Klinsmann viré = Victime collatérale du Barça ?
OK, le Bayern de Klinsi était mal barré en Bundesliga. Seulement 3ème, mais à 3 points du leader Wolfsburg et à cinq journées de la fin. Une défaite 1-0 à dom, samedi contre Schalke a condamné le beau Jürgen. C'est Jupp Heynckes qui lui succède. Vu le standing du Bayern, on comprend la sanction : elle planait même au-dessus de Klinsi depuis quelques semaines. Dont acte. D'autres causes expliquent pareille brutalité. Parce que la réalité est ailleurs...
Bon, rions un peu d’abord. Avec 2000 nouveaux chômeurs par jour, la France mérite humour… Quand il a débarqué à l’été 2008 à la Säbener Strasse (le Milanello munichois), l’abruti New Age venu direct de Californie a révolutionné l’environnement du Bayern. Il a fait installer quatre statuettes de Bouddha sur une terrasse au pied des terrains d’entraînement. C’était drôle au début, mais à l’hiver on a rangé les quatre bibelots dans la soute aux ballons crevés.
Dans son staff, quatre préparateurs physiques et un nutritionniste, arrivés tout droit de Los Angeles : douze adjoints au total pour Klinsi Zen. Why not… Klinsi engage aussi un psychologue du sport. Bof… Klinsi fait aménager le nouveau bus du club avec un plafond bleu étoilé pour favoriser la concentration. Uli Hoeness applaudira le concept : « En arrivant détendus à destination, les joueurs peuvent être performants sur le terrain » . Ben, ouais. Y’a qu’à voir le déplacement à Wolfsburg le 4 avril (défaite 5-1). Le Magic Bus avait quand même coûté 500 000 euros…
Klinsi s’est investi personnellement aussi dans les travaux du centre d’entraînement : 3,7 millions d’euros pour le « Centre de performance ». Salles de Yoga, baby foot et vidéothèque que les joueurs sont incités à fréquenter pour se mater les vieux matches légendaires du club pour relier passé glorieux et avenir radieux… Tout ça pour ça ? Troisième avec 7 défaites en 29 matches. Alors que le Bayern était censé se friser en Championnat.
La vérité, c’est que le Bayern a ramé tout au long de la saison et a traversé après la trêve une série de mauvais résultats au lieu de s’échapper en tête, comme les saisons d’avant (le Bayern est champion d’Allemagne en titre). Le club munichois n’a été qu’une seule fois leader, en début décembre. Inacceptable pour les Rummennigge-Hoeness-Beckenbauer ! Sauf qu’il y a eu beaucoup de dissensions au sein du groupe : les velléités de départ plus que limites de Ribéry, le capitanat problématique ôté puis re-confié à Van Bommel, l’échec sportif cinglant de Podolski (en conflit larvé avec le club), l’avalanche de blessures (Lucio, Van Buyten, Lahm, Klose, tous absents au Nou Camp…), la catastrophe Oddo, la déception Rensing dans les buts, l’épisode comique Landon Donovan (aller-retour LA. California), la peur de ne pas jouer la C1 la saison prochaine ainsi que les déclarations malheureuses de Benoît XVI (Papy Ben est bavarois !)…
L’année de merde, quoi. Et puis l’Homme est mauvais : sa nature jalouse lui fait perdre le sens commun. Ainsi, en Coupe de l’UEFA, ce sont Hambourg et Brême qui représenteront l’Allemagne en demi-finale de l’Eurovision. Même que l’un des deux jouera la finale, et pire : il peut la gagner ! Karl-Heinz, Uli et Franz, ça ne les faisait pas rire. Alors, exit Jürgen !
En fait, c’est la déculottée 4-0 au Barça qui a meurtri les trois dirigeants historiques du Bayern. Il faut remonter à mars 1973 pour retrouver pareille humiliation : un 4-0 légendaire à Amsterdam où l’Ajax de Cruyff avait balayé le club bavarois. Au Bayern, on a le sens de l’Histoire (Beckenbauer était dans la tribune présidentielle du Nou Camp). Et ça a forcément compté dans la décision de virer Klinsi. Sauf que cette décision découle d’un orgueil bien mal placé.
Comme Aulas, Rummennigge, Hoeness et Beckenbauer envisageaient un parcours glorieux en C1, cette saison. Et le contrat avait été bien rempli puisque les Munichois avaient fini premiers de leur poule, en allant d’ailleurs battre l’OL à Gerland (3-2) puis en trucidant le Sporting Portugal en 8èmes (5-0 et 7-1). La catastrophe du Nou Camp a tout changé. Elle a condamné Klinsmann, pourtant privé de quatre joueurs très importants. Le Triumvirat munichois n’a tout simplement pas compris que le Barça était injouable et que le niveau général de la Ligue des Champions est désormais fixé par les intouchables clubs anglais plus Barcelone. Sans compter l’inévitable retour en force des clubs italiens l’année prochaine… Eh ouais, Karl-Heinz, Uli et Franz : le foot allemand, comme le foot français, c’est devenu peanuts ! Les clubs de ces deux pays ne boxent plus dans la même catégorie que MU, Chelsea et Cie.
Saluons au passage la sagesse de Jean-Michel Aulas qui, lui, a bien compris que son OL ne pouvait plus rivaliser avec les cadors continentaux. Il a conservé Puel et laissé du temps au temps quant à ses rêves de victoire finale en Champions League. Reste que si Lyon finit 5ème de L1, peut-être que Puel aura plus de “loisirs” cet été, mais bon…
Alors, voilà : c’est Jupp Heynckes qui remplace Klinsi au pied levé. Coach pas mauvais, vu qu’il a gagné la C1 avec le Real en 98 puis décroché deux titres de champions d’Allemagne en 1989 et 1990… avec le Bayern Munich. Le sens de l’Histoire, toujours.
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