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L’amour strasbourgeois dure treize ans

Par Florian Cadu, à Strasbourg
L’amour strasbourgeois dure treize ans

Complètement camé au RC Strasbourg, Grégory Walter n’a pas raté un match de son équipe depuis treize ans. Et celui qui vient de sortir un livre sur son histoire de cœur avec le Racing ne compte pas s’arrêter là. Rencontre avec ce supporter un peu barge.

Sur la table de la pièce, tout est déjà prêt. Un exemplaire de son livre qu’il vient de sortir et un épais dossier qui ressemble à un album photo. Derrière lui, près de l’ordinateur, un fanion du RC Strasbourg. Impossible de le louper. Juste à côté, une photographie de lui dans les tribunes, un enfant vêtu du maillot dans les bras. C’est que Grégory Walter est comme chez lui ici, à quelques kilomètres du stade de la ville, dans son bureau de Viwametal, entreprise familiale appartenant à son père où il exerce en tant qu’ingénieur industriel.

La Meinau, théâtre des rêves

« C’est mon fils, commente Grégory en montrant la photo. Il n’a que deux ans, mais il est déjà complètement dingo du Racing. Il pleure parce qu’il veut toujours mettre son maillot, il agite son drapeau dans le salon, il ne parle pas, mais il chante… » En même temps, le môme n’a pas trop eu le choix. Né de deux parents totalement fans de Strasbourg, personne ne lui a demandé son avis quand papa et maman l’ont amené au stade. Aujourd’hui, il en est à une trentaine de déplacements à l’extérieur pour suivre les aventures des Alsaciens loin de la Meinau.

La Meinau, c’est d’ailleurs l’endroit où se sont rencontrés Grégory et sa compagne. Aussi amoureux du club l’un que l’autre, ils décident de partager leur passion commune en assistant à tous les matchs, sans exception… jusqu’à la naissance de l’enfant. « Ma femme était sur une série de douze ans sans avoir raté une seule rencontre. Série interrompue il y a deux ans donc, puisqu’elle a accouché la veille d’un match. Depuis, elle n’a dû louper que neuf déplacements. » En revanche, l’heureux événement n’empêche pas son homme d’aller supporter son équipe à l’extérieur. Une fois le cordon ombilical coupé, Grégory file rejoindre le kop. Résultat : sa série de présence ininterrompue aux matchs officiels du RCS a désormais dépassé celle de sa dame. Voilà maintenant treize ans, soit 4 745 jours, que Strasbourg n’a pas joué sans son soutien dans les tribunes.

Fidèle au ballon

Question : comment expliquer une telle disponibilité, alors que les fêtes de famille et les exigences professionnelles demandent évidemment du temps ? « Bah c’est simple : ma passion est ma priorité et tout le monde le sait, répond Grégory, l’œil rieur. Et puis, mes amis sont tous des fans de Strasbourg, ils vont au stade comme moi. Pour le boulot, j’ai la chance d’être assez flexible et de placer mes congés en fonction des matchs. Même si parfois, je dois prendre des congés sur l’année suivante ! » Le couple Walter pose ainsi ses vacances en fonction des déplacements. Le RCS joue à Bastia ? C’est parti pour cinq jours en Corse.

Grégory n’échappe cependant pas aux situations critiques, où il doit s’arracher pour pouvoir prolonger son record. Comme lors de ces vacances de Noël qu’il avait promis de passer avec ses parents en Autriche. « Les vacances étaient réservées et payées. Sauf que contrairement à ce que je pensais, le match a été programmé le lundi 23. Or, impossible pour moi de rater une partie à domicile. Du coup, j’ai opté pour un plan foireux : je suis allé en Autriche, et j’ai fait l’aller-retour à Strasbourg juste pour le foot ! » Pareil pour le baptême de sa nièce, prévu un dimanche matin, où Grégory parvient à être présent – « en short, pas le temps de se changer » – malgré un déplacement en Corse la veille. Ou ce match à huis clos à Bastia auquel il réussit à assister en se faisant passer pour un journaliste sportif.

PSG-Strasbourg pour huit euros

Outre ces galères, les souvenirs sont nombreux. Et pour remonter le temps, Greg s’aide, non pas d’image, mais de billets de match. Depuis ses dix-neuf ans, il a en effet gardé précieusement tous ses tickets de déplacement, rangés dans cet album photo, qu’il ouvre avec délicatesse. « Il ne m’en manque aucun, j’ai toujours fait très très attention » , fait-il remarquer, avant d’en décrire quelques-uns. « 28 avril 2001, Strasbourg-Auxerre, à Caen. Mon premier match à l’extérieur, même si c’est à domicile sur le papier. Une semaine plus tard, Lyon en Coupe de la Ligue, Gerland à guichets fermés, ambiance de dingue, on prend une boîte, 5-0. Et puis, la finale de Coupe de France gagnée. Donc voilà les trois premiers matchs… Je suis parti sur des bases élevées, quoi. »

Le crâne rasé et la mine enjouée, il fait défiler les pages, puis s’arrête sur l’une d’elles : « Tiens regarde, il est collector celui-là ! Le PSG au Parc, huit euros ! Marseille, huit euros… Sochaux, Nantes, pareil. Lyon, dix euros ! Là, on faisait déjà des banderoles pour insulter Aulas ! Sérieux, il nous carottait deux euros chaque année à Lyon. Il était précurseur de la hausse des prix. »

Préface de Marc Keller

La hausse des prix, Grégory n’aime pas. En vrai supporter, l’Alsacien défend les intérêts des habitués des stades. Ce qu’il essaye notamment de faire dans son livre publié à 1200 exemplaires, intitulé Neuf fois le tour de la Terre pour mon club – plus de 336 000 kilomètres, soit la distance parcourue en additionnant tous ses déplacements selon ses propres calculs – et préfacé par Marc Keller. Car Monsieur Walter goûte peu à l’évolution actuelle du foot, les places à 50 euros et le peu de considération portée aux supporters. « Les interdictions de déplacement, la répression… c’est révoltant, argumente-t-il en évoquant, toujours avec le sourire, un sentiment d’injustice.On n’est pas traités comme des citoyens. On enquille des lois depuis vingt ans… En réalité, c’est de la merde, ce n’est que de la communication politique. Il n’y a aucun dialogue, aucune volonté d’améliorer la situation, aucune approche pédagogique. Les interdictions administratives dans les stades, c’est quand même un déni de démocratie incroyable. Quel autre citoyen peut être condamné de manière préventive sans capacité à se défendre ? On ferait ça pour les pédophiles, ce serait un scandale national ! »

De là à le dégoûter du football ? Peut-être, mais pas tout de suite. Depuis un match déclic remporté par Strasbourg contre Rennes en 1992, Grégory est tout simplement drogué au Racing et à son ambiance : « J’avais dix ans. Mes parents m’avaient amené au stade, l’atmosphère était extraordinaire. Je n’ai plus jamais connu ça. » Raison pour laquelle il sera à Brest cet après-midi. Le 29 à Sochaux. À Ajaccio en novembre. Ou encore à Nîmes en janvier, même s’il attend un deuxième enfant. Sa voiture, dans laquelle le fanion du RCS pend au plafond, a encore de nombreuses bornes à avaler. Histoire de faire quelques tours de planète supplémentaires.

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Par Florian Cadu, à Strasbourg

Vente du livre à [email protected]

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