je suis allé dans l’équipe de Romainville. J’étais défenseur central, après je suis passé milieu défensif, puis attaquant. J’ai monté les grades, quoi.Tayz : Je n’ai jamais joué en club, mais je jouais au foot tous les jours quand j’étais petit, avec les potes, dans le petit stade à côté de chez moi. C’est là qu’on a filmé le clip de Balotelli.

Pourquoi avoir nommé l’un de vos morceaux Balotelli ?
La Kanaï : En fait, j’ai juste écrit le mot « Balotelli » pour la rime « Balotelli / j’m’enfume au tel-hô » , juste pour faire un bon refrain : « J’étais sur l’terrain d’foot comme Balotelli, maintenant j’ouvre des ‘teilles et j’m’enfume au tel-hô » .

Tayz : Il a écrit Balotelli, on a tous trouvé ça lourd. C’est un joueur qu’on aime bien, il a du charisme, il ne passe pas inaperçu dans le monde du foot. C’est un peu l’enfant terrible. Et puis c’est un Italien renoi. J’ai des origines italiennes, ma mère vient du sud, vers Naples…
La Kanaï : Et moi je suis renoi.Tayz : Mario Balotelli est emblématique par rapport au racisme en Italie. Il est blâmé par les supporters sur le terrain à cause de sa couleur de peau. Ça l’a marqué et il le dit. La Kanaï : C’est un gars qui ne se prend pas la tête, il s’en fout de tout. Tayz : Un peu trop parfois. Ça ne l’a pas forcément aidé par rapport à sa carrière, mais j’aime bien le personnage, le mec qui s’en bat un peu les couilles.

C’est aussi le footballeur préféré des rappeurs : Rohff a joué au ping-pong avec lui, Booba a posé à ses côtés, avant de le clasher dans un morceau. Même Ademo le cite sur De la fenêtre au ter-ter.
La Kanaï : C’est vrai, mais ce n’est pas pour ça qu’il m’a marqué, plutôt pour son jeu. En demi-finale de l’Euro 2012, quand il a enlevé son maillot pour fêter son deuxième but face à l’Allemagne, ça m’a choqué. Avant cela, il était bien critiqué. Il a fermé la bouche à tout le monde.

Vous avez un club préféré ?Tayz : Parce que je vis à Paris, je suis fan du PSG depuis toujours. J’aime beaucoup Thiago Silva. C’est rassurant de savoir qu’il est là, en défense.La Kanaï : Je suis pour Paris, mais quand j’étais petit, je supportais Lyon. Ils étaient vraiment trop chauds. Gregory Coupet au goal, Cris en défense, les coups francs de Juninho… C’était le feu. Benzema était aussi très fort.

D’ailleurs, la non-sélection de Benzema en équipe de France, ça vous choque ?Tayz : C’est dommage, il a sa place de fou. C’est l’un des meilleurs joueurs du monde, ils ne le mettent pas, tant pis pour nous…

Vous pourriez écrire un morceau sur lui ? Tayz : Benzema, ça rime avec quoi ? Si je trouve une rime, pourquoi pas !

Est-ce qu’il y a d’autres joueurs sur lesquels vous pourriez rapper ? Tayz : J’ai fait une phase sur Agüero, parce qu’il frappe fort : « J’ai pris goût à l’oro, j’aime mes huskies, la frappe d’Agüero. »

J’aime bien Buffon aussi, je ne sais pas pourquoi. Quand j’étais petit, j’avais acheté son maillot à Vintimille, je l’avais ramené à l’école. À l’époque, ça m’avait bien clashé. Il y avait écrit « Buffon » derrière, donc forcément ça clashait. Mais juste après, ils ont gagné la Coupe du monde, et ça suçait bien. Au calme.

C’est quoi votre premier souvenir de football ? Tayz : J’ai quelques souvenirs de l’Euro 2000. La voisine d’en face était italienne, elle nous insultait : « Vaffanculo ! »
La Kanaï : Je n’ai pas de premier souvenir, mais mon dernier, c’est le Cameroun qui a remporté la CAN. J’ai bien fêté ça. Sinon, quand je jouais en club, j’ai marqué un but depuis le point de corner. C’est le plus beau que j’ai mis de ma vie. Ce n’était pas fait exprès, mais c’était trop beau.

Montreuil, c’est une ville de foot ? La Kanaï : On connaît plein de gens de la ville qui partent jouer en club. J’ai un pote qui est aujourd’hui au centre de formation de l’OM. Un bon ami à Tayz a signé à Monaco, en CFA.

Ces dernières années, Montreuil est aussi connu pour être une ville de rap, avec une jeune génération talentueuse formée par Prince Waly, Ichon ou TripleGo. Vous avez l’impression de faire partie de cette scène ?Tayz : On ne se connaît pas personnellement et on ne fait pas vraiment la même musique. Il y a de la musique très différente qui sort de cette ville. Moi, parmi les rappeurs montreuillois plus anciens, j’aime beaucoup Swift Guad. La Kanaï : J’écoute d’autres rappeurs pas encore exposés, comme Gamar ou Joey, des grands de mon quartier

Et donc, vous vous appelez Le Club parce que vous roulez en équipe ? Tayz : Il n’y a pas de lien avec le foot. On s’est appelé comme ça parce qu’on a commencé en équipe. Ce n’est pas que nous deux, les gens derrière sont tout aussi essentiels au projet. Personne n’y arrive tout seul. C’est logique de faire croquer les gens qui te soutiennent.

C’est à toi de voir si tu veux revendiquer ou non les personnes qui t’aident.
La Kanaï : On est les deux attaquants, et derrière il y a tous les autres joueurs, le staff, le public. Le Club, c’est une équipe.

C’est quoi la punchline sur un joueur que vous préférez ?
Tayz : J’aime bien quand Lacrim dit « j’fais la paye à Maxwell » sur son featuring avec Jul.
La Kanaï : Dans un son avec Mister You, Still Fresh rappe : « Nous on veut la coupe, mais pas celle de Sagna. » Elle était bien celle-là.