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L’autocombustion du Barça

Par Javier Prieto-Santos
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L’autocombustion du Barça

Défait à San Sebastián, le club catalan a lourdé son directeur sportif, Zubizarreta, et enregistré dans la foulée la démission surprise de Carles Puyol. Le tout saupoudré d'une relation Luis Enrique/Leo Messi très compliquée. Bienvenue en 2015.

Dimanche dernier, le Barça avait l’occasion de reprendre la tête de la Liga en gagnant contre la Real Sociedad à Anoeta. Deux heures auparavant, le FC Valence vitaminé à coups de millions par Peter Lim avait en effet mis fin à l’incroyable série de victoires du Real d’Ancelotti. Peu convaincant depuis le début de saison, le Barça du critiqué Luis Enrique pouvait donc maquiller sa crise de jeu en reprenant les rênes de la Liga. Encore fallait-il empocher les trois points au Pays basque. Convaincu de la victoire des siens, Luis Enrique décide pour l’occasion de laisser sur le banc de touche Piqué, Neymar, Dani Alves et Lionel Messi. Bizarre. Comme ce début de match des Blaugrana.

À la 2e minute, Jordi Alba catapulte un ballon de la tête dans ses propres filets. Le Barça est déjà mort. En panne d’idées, les Blaugrana déjouent à la manière d’un Suárez volontaire, mais incapable de trouver sa place dans un collectif qu’il ne comprend pas encore. Décalé sur le côté droit, l’apprenti buteur Munir, révélation fugace du début de saison catalan, traîne également son spleen contre la ligne blanche, condamné à centrer et défendre pour les autres. Au final, il ne fera ni l’un ni l’autre, son association avec Montoya ayant été tout bonnement catastrophique. Humilié par Canales, trituré par Castro, celui que le Barça voulait absolument vendre à la Juve il y a peu est désormais devenu indispensable depuis que le club a appris qu’il ne pourrait pas recruter lors des deux prochains mercatos.

Toro et Leo

Une chose est sûre : il n’a pas fait oublier un Alves libre de signer ou bon lui semble depuis quelques jours. Le départ du Brésilien, même vieillissant, serait tout bonnement une catastrophe à court et moyen terme pour les Culés. Celui de Lionel Messi, impensable il y a encore quelques mois, serait lui apocalyptique. Il y a quelques semaines, La Pulga avait déjà fait sonner les alarmes catalanes en déclarant au quotidien argentin Olé qu’il ne savait pas s’il finirait sa carrière du coté du Camp Nou. Des déclarations surprenantes pour celui qui n’avait jamais entrouvert jusqu’alors la possibilité d’un hypothétique départ de son club formateur. Snobé en première mi-temps par un coach avec qui il entretient des relations conflictuelles, Messi est entré en seconde mi-temps pour éteindre un incendie qu’il a lui-même contribué à allumer.

48 heures avant le déplacement à San Sebastián, l’Argentin et Luis Enrique s’étaient en effet pris le bec à l’entraînement. La raison ? Une faute non sifflée par Luis Enrique sur Messi lors d’un « toro » … Plutôt que de faire preuve de diplomatie envers l’idole du club, Luis Enrique a choisi de lui montrer son côté le plus autoritaire en lui tenant la dragée haute pour des conneries. Résultat : Messi est allé ronger son frein sur le banc de touche aux cotés de Piqué, l’autre tête de turc du coach catalan. Quelques minutes après la défaite, Andoni Zubizarreta, le directeur sportif du club a tenté d’expliquer la défaite culé aux micros de la télévision espagnole. L’interview aura finalement été le détonateur de l’embrasement barcelonais actuel.

Bartomeu sauve, puis lâche Zubizarreta

Critiqué pour sa politique de recrutement et pour ne pas avoir anticipé la sanction de la FIFA, Zubizarreta a profité de son passage devant les caméras pour accuser le président du club, Bartomeu, d’être aussi fautif que lui dans une affaire qui prend désormais des proportions invraisemblables : « Par rapport à la sanction de la FIFA, je suis responsable de la section football du club, et de ce point de vue-là, Sandro (Rosell, ex-président du club) et Barto (Bartomeu) savent que j’assume toujours mes responsabilités. À partir de là, je peux aussi dire que le vice-président sportif qui travaillait avec moi était Barto. Il est celui qui connaît le mieux la situation et la manière dont s’est déroulé tout le processus qui a finalement mené à la sanction. » Suite à cette intervention considérée par Barto comme une provocation, Zubizarreta est démis de ses fonctions dès son retour à Barcelone.

L’ex-gardien de la dream team serait-il en place aujourd’hui si le Barça l’avait emporté contre la Real Sociedad ? Pas si sûr. La défaite et les propos d’après-match du désormais ex-directeur sportif du club ont simplement servi de déclencheur à une bombe qui menaçait de toute manière d’exploser à n’importe quel moment. En réalité, les jours de celui que l’ancien président Sandro Rosell avait nommé en 2010 en tant que directeur sportif du club en remplacement de Txiki Begiristain (aujourd’hui à Man City) était compté depuis quelques semaines. Le Basque avait d’ailleurs posé sa lettre de démission l’hiver dernier lorsque le conseil d’administration du club voulut se séparer de deux de ses proches collaborateurs, Julià et Valentín. Bartomeu fut alors celui qui sauva la tête de Zubi en s’opposant personnellement au président Rosell. Ironie du sort, Bartomeu est aujourd’hui celui qui a provoqué le deuxième départ de Zubi du club. Critiqué pour son charisme relatif et son manque de poigne, le président par accident du Barça a choisi la mesure la plus populiste qui soit : virer celui que tous les socios considéraient comme le responsable de la débâcle blaugrana actuelle.

Les choix discutables de Zubi

Le bilan de Zubi en tant que directeur sportif du club est plutôt mitigé. Ses recrues ont pour la plupart le même dénominateur commun : leur prix très élevé et des rendements relatifs. Alexis Sánchez, Song, Cesc font notamment partie de cette catégorie. Neymar et Luis Suárez, qui auraient pu débarquer au Camp Nou pour moitié moins que ce que le Barça a payé pour eux récemment, sont d’autres transferts polémiques de l’ancien portier de Cruijff. Les commissions aberrantes et les différentes irrégularités dans le transfert du Brésilien auront d’ailleurs fini par déboucher sur la démission du prédécesseur de Bartomeu. Malgré ce scandale, Zubi est surtout coupable d’avoir sabordé le délai accordé par la FIFA lors du dernier mercato en recrutant des seconds couteaux comme Mathieu et Vermaelen (qui n’a toujours pas disputé une minute avec le Barça), plutôt qu’Hummels, Thiago Silva ou Marquinhos.

La succession de Dani Alves par l’obscur latéral brésilien Douglas n’est quant à elle toujours pas digérée des socios et pose aujourd’hui un véritable problème sportif qui explique sans doute la dernière titularisation de Montoya… Pire : comme il l’avait fait avec Isco, Zubi a décidé cet été de dire non à un Toni Kroos désireux de rejoindre, à la base, la Catalogne plutôt que la capitale espagnole. Enfin, si Zubi n’avait rien à voir avec la venue de Martino (œuvre personnelle de Rosell), il est néanmoins responsable d’avoir donné la succession de Guardiola à Vilanova dont l’état de santé n’était pas vraiment compatible avec les exigences du plus haut niveau. C’est lui, également, qui a choisi de nommer Luis Enrique à la tête de l’équipe actuelle. Pour l’instant, il semblerait que la greffe entre le coach et les joueurs soit plutôt compliquée… À la décharge de Zubi, il faut bien avouer que sa mission était quasiment impossible : assurer la pérennité de la « Pep Team » – une référence dans l’histoire du football mondial – n’était pas vraiment un cadeau…

Messi s’abonne aux Instagram de Chelsea et Manchester City

En virant Zubizarreta, qui lui servait de paratonnerre idéal contre les socios, Bartomeu prend désormais le risque de s’exposer à des critiques qui pourraient bien lui coûter très cher lors des prochaines élections du club, prévues en 2016. La situation actuelle pourrait bien profiter à Joan Laporta, l’ex-président blaugrana qui aurait déjà proposé à Pep Guardiola un rôle de super directeur sportif capable de redonner un nouveau souffle au club. En attendant le retour espéré du philosophe, le Barça est désormais à la recherche d’un nouveau directeur sportif. Carles Puyol, adjoint de Zubizarreta, ne sera pas celui-là (Monchi, directeur sportif du FC Séville et Daniele Pradé, son homologue italien de la Fiorentina, sont désormais les deux autres candidats au poste, ndlr). Le jeune retraité a en effet posé sa démission quelques minutes après l’annonce du licenciement du Basque.

La décision de ce symbole de l’institution catalane, bien qu’anodine, ne présage rien de bon et confirme l’instabilité à laquelle va sans doute être confronté le club dans les mois à venir. 2015 commence donc de la pire manière pour les Catalans, d’autant que Lionel Messi a rajouté un peu d’huile sur le feu en prétextant des douleurs au ventre pour s’éclipser de la séance d’entraînement ouverte au public lundi après-midi. Malgré le licenciement de Zubi et la démission de Puyol, la Pulga a tout de même réussi à accaparer l’attention du public en se mettant à suivre le compte Instagram de deux de ses plus sérieux prétendants : Chelsea et Manchester City (en plus des comptes des Blues Courtois et Filipe Luís). Jusqu’à lundi, seuls les comptes du Barça et de la sélection argentine étaient suivis par l’Argentin. Rien de rassurant à quelques jours d’un match déjà décisif contre l’Atlético Madrid…

Par Javier Prieto-Santos

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