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L’affaire est dans le Cahuzac

Par Loïc Bessière
L’affaire est dans le Cahuzac

Comme annoncé ce mardi, Yannick Cahuzac mettra un terme à sa carrière à l’issue de la saison, à 37 ans. S'il a rendu de loyaux services à Toulouse et à Lens, il restera dans l’imaginaire collectif l’homme d’un club : le Sporting Club de Bastia. Il partira également avec la réputation d’un joueur rugueux, accrocheur, voire méchant. Justifié ? C’est l’heure d’ouvrir le procès Cahuzac.

Faites entrer l’accusé. Yannick Cahuzac, 445 matchs chez les pros en 17 saisons, 141 cartons jaunes, 11 cartons rouges après 2 cartons jaunes et 8 rouges directs. Pour finir de poser le tableau : il est le joueur qui a pris le plus de cartons rouges (11) au cours de la dernière décennie dans le top cinq européen. Et puisqu’il n’est pas qu’endurant, Yannick Cahuzac sait aussi condenser ses efforts, en témoigne sa série de trois cartons rouges en quatre matchs à l’hiver 2017. Un joueur dur, accrocheur et râleur avec les arbitres ? Les stats évoquées précédemment parlent pour elles. Mais comme tout fait, cela mérite d’être discuté, recontextualiser. Pour comprendre, toujours.

Quand il est sur le terrain, on dirait Hulk. Il est normal, puis se transforme au moindre problème.

« Les fils qui se touchent »

Premier témoin appelé à la barre, Guillaume Gillet. Pour le Belge, ancien partenaire du milieu de terrain à Bastia puis Lens, il n’est autre que la version corse du Dr. Bruce Banner : « Ça fait partie de son caractère. Il ne fait pas ça méchamment. J’ai essayé de parler avec lui. Mais quand il est sur le terrain, on dirait Hulk. Il est normal, puis se transforme au moindre problème. Il est trop impulsif. »

« Je ne sais pas si je me transforme en Hulk, répondait le capitaine du RCL. Vu mon gabarit, c’est compliqué. Quand je perds pied, quand les fils se touchent, j’ai du mal à gérer. Si je connaissais la solution, je me canaliserais tout seul. J’ai vu une psychologue quand j’enchaînais les cartons rouges en Ligue 2. Au début, j’avais l’impression que c’était pour les fous. Je me suis rendu compte que c’est bien d’exprimer des choses à une personne que tu ne connais pas. Je dégoupillais parce que je recevais des insultes, je sortais de mon match. Ou en cas de décision arbitrale litigieuse. Quand j’avais l’impression que mon équipe manquait d’agressivité, je voulais peut-être combler ce manque à moi tout seul. » En 17 saisons, il ne regrette qu’un seul mauvais geste : « C’est à domicile contre Paris. J’avais mis un gros coup de coude à Lucas Moura, au niveau du cou, dans le jeu. Je n’ai pas un bon souvenir de ce geste. Après, le reste… Je ne suis pas sur le terrain à me regarder jouer. » Mais faute avouée n’est pas à moitié cartonnée.

La défense, c’est le rôle principal de Yannick Cahuzac. De nombreuses années, il a défendu Bastia d’envahisseurs venus du continent, ou pire, venus de la terre ennemie ajaccienne. Né à… Ajaccio, formé au Gazélec, le Sporting est le club de ses rêves. Avec le SCB, il a connu la Ligue 1, mais aussi les années galères en Ligue 2 et en National. Sa principale motivation était de ne pas retourner dans le purgatoire du football français. Quitte à casser un ou deux tibias en route, raconte-t-il à Ouest-France : « À Bastia, quand on manquait d’agressivité, je voulais combler ce déficit à moi tout seul. Parce que j’avais tellement envie qu’on y arrive. J’ai appris, en discutant avec des coachs, qu’une personne ne pouvait pas tout résoudre. Ça a été tellement dur. On a connu les belles années à Bastia. On a démarré notre carrière au club sur des échecs, donc quand on a commencé à gagner, on y a pris goût. On n’avait pas envie de revivre ça. »

Parole à la défense

Cahu fait seulement preuve de trop d’envie pour défense son maillot. Il fera de même à Toulouse (2017-2019) et Lens (depuis 2019), transcendé par le brassard de capitaine. Ses fautes ne sont pas des attentats à la Roy Keane. Cette réputation de joueur méchant, il s’en désole. « Je ne veux pas qu’on se souvienne de moi comme du type qui a le record de cartons rouges. Je n’en suis pas fier, tu sais. J’apprécie les joueurs qui y vont à fond, et il peut y avoir des mauvais gestes maladroits. Mais si c’est fait exprès… Ce à quoi les gens s’identifient, c’est que je donnais tout pour mon équipe. Ils ne s’identifient pas aux cartons rouges. » Son image est bien sûr amplifiée par ce cliché sur le tempérament des Corses, aux cheveux longs et à l’accent à couper au couteau. Ses accumulations de fautes et une tendance à prendre un jaune par match en ont vite fait un coupable idéal.

Je n’ai jamais voulu faire mal à qui que ce soit. Je n’ai jamais blessé personne. C’est important de le dire.

Guillaume Gillet veut rappeler que Cahuzac sur un terrain, ce ne sont pas seulement des tacles et des engueulades avec l’arbitre. « Il a une bonne vision et une intelligence de jeu. Il ne court pas n’importe où. Ce qu’il fait, c’est avec une idée bien précise, il permet à l’équipe de récupérer la balle assez haut. » Le mot de la fin revient à l’accusé : « À écouter certains, j’ai l’impression d’avoir cassé une dizaine de jambes. Mais je n’ai jamais voulu faire mal à qui que ce soit. Je n’ai jamais blessé personne. C’est important de le dire. Je ne fais pas 1,90m, ni 85 kilos, et c’est mon jeu de gagner des duels. Alors je rentrais fort, parfois plus que la limite. »

Verdict : acquitté et mise à l’épreuve comme entraîneur

Yannick Cahuzac a connu les déplacements à Gap, Luzenac et Plabennec en National. Tout footballeur qui prétend au haut niveau voudrait tout donner pour ne pas y retourner. D’autant que le joueur s’est assagi avec l’âge. Son dernier carton rouge sur un terrain remonte au 29 novembre 2019, celui contre Lorient en février étant écopé sur le banc. L’analyse psychologique montre que les crampons dans le sac, Yannick Cahuzac n’est plus le même. Il devient timide, réservé. Il est comme ça, Cahu.

Mais Cahu, c’est aussi un amoureux du jeu, des hommes, surtout quand ceux-ci portent les mêmes couleurs que lui. C’est donc certainement sur un banc que son histoire continuera de s’écrire. « Je veux me lancer dans la carrière d’entraîneur, affirme-t-il aujourd’hui à L’Équipe. J’ai eu la chance de côtoyer de supers entraîneurs qui m’ont transmis leur fibre. Le vestiaire, le terrain, tout ça me plaît. Aujourd’hui, on ne m’a rien proposé. Je dois rencontrer mes dirigeants. Le projet professionnel primera. » Avec Franck Haise, le tuteur est tout trouvé. Et s’il pourra toujours y regoûter avec un survêtement sur le dos et dans la zone technique, désormais, le rouge c’est dans un verre. Accompagné d’un saucisson corse bien entendu.

Par Loïc Bessière

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