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Kévin Malcuit : « J’ai appelé ma mère pour lui dire que j’arrêtais le foot »

Par Gaspard Manet, à Saint-Étienne
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Kévin Malcuit : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;ai appelé ma mère pour lui dire que j’arrêtais le foot<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Courtisé par de nombreux clubs (dont le LOSC qui vient de faire une offre de cinq millions refusée par l’ASSE), observé par Didier Deschamps, titulaire indiscutable dans son couloir droit, Kévin Malcuit (25 ans) vient de boucler une saison de rêve à Saint-Étienne. Plutôt rapide pour un mec qui n’a découvert la Ligue 1 que depuis deux saisons ? Peut-être. Mais pas tant que ça quand on regarde le parcours déjà pas mal cabossé du latéral stéphanois. Entretien avec un revanchard. Entre désillusion, repositionnement, mental d’acier et renaissance.

Tu viens de boucler une saison pleine avec plus d’une trentaine de matchs et un poste de titulaire indiscutable. Si l’on avait fait l’interview à la même époque l’année dernière (l’entretien a été réalisé en avril, ndlr), la donne aurait été différente puisque tu ne comptais alors qu’une dizaine de matchs. Que s’est-il passé ?
Quand je suis arrivé l’année dernière, je venais de Ligue 2, donc il a fallu que je m’adapte à la Ligue 1. Finalement, c’est vrai que c’était plus une année d’apprentissage, mais je pense qu’il me fallait bien ça pour que je fasse la saison que je viens de faire.

Est-ce que tu as changé quelque chose dans ton comportement, que ce soit en matière d’implication à l’entraînement ou alors au niveau de l’hygiène de vie ? Quand tu arrives au haut niveau, il faut forcément que tu t’adaptes. Tu réalises d’ailleurs que l’hygiène de vie est extrêmement importante. Si tu manges mal, par exemple, ça va se ressentir sur le terrain, et en plus, tu augmentes les risques de blessures. Donc il faut que tu fasses un véritable boulot sur toi-même. Notamment sur l’alimentation et sur le repos.

Ce sont des choses que tu faisais moins quand tu évoluais à l’échelon inférieur ? (Il rigole) Honnêtement, oui. C’est vrai que je mangeais vachement plus mal, je ne dormais pas beaucoup non plus vu que je suis plutôt un couche-tard à la base, mais tout ça, ce sont des choses que je ne peux plus me permettre aujourd’hui. Tu réalises qu’en dehors du terrain, il y a énormément de choses qui comptent. Avant, il m’arrivait de finir l’entraînement, prendre ma douche, et rentrer chez moi dans la foulée. Aujourd’hui, je prends le temps de faire du renforcement musculaire, de bien m’étirer, de boire beaucoup d’eau également. Bref, je prends le temps de bien faire les choses à l’entraînement comme en dehors. Et c’est ce qui fait la différence.

Qu’as-tu appris d’autre lors de ton année d’apprentissage, comme tu l’appelles ? Il y a aussi tout ce qui concerne le club. Il fallait apprendre à le découvrir ainsi que mes coéquipiers. Puis, aussi, découvrir un championnat qui était donc nouveau pour moi. Le coach a jugé qu’il me fallait une saison d’apprentissage, à juste titre. Et après tous les efforts que j’ai faits l’année dernière, je savais que j’étais prêt au moment de commencer cette saison.

Mais, honnêtement, quand tu signes à l’été 2015, tu ne t’attends pas à vivre une saison d’apprentissage… Tu te vois jouer, non ? En même temps, je n’ai pas signé dans n’importe quel club. En signant à l’ASSE, je savais que ça allait être compliqué, car c’est un grand club et j’étais bien conscient qu’il y avait de très bons joueurs à ma place. Mais c’est vrai que lorsque tu sors d’une saison pleine en Ligue 2, toi dans ta tête tu te dis : « Ouais, c’est bon, je vais enchaîner, je vais jouer… » Mais non, la vérité, c’est que ça ne se passe pas comme ça. Et au bout de deux-trois mois, je m’en suis bien rendu compte (rires). D’autant que finalement, il y avait un joueur devant moi qui faisait ses matchs et auquel on ne pouvait rien reprocher, donc c’est le jeu de la concurrence dans les clubs importants.

Mais ça n’a pas été trop dur à vivre, cette situation ? Bah si, au quotidien ça n’a pas été évident. Comme je dis, quand tu étais l’un des joueurs importants de Ligue 2, tu penses continuer sur ta lancée, sauf que d’un coup, tu t’arrêtes. Forcément, ça te met un coup au moral. Mais c’est aussi dans ces situations que tu vois si tu as un gros mental ou non. Personnellement, je sais que j’en ai un. Je suis du genre à beaucoup bosser, à ne pas lâcher. C’est ce que j’ai fait et ça a fini par payer.

Cette force mentale dont tu parles, tu avais déjà dû la montrer plus jeune lorsque tu es à Monaco (il rejoint le centre de formation de l’ASM en 2008, ndlr), en janvier 2012, où après quelques apparitions en équipe première et après avoir signé ton premier contrat professionnel, le club décide de ne pas te garder.
C’est là où les soucis ont commencé. En fait, signer un contrat pro, ça ne veut rien dire, c’est juste un bout de papier. L’important, c’est de jouer. En tout cas, moi ce que je voulais, c’était jouer. Et à vingt piges, tu es un peu impatient. Je pensais vite jouer en pro, puis en fait non, donc j’ai demandé à être prêté au mercato d’hiver 2012.

Quand je suis revenu de prêt à Monaco, Ranieri arrivait et directement il a dit qu’il ne voulait pas de moi, sans m’avoir vu jouer, rien.

Au début, le club ne voulait pas, puis le coach de la CFA m’a dit que c’était mieux pour moi, car selon lui, je n’allais pas voir le monde pro cette année-là. C’est donc comme ça que je me fais prêter à Vannes, sauf que ça s’est très mal passé. Je ne jouais pas, le coach, Stéphane Le Mignan, ne me voulait pas spécialement. Après, quand je suis revenu à Monaco à l’été 2012, c’est le moment où les Russes sont arrivés. Je suis revenu de prêt au moment où Ranieri arrivait et directement il a dit qu’il ne voulait pas de moi, sans m’avoir vu jouer, rien. J’ai juste reçu un appel pour me dire que la direction voulait me voir. Et là-bas, on m’a dit tout simplement qu’on ne voulait plus de moi. Comme ça. En cinq minutes, on t’enlève le contrat pour lequel tu as bossé toute ta vie. Ça fait vraiment mal.

Tu avais signé un contrat de trois ans en 2011. Comment Monaco y met fin un an plus tard ?Bah comme ça. Ils te donnent un an et demi de salaire. Et puis au revoir. Terminé. Et puis comme personne ne m’avait vu jouer, je me retrouve vraiment sans club. Je me souviens qu’à ce moment-là, j’ai appelé ma mère pour lui dire que j’arrêtais le foot. Franchement, j’étais dégoûté… (il enchaîne, très ému, ndlr) J’en avais marre, j’avais bossé toute ma vie pour ça, j’étais parti jeune de chez moi, j’avais tout laissé pour vivre mon rêve et il s’arrêtait net, comme ça. Quand tu signes ton premier contrat pro, tu as l’impression d’être dans un rêve et on t’enlève ça en cinq minutes ? C’est pour ça que je voulais tout arrêter. Et heureusement, le coach de la CFA, M. Barilaro, qui était très protecteur avec moi, a appelé Fréjus pour que je fasse un essai et c’est comme ça que j’ai rebondi là-bas.

Tu rebondis donc à Fréjus, en National, où tu changes même de poste puisque jusqu’alors tu évoluais en tant qu’attaquant, mais le coach fréjusien, Michel Estevan, décide de te faire passer latéral. Pourquoi ? Je me souviens, c’était un mercredi, à l’entraînement. Mais il a vraiment fait ça sur un coup de tête, hein ! On était en pleine séance quand il a fait : « Attendez deux secondes. Kev, tu passes latéral. » Quand tu es attaquant et que tu as vingt ans, le jour où on te fait passer latéral, tu boudes. Dans ta tête, t’es là : « Mais qu’est-ce que tu me racontes, tu ne vois pas que je suis attaquant ? » Et puis en fait, il a vu que je m’en sortais bien, donc il m’a essayé à ce poste en match. D’ailleurs, je me souviens que mon premier match en tant que latéral avec Fréjus, c’est face à la réserve de Marseille, j’ai Jordan Ayew au marquage, et honnêtement, je sors un super match. Du coup, derrière, j’enchaîne tous les matchs à ce poste. Et en plus, c’était latéral gauche, hein, même pas droit.

Comment as-tu fait pour t’adapter à ce nouveau poste ? Déjà, même quand j’étais attaquant, j’aimais bien défendre.

Que Ribéry fasse un passement de jambes ou quoi, je m’en fous. Moi, j’observe le calme de Philipp Lahm ou les débordements de Marcelo.

Après le reste, ça s’apprend, mais honnêtement ça vient plutôt vite. J’avais déjà la vitesse nécessaire pour le poste, après, bien sûr, il a fallu que je bosse tactiquement, car c’est là où je n’étais vraiment pas au point. Mais on apprend, notamment en regardant des vidéos. D’ailleurs, du jour au lendemain, je me suis mis à observer les latéraux lors des matchs que je regardais. Franchement, maintenant, dans un match que je regarde, je ne calcule même plus l’attaquant, je suis fixé sur le positionnement du latéral, voir à quel moment il calme le jeu, à quel moment il accélère. Que Ribéry fasse un passement de jambes ou quoi, je m’en fous, moi j’observe le calme de Philipp Lahm ou les débordements de Marcelo.

Rétrospectivement, tu te dis que tu n’avais peut-être pas les qualités nécessaires pour percer en tant qu’attaquant et qu’il fallait justement que tu trouves ton vrai poste pour y arriver ? C’est vrai que parfois, je me dis que si je n’étais pas passé latéral, je serais peut-être encore en National. Après, quand tu regardes les choses comme ça, tu peux toujours te poser plein de questions. Peut-être que si j’étais passé derrière plus rapidement, j’aurais connu un autre parcours, j’en sais rien. Et peu importe. Je suis très content de mon parcours.

Tu parlais des moments difficiles après la fin de ton contrat à Monaco. Est-ce que ton grand frère qui a six ans de plus que toi et qui est également footballeur professionnel (Samir Malcuit, ndlr) t’a aidé à dépasser cette épreuve ?
Oui, c’est sûr, mais comme toute ma famille. C’est clairement grâce à eux que j’ai pu rebondir. Après, évidemment, comme mon frère connaît le foot, il me donne pas mal de conseils. Il voit les matchs, donc il me dit quand il a vu quelque chose qui n’allait pas. Et puis il me conseille aussi par rapport à mon avenir. Mon frère aussi a connu quelques galères dans le foot, c’était un bon joueur, mais il a manqué de chance, et comme il voit que moi j’en ai une à saisir, bah il ne veut pas que je la rate. Il est là tout le temps, mais comme la maman qui me demande même parfois ce que j’ai mangé (rires).

Ton frère avait également fait une vidéo en octobre dernier pour demander aux gens d’arrêter de t’insulter sur les réseaux sociaux, à la suite de ta décision de ne pas disputer la CAN avec le Maroc. C’est un choix qui a été difficile à faire, de refuser la sélection marocaine ? Non, pas du tout. La CAN, tu t’arrêtes en plein milieu du championnat. Moi, j’étais bien dans ma saison et j’estimais n’avoir encore rien prouvé du tout. Donc je voulais faire une saison entière, pleine, pour confirmer. Je ne voulais pas laisser le coach, l’équipe, en plein milieu de la saison.

D’ailleurs, ton choix est-il arrêté entre la sélection marocaine et française ?

Entre l’équipe de France et celle du Maroc, j’ai une préférence pour la France. Je sais que ça va être compliqué d’y arriver, mais bon. J’ai reçu une pré-convocation, je sais que le sélectionneur me regarde…

Pour être honnête, j’ai une préférence pour la France. Je sais que ça va être compliqué d’y arriver, mais bon. J’ai reçu une pré-convocation, je sais que le sélectionneur me regarde, donc c’est à moi de prouver sur le terrain. Aujourd’hui, mon choix est fait, oui, après on ne sait jamais ce qu’il peut arriver. Quand tu as la double nationalité, tu hésites toujours un peu, mais aujourd’hui ma préférence va à la France.

En fin de saison, les offres te concernant semblaient venir principalement d’Angleterre. C’est un championnat qui t’attire ?C’est un championnat que tout le monde aime, je pense. Mais bon, je ne m’occupe pas de ça. J’ai des gens qui s’en occupent pour moi, c’est leur boulot. Moi, mon boulot, c’est d’être performant sur le terrain. Si je commence à trop me poser de questions, je suis mort. Si je me mets à cogiter sur là où je veux partir, ça va se ressentir sur le terrain et ce n’est pas ce que je veux.

Maintenant que tu as reçu une pré-convocation, ne vas-tu pas faire ton choix en pensant à la prochaine Coupe du monde, à savoir ne pas aller dans un club où tu n’aurais pas une place de titulaire ou même décider de rester pour être dans la continuité ?Peut-être, oui. Après, peut-être que je peux aussi choisir un grand club car je suis meilleur quand j’ai de la concurrence. Je n’ai peur de rien. Mais comme je t’ai dit, de toute façon, je ne me pose pas ce genre de question en ce moment.

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