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  • Allemagne/Portugal (4-0)

L’Allemagne en conquistador

Par Pierre Boisson, à Salvador de Bahia
L’Allemagne en conquistador

Après 90 minutes de football éclair, l'Allemagne perpétue sa domination (4–0) sur le Portugal en compétition internationale. Venu en boîtant mais pour gagner, Cristiano n'a rien pu faire et a dû se contenter d'assister de loin à la démonstration de Götze, Özil, Müller and friends.

AllemagnePortugal (40) T. Müller (12′), M. Hummels (33′), T. Müller (45′), T. Müller (79′) pour Allemagne

Ils attendaient un roi, ils virent débarquer un squelette en haillon. C’était le 7 mars 1808, le roi Jean VI du Portugal accostait à Rio de Janeiro malade, puant, accompagné d’une reine devenue chauve à force d’être bouffée par les puces. 206 années plus tard, c’était au tour de Cristiano Ronaldo de débarquer au Brésil pour s’y faire couronner empereur. En confiance : passé cette année du perdant pleurnichard au vainqueur qui bande ses muscles, Cristiano pouvait fanfaronner la veille de son entrée dans la Coupe du monde qui doit déterminer sa place dans l’histoire portugaise (devant ou derrière Eusébio ?) « Je voulais être à 110%, je ne serai qu’à 100%. » Mais l’océan n’a de pitié pour aucun homme : sur le terrain, Cristiano a joué dix minutes, puis a coulé avec toute son équipe, balayé 4 à 0 par une Mannschaft intelligente, sexy et tout simplement trop forte. La guerre éclair

Hier, dans une churrasqueira de bord de mer, l’Allemagne offrait deux visages. Celui boursouflé d’un obèse – pantalon déboutonné, casquette de trucker – se resservant de la tarte au citron en lorgnant sur des courbes bahianaises, et l’autre, celui d’une brunette pépite qui dansait en faisant tournoyer son écharpe. Une Allemagne belle, une Allemagne ventripotente. C’est avec la même bipolarité que la Mannschaft de Joächim Löw se présentait pour son centième match de Coupe du monde : lente derrière (Hummels – Mertesacker), excitante devant (Kroos – Götze – Özil – Müller). Sous une chaleur qui sèche la sueur dès qu’elle sort de la peau, l’Allemagne entame son match avec sa belle gueule, dans une ambiance de meurtre : sifflets d’un stade revenu au temps des colonies et flingues dehors. Cristiano, qui avait mis 18 minutes avant de toucher son premier ballon lors de son dernier match face à l’Allemagne, place une talonnade dès la première minute, fait admirer ses 35 km/h balle au pied (5′), allume un pétard (6′), puis frappe sur Neuer (8′). Et c’est tout. Car l’Allemagne est la première à faire couler le sang. Alors que Khedira avait déjà été tout près de punir la faiblesse du gardien Rui Patrício, coupable d’un dégagement foireux sur son premier ballon, Mario Götze est accroché dans la surface. L’arbitre siffle un penalty logique, transformé par Müller : l’Allemagne a mis dix minutes à suriner le Portugal. La suite est un modèle de tyrannie. Löw est faible, mais pas lâche. En alignant quasi quatre numéros 10, aucun attaquant et un duo Lahm – Kedhira pour faire le lien, l’Allemagne de Jogi joue à la Blitzkrieg : pression permanente sur le milieu portugais, récupération à proximité du rond central avant d’envoyer instantanément le trio Özil – Müller – Götze s’amuser avec la défense adverse. Le Portugal se fait enfoncer sur tous les fronts et Hummels concrétise sur corner (32′). De quoi tendre les nerfs d’un fou ou d’un idiot : Pepe est un peu les deux et tombe droit dans le panneau. Venu mettre un coup de tête à un Thomas Müller resté au sol suite à un duel rugueux, le défenseur madrilène aura tenu 37 minutes dans cette Coupe du monde. Punition immédiate du Saint-Empire germanique : Müller claque un but de renard. En tribune de presse, des Japonais inquiétants frappent sur les tables et adressent des hargneux doigts d’honneur à on ne sait qui. La fièvre jaune, sans doute. Le Portugal sans idée

Condamné à l’exploit pour rester en vie dans cette Coupe du monde, le Portugal revient pourtant en deuxième mi-temps sans rien changer. La veille du match, CR7 déclarait que cette année allait « être l’année du Portugal » , et quand il disait Portugal, il pensait à lui : Cristiano est un homme qui se voit comme une nation. Or, le défi était justement de faire du Portugal une équipe, et pas une simple rampe de lancement. Raté. Venu avec un plan simple – jouer au tarot le ventre à l’air au milieu et en défense, profiter du soleil et envoyer son mustang galoper dès que possible – le Portugal s’est en réalité montré totalement incapable d’inventer d’autres solutions offensives, faisant peine à voir en phase d’attaque et souffrant la misère à 10 en défense. Cristiano, adoubé par le stade avant le match, se fait désormais huer, confirmant que ce public qui s’amuse à faire des olas depuis la 15e minute est une belle bande de baltringues pour siffler ainsi un tel joueur. Les mains sur les hanches, Ronaldo est beau. Comme toujours lorsqu’il perd. L’Allemagne, elle, passe sa seconde mi-temps comme à l’entraînement, en faisant admirer son jeu de passes, les permutations incessantes de ses milieux offensifs et la vista d’un Philippe Lahm impérial en numéro 6. Gourmand, Götze manque de conclure deux nouvelles attaques éclair en butant sur le portier portugais (51′ et 69′). C’est finalement le même Rui Patrício qui offre son troisième but à Thomas Müller qui assure déjà sa place de meilleur buteur (78′) avant de sortir sous une ovation générale. L’Allemagne, qui a fait du Portugal son souffre-douleur depuis dix ans (Mondial 2006, Euro 2008, Euro 2012), finit en trottinant. Cristiano, lui, tente quelques passements de jambe, met une dernière mine sur coup franc, mais son compteur en Coupe du monde reste bloqué à deux buts, face à l’Iran et à la Corée du Nord. De l’autre côté de l’océan, Eusébio dort paisiblement dans sa tombe.

Par Pierre Boisson, à Salvador de Bahia

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