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Le carnet tactique de PSG-Barça

Par Maxime Brigand
Le carnet tactique de PSG-Barça

Trois semaines après la démonstration du Camp Nou, le PSG s'est qualifié mercredi soir pour les quarts de finale de la Ligue des champions en éliminant le Barça au bout d'un non-match retour (1-1). Alerte : un roseau peut finir par se casser.

Il est 21h23, au Parc des Princes, et les têtes parisiennes tournent dans tous les sens. Alors que Mauricio Pochettino répétait depuis plusieurs jours avoir « un plan » pour dominer une deuxième fois en trois semaines le Barça, son PSG a finalement la langue coupée. Trouvé à la frontière de sa surface de réparation, Clément Lenglet, à peine pressé par Julian Draxler, lève le menton et lance son énième mouvement du soir en direction de Jordi Alba, situé à sa gauche, le long de la ligne de touche. Le score est alors de 0-0, quand Frenkie de Jong, glissé dans l’axe d’une défense à trois boutons par Ronald Koeman, sort pour offrir une solution de passe à Alba et forcer dans le même temps Idrissa Gueye à grimper d’un cran. Un une-deux s’enclenche alors entre le poupon néerlandais et le latéral espagnol, tandis qu’Antoine Griezmann décroche à son tour afin d’attirer sur ses talons un Leandro Paredes endormi, mollement soutenu par un Verratti pas beaucoup plus réveillé. Malin, le Français dévie en une touche pour trouver Busquets dans le dos du milieu italien et voilà le Barça prêt à percer une énième fois le PSG dans un domaine aussi craint qu’attendu avant la rencontre : la transition offensive. Libre de toute pression, la tour de contrôle catalane, essorée par l’intensité parisienne trois semaines plus tôt au Camp Nou, peut alors ouvrir côté droit vers un Sergino Dest lancé à toute allure, si vite qu’il va finir par canarder la barre transversale d’un Keylor Navas abandonné. Sur son banc, Mauricio Pochettino hurle, se gratte la tête et comprend que le PSG est de nouveau au bord du n’importe quoi. Une demi-heure plus tard, l’Argentin se présente face à ses hommes et fait trembler le vestiaire. Sur les coups de 23h, Marquinhos racontera la scène : « Oui, à la mi-temps, c’était chaud… Le coach nous a montré nos moments difficiles, et on a vu qu’on manquait d’engagement, notamment dans les phases défensives. Il nous l’a montré avec de petites vidéos. En première période, on a toujours été un peu en retard, et Barcelone en a profité avec des latéraux hauts. On a peiné à les presser. Heureusement, on a mieux su gérer cette situation en seconde période. » Heureusement, surtout, le PSG tient avec Navas un héros élastique, capable de boucher tous les trous et de laver n’importe quelle tache, y compris un penalty de Messi, que le portier costaricain a nettoyé avant la pause. Sans lui, qui sait où serait le PSG ce matin ?

La réponse de Koeman, la noyade parisienne

Trois semaines après la démonstration du Camp Nou (1-4), où Pochettino avait eu tout bon, les Parisiens, toujours habillés d’un 4-2-3-1 avec Verratti en 10 et où Draxler a remplacé Kean, sont en effet complètement passés à côté de leur huitième de finale retour, mercredi soir, malgré une qualification sauvée (1-1). Mais comment l’expliquer ? D’abord, par un fait simple : sur le ring, le PSG n’a pas retrouvé le même Barça qu’à l’aller. Cette fois, c’est un Barça guidé par le désir de désinfecter son honneur et drapé d’une nouvelle robe tactique que l’actuel deuxième de Ligue 1 a affronté. À savoir : une tunique à trois boutons défensifs et avec un col enfin conçu pour résister aux rouleaux adverses. Incapable de présenter un mécanisme collectif cohérent pour presser le PSG lors de la première manche, le Barça a, cette fois, déboulé comme prévu en effaçant l’infériorité numérique face à la relance parisienne (7 contre 7 et non 6 contre 7) grâce à un 3-4-1-2 pensé pour réduire le temps de préparation des joueurs parisiens et animé par des éléments qui ont su faire évoluer leur rôle pour l’événement (Pedri et de Jong).

Le 3-4-1-2 du Barça avec Messi et Dembélé chargés de presser Kimpembe et Marquinhos, puis de sortir sur Navas une fois la passe en retrait effectuée, Griezmann installé pour contrôler Paredes, Busquets et Pedri qui tiennent Verratti et Gueye, ainsi qu’Alba pour cadrer Florenzi à gauche et Dest pour l’imiter à droite avec Kurzawa. Sur cette séquence, privé de solution, Navas va balancer le ballon directement en touche.

Arrivé à Paris avec une ligne défensive plus haute et un pressing mieux ficelé, le Barça a alors forcé le PSG à lui rendre rapidement un ballon que les Catalans ont monopolisé tout au long de la rencontre (le Barça l’a eu 72% du temps). Solide sur sa ligne, Navas a été en grande difficulté au pied (8 ballons rendus aux Catalans dans ses dégagements, qui tombaient souvent sur Busquets, seul dans un no man’s land créé entre les milieux et les attaquants parisiens). Si les Parisiens, relativement protégés de toute potentielle élimination au coup d’envoi, avaient le droit de laisser les hommes de Koeman prendre l’initiative, ils n’avaient, en revanche, pas l’autorisation de s’ouvrir à tous les vents. C’est là le principal problème de cette soirée : le PSG, si uni et compact à l’aller, a été coupé en deux tout au long de la nuit, notamment en première période, et a laissé le Barça converser librement entre les lignes (98 passes tentées par le Barça dans le dernier tiers adverse, 88% de réussies). « On ne coupe jamais une équipe en deux en Ligue des champions, a rappelé mercredi soir Didier Domi. Si tu as plus d’un joueur qui n’est pas concerné par le pressing, c’est fini. Quand on arrive dans ton jardin, dans tes quarante derniers mètres, et que tu as un milieu qui est à plat, c’est que les joueurs ne sont pas là, qu’ils ne sont pas concernés, et c’est très très dangereux. Quand les adversaires arrivent dans les trente derniers mètres, tes milieux doivent être des morts de faim. » Excellents au Camp Nou, Paredes et Verratti ont cette fois rendu une copie très limite, avec et sans ballon. Le milieu parisien a alors majoritairement bu la tasse, et le PSG, qui a défendu en 4-1-4-1, a encaissé 16 tirs en première période, dont neuf cadrés.

Le bloc de l’aller…

Le bloc du retour.

Incapable de converser à l’intérieur du bloc parisien à l’aller, le Barça a cette fois eu tout le loisir d’échanger face à un milieu parisien très passif. Exemple avec cette passe trouvée par Messi en direction de Griezmann.

Autre séquence, six minutes plus tard, avec un Barça qui se balade toujours au cœur d’un bloc troué de partout.

Les conséquences auraient pu être énormes si Ousmane Dembélé avait été aussi brillant dans la finition que dans ses appels. Ici, Pedri peut trouver tranquillement Griezmann entre Verratti et Gueye…

Le Français peut ensuite se retourner et lancer Dembélé, qui va buter sur Navas.

Cette passivité est aussi, évidemment, l’une des raisons du but extraordinaire inscrit par Lionel Messi qui a eu tout le temps d’armer son missile.

Même chose sur l’action qui amène le penalty de Messi : Busquets est alors seul devant la surface et va pouvoir frapper. Derrière, Griezmann va suivre et être fauché par Kurzawa.

Dépassé à l’aller, Sergio Busquets a cette fois pu jouer avec des pantoufles (120 ballons touchés, 96% de passes réussies, 3 tirs, 2 passes clés), et ce, devant les deux surfaces, ce qui n’a rien de normal. Mieux : le Barça, avec un De Jong royal en rampe de lancement, a su, comme le PSG à l’aller, jouer avec la structure de son adversaire tout en variant les approches. Le nouveau système y est évidemment aussi pour quelque chose, car, grâce au 3-4-1-2 (ou 3-4-3 sur certaines séquences), les Catalans ont eu davantage de largeur dans les trente derniers mètres parisiens et donc plus d’options pour attaquer la profondeur, ce qui a aussi été favorisé par des lignes parisiennes distendues. Sur les côtés, Alba et Dest ont ainsi été omniprésents (l’Espagnol est le joueur qui a touché le plus de ballons – 129 – et celui qui a lâché le plus de passes clés avec Messi – 4 ; le Hollandais a matraqué Kurzawa) face à des latéraux parisiens qui n’ont pas assumé le duel jusqu’à la mi-temps et ont pu aider à l’expression du grand gagnant de la nouvelle formule : Ousmane Dembélé, repositionné dans un rôle plus axial aux côtés de Messi, et qui a été une arme redoutable dans la profondeur mercredi soir pour offrir des appels princiers, moins pour les convertir. Marquinhos a d’ailleurs dû faire quelques cauchemars de l’attaquant français, lui qui devait gérer les appels de Dembélé tout en bouchant les espaces laissés devant lui par Paredes : un casse-tête permanent.

Royal dans ses appels, Dembélé s’est souvent retrouvé en position pour trouver un joueur en retrait, comme ici Messi en début de match, dont la frappe va ensuite être contrée par Marquinhos…

Ou en position de finir, notamment sur ce service de Busquets…

Ou celui-ci, de Pedri…

Il a aussi été une solution en bout de chaîne après les bonnes sorties de balle catalanes, qui sont quasiment toujours passées par les côtés, comme ici avec Alba.

« Il fallait penser au jeu… »

Très entreprenant en première période, le Barça a eu moins d’opportunités en seconde, lorsque le PSG a enfin serré un peu ses mailles (et qu’il a surtout essayé de ne plus jouer en reculant avec la peur collée au fond du ventre), même si cela n’a pas empêché Messi de se casser les dents sur Marquinhos (61e) et Busquets de voir sa tête être sortie par Navas (69e). Et le PSG, dans tout ça ? Mis en danger sans ballon pour de multiples raisons (pressing alternatif, bloc disloqué, placements approximatifs, Mbappé et Draxler trop laxistes dans leurs efforts défensifs…), les Parisiens ont aussi été très pauvres avec le ballon mercredi soir, car trop prévisibles. Le plan offensif de Pochettino a en effet été une voie unique : casser le pressing pour trouver Verratti, puis ensuite compter sur la vitesse de Kylian Mbappé pour faire la différence. C’est via ce canal que le Français a cadré ses deux seules frappes dans le jeu (16e, 43e), mais ce circuit n’a marché qu’à de trop maigres reprises, notamment parce que Marco Verratti a été assez défaillant dans sa dernière passe. « Comme le Barça à l’aller, on a manqué de vitesse, soufflait Domi mercredi soir. Tout passait sur le côté de Mbappé, car il était le seul à pouvoir l’apporter. Comme on n’avait pas la vitesse de Kurzawa, qui a pris rapidement un jaune, ni celle de Florenzi, qui était juste physique, ni celle de Kean, qui était absent, le Barça a juste eu à contrôler Mbappé à trois, et c’était terminé. Paris n’a aucune autre solution que lui, contrairement au Barça, qui a eu beaucoup de diversité dans ses attaques. » Petite note quand même : le PSG a su récupérer un penalty au bout de la seule séquence qu’il a réussi à monter au cœur du bloc catalan.

L’action du penalty avec cette bonne passe trouvée par Paredes entre Pedri, Messi et Busquets pour toucher Draxler…

Derrière, l’Allemand va fixer Dest, avant de décaler Mbappé, dont le centre ne va trouver personne, Icardi étant touché au pied par Lenglet sur l’action.

Preuve chiffrée du déficit de créativité du soir du PSG : seuls Kylian Mbappé (4) et Abdou Diallo (1), dont l’entrée en seconde période a été assez convaincante, ont réussi un dribble mercredi côté parisien. « On a beaucoup souffert, a admis Pochettino après la rencontre. On a eu du mal à nettoyer la première passe. Psychologiquement, ça a été un test pour le groupe, mais on a bien répondu en deuxième période, où on a été plus conquérants. On a trop réfléchi en première période. Il fallait penser au jeu, oublier les influences négatives… » Tremblant et parfois franchement flippant, le PSG a réussi à s’éviter le chaos tout en offrant un non-match, psychologique et technique, et en se faisant martyriser en attaques rapides. Dans quelques semaines, à l’heure d’attaquer le quart de finale, il faudra évidemment que cette équipe change de braquet si elle veut aller loin dans cette C1. Alors que Porto a écarté la Juve grâce à un mental indiscutable et un bloc taillé pour la guerre, il est facile d’affirmer qu’on ne peut rêver d’un parcours de héros en étant aussi perméable défensivement, incapable de sortir proprement le ballon et prévisible dans le camp adverse. Ce matin, le PSG, déjà battu sans se battre par Monaco fin février, est passé, et certains s’en contenteront. Il ne faudra pour autant pas oublier cette nuit de mars, histoire de ne plus jamais rejouer le pire, au risque de se brûler pour de bon.

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