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La banderole de la honte ?

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La banderole de la honte ?

Lors du dernier clasico, un événement est passé inaperçu : une banderole déployée dans le noyau des South Winners (groupe ultra olympien) sur laquelle la mémoire de Julien Quemener était bafouée. Deux ans après la banderole du Stade de France, cette nouvelle affaire ne trouve pourtant aucune caisse de résonance, que ce soit dans les médias ou auprès des pouvoirs publics.

Les South Winners, groupe de vainqueurs de l’Olympique de Marseille, sont des assidus de So Foot. Lors du premier clasico, nous avions ressorti les plus belles proses des deux camps. Force est de constater que les Marseillais étaient dominés dans les débats par leurs homologues parisiens. Depuis vendredi dernier, les SW87 ont fait une entrée fracassante dans les charts. En deux vers –agrémentés d’une rime riche– le groupe filial d’Orange a lancé son venin. “3 ans sans Julien, 3 ans qu’on est bien”. Une vanne dont le destinataire mystère n’est autre que Julien Quemener, tué le 23 novembre 2006 en marge du match de Coupe d’Europe contre Tel-Aviv. Cette banderole met en exergue deux faits très importants. Le premier, la mansuétude dont bénéficie ce groupe dans le “milieu” marseillais et dans la presse nationale en général. Le second, l’incohérence des South Winners au sein du paysage Ultra français.

Les Ultras olympiens ont du retard sur leurs congénères de la capitale. Quand le Kop de Boulogne sort une banderole sur les Ch’tis, la France s’insurge. Les pouvoirs publics se muent en CSI. On renifle, on traque, on débauche et on dissout. Les Boys ne sont plus. La faute à un humour noir (sic). La banderole de la honte comme on l’appelait. Son contenu ? “Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les ch’tis”. Trop, c’est trop. Les médias du pays sont révoltés. Danny Boon violé dans sa fierté. Vendredi soir, quand la banderole mortuaire sort, pas un bruit. Pas un écho dans L’Equipe le lendemain, pas une ligne dans Libération qui avait pourtant titré “Bienvenue chez les cons” en mars 2008. Plusieurs raisons expliquent ce silence. Tout d’abord, Julien Quemener n’est pas Dany Boon et les Ch’tis n’ont rien à avoir avec le climat nauséabond dans lequel le régulier du KOB a perdu la vie. Ensuite, le milieu marseillais a toujours préféré laver le linge sale en famille comme aimait le dire Napoléon. Alors quand les SW tirent à boulets rouges sur la mémoire de Quemener, personne ne s’en émeut. Deux poids, deux mesures ? Pour s’être moqué des ch’tis, les Boys avaient pris perpète. Pour avoir souillé un mort, quel sera le sort des Winners ?

Représentant de la cause Ultra ?

Mais là où le bat blesse, c’est au niveau Ultra. Jeudi 19 novembre, la veille du match, la Coordination Nationale des Ultras (sorte de conglomérat de fait censé défendre les droits des Ultras) avait rendez-vous avec Rama Yade. Pour représenter les Ultras, un représentant bordelais, un toulousain et un membre des Winners. Une réunion constructive si l’on en croit le compte-rendu sur lequel on pouvait lire une envolée lyrique bouleversante : « On parle souvent des Ultras comme d’un « mal » dans le football moderne. Comptez bien sur la C.N.U, avec l’aide de toutes les tribunes populaires françaises, pour défendre les droits d’une jeunesse passionnée qui embellit, quoi qu’on en pense, ce sport, puisqu’elle est la dernière chose de populaire et de sincère qu’il reste au football » . Une embellie que l’on a pu voir le lendemain au Vélodrome.

La question est donc la suivante : comment un groupe, censé représenter les Ultras français, peut-il être crédible après une telle banderole ? La réponse est dans la question. Une CNU qui se désolidarise depuis vendredi de ses représentants de fortune. Hier, les SW pondaient un communiqué. Laconiquement, les Olympiens se justifiaient de la manière suivante : « Notre groupe est un élément moteur dans une démarche collective autour de la reconnaissance du mouvement Ultra, du respect des différents groupes. Dans cette optique, nous prônons au quotidien des valeurs de respect et de tolérance. Nous ne nous reconnaissons donc pas dans la teneur de ce message, sorti dans le virage alors que l’ensemble du groupe était en grève » . Donc, ce n’est pas eux. En 24 heures, les Winners sont donc passés du statut de groupe garant de leur tribune à un noyau de mecs incapables d’expliquer comment une banderole se retrouve en plein milieu de leur bloc. Il n’est pas anodin de rappeler l’importance des Winners dans le paysage marseillais. Pour la faire courte, les patrons du Vélodrome, ce sont eux. Des mecs capables de descendre à 50 dans le bas de leur virage pour balancer des bourre-pifs aux collègues de la Cosa sans que la sécurité ne bouge d’un poil. Costaud. Un fait révélateur. A Marseille, rien ne se fait sans leur consentement. On pensait que la banderole du Stade de France avait fait jurisprudence. C’était se fourrer le doigt dans l’œil. Comment dit-on impunité en marseillais ?

PS : Pour les puristes, le dernier clasico a eu également droit à son lot de petites boutades sur les événements du 25 octobre. Quelques banderoles poétiques comme “Boulevard d’Athènes choquant ? Non, renversant. Gare au chauffard” ou alors la petite leçon de théâtre des Winners (décidément) dans laquelle une voiture en carton venait percuter un Parisien, aussi en carton. L’Histoire retiendra que les MTP ont perdu deux de leurs membres dans la collision entre leur bus et un pont sur l’autoroute. Une tragédie que les Lutèce Falco (groupe parisien) avaient saluée d’un “La vie humaine plus forte que le haine”. CQFD.

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