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Kane, la montée des marches

Par Dave Appadoo
Kane, la montée des marches

Le jeune attaquant de Tottenham est la révélation de ce début de saison en Premier League. Pourtant, son coach Mauricio Pochettino hésite à lui donner sa chance. Bizarre ? Oui, un peu, mais peut-être pas tant que ça. Explications.

Certains y verront un truc un peu cheap. D’autres, une manière de retour aux fondamentaux pas si négligeable. Mais le fait est là, depuis quelques semaines, peut-être bien quelques mois, la nouvelle hype de Tottenham Hotspur s’appelle Harry Kane. Harry who ? Ouais, ouais, l’affaire peut sembler bizarre, surtout quand on parle d’un club qui, il y a deux saisons, pogotait à fond sur les mouvements d’un certain Gareth Bale. Soit un vrai crack, world class, et tout et tout. Alors que là, franchement, mis à part peut-être la coupe de cheveux vintage, on ne voit pas bien le trait d’union avec le dénommé Harry Kane, jeune attaquant propret de vingt et un balais, qui ne doit pas posséder plus du dixième du talent monumental de Bale, désormais en excellente compagnie au Real Madrid. Sans doute la raison pour laquelle quelques-uns peuvent tiquer sévère à l’idée que le jeune Kane puisse désormais ambiancer White Hart Lane alors que Tottenham ne s’est pas non plus transformé en club de district, entre Lamela, Eriksen, Adebayor, Lennon et Chadli, qui ne sont quand même pas des tocards.

Parfum de nostalgie et forces armées royales

Alors, quoi ? Alors le peuple londonien qui arpente Seven Sisters Road a peut-être l’impression que, depuis le départ de son magicien gallois, le club du Nord de la capitale est devenu une sorte d’auberge espagnole (et n’y voir aucune allusion au four représenté par l’arrivée calamiteuse du pauvre Soldado chez les Spurs… quoique !). C’est-à-dire un conglomérat de joueurs venus d’un peu partout, sans réelle unité de pensée, sans réelle ligne directrice. Et dans un club qui s’est souvent appuyé sur une ossature très britannique, cette internationale d’un genre nouveau là-bas laisse perplexe. Dans ce contexte, l’émergence, pourtant à peine embryonnaire, d’Harry Kane figure comme un petit parfum de nostalgie pas désagréable du tout pour quelques grognards à l’accent cockney qui réclame désormais son entrée à chaque match sur l’air de Yellow Submarine, un nouveau clin d’œil à quelque chose de très national. Quoi de plus normal, en fait, pour un type qui pose en photo avec les forces armées royales revenues d’Afghanistan en visite à Enfield (le centre d’entraînement de Tottenham), et qui, par ailleurs, en pince à mort pour les New England Patriots, ça ne s’invente pas.

L’Anglais le plus efficace du moment

Au fond, Kane, sa bouille pâlichonne et son jeu d’un autre âge, ressemblent à son patelin d’origine, Walthamstow, à l’est du Grand Londres, un bled qui a abrité, au hasard, Peter Blake, le designer de la mythique pochette de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, ou encore les East 17 (du nom du code postal du coin). Pop un peu surannée, ou variét’ bon marché, là encore chacun y verra ce qu’il veut. Reste qu’au-delà de ces parallèles avouons-le un poil hasardeux, le bougre porte cette idée jusque dans son jeu. À une époque où les jeunes pousses s’ébrouent tout en skills, Kane, lui, la joue à l’ancienne, tout en sobriété et en efficacité. Ni très rapide (sans être lent non plus), ni très élégant, le Spur est davantage profilé comme un attaquant old school : trajectoire coupée, contrôle-frappe, et pour seul mot d’ordre « le cadre, le cadre, le cadre » .

Lors d’un match amical la semaine passée, les Bleuets ont d’ailleurs fait connaissance avec la froide efficacité de l’international anglais U21, auteur d’un doublé face à Imbula and co, pour un bilan de cinq buts en cinq matchs avec la sélection depuis septembre. Idem avec Tottenham où le blondinet facture neuf pions en sept titularisations, dont un fameux triplé en Ligue Europa face à l’Asteras Tripoli, un festival qu’il conclura en pétard mouillé, une balle savonnée dans ses propres buts par le même Harry Kane prié de remplacer au pied levé dans les dernières minutes… Hugo Lloris qui venait de se faire expulser. Pas de quoi ternir le bilan du meilleur réalisateur actuel en C3 (5 pions) et buteur anglais le plus efficace du moment d’un strict point de vue statistique, que Mauricio Pochettino continue pourtant de laisser sur le banc en Premier League (une seule titularisation, un but) alors même que Tottenham galère méchamment, coincé à une indigne douzième place, fruit notamment d’une attaque atone (14 buts inscrits en 14 journées).

Pochettino doute de lui… Tant mieux ?

Malgré la pression montante de la vox populi, Pochettino ne cède pas. En tout cas, pas encore. « Je comprends les fans : Harry est anglais, jeune et sort de l’académie du club. Je comprends qu’il représente quelque chose de spécial pour notre public. Ceci dit, mes décisions et analyses ne sont faites qu’en fonction de ce que je vois sur le terrain et l’équilibre général de l’équipe. » Ok, ok, mais quand on lui fait remarquer que ses deux titulaires, Adebayor et Soldado, ne comptent que deux petits buts pour l’instant, le manager argentin continue de défendre debout : « Ade et Roberto ont davantage d’expérience malgré tout. Mais Harry est jeune, apporte une bonne énergie et je me réjouis qu’il pousse ses deux aînés. » Certains columnists s’étonnent des réserves du Gaucho pourtant culturellement rompu à ces attaquants pas forcément très spectaculaires, mais qui renardent sévère dans la surface. De plus en plus de voix commencent même à pousser Roy Hodgson à le tester prochainement avec les A, carrément, vu le faible réservoir national, voyez ici le limité Ricky Lambert continuer de recevoir des convocations chez les Three Lions.

Bien sûr, il est évidemment bien trop tôt pour Kane pour aller frayer avec Rooney et cie. Mais l’affaire pourrait s’accélérer. Car Tottenham guette ouvertement le retour sur les pelouses du buteur de Southampton, Jay Rodríguez, blessé aux croisés depuis avril dernier et attendu pour janvier. Pochettino a déjà pris position pour faire venir l’international anglais et, dans cette éventualité, les Saints se verraient bien mettre Harry Kane dans le deal. Peut-être la vraie chance du Londonien qui bénéficierait alors sans doute d’un temps de jeu bien plus conséquent au sein d’une formation qui se porte comme un charme, malgré les nombreux départs l’été dernier, bien en place collectivement et sacrément efficace comme l’atteste son actuelle deuxième place au championnat. Et là, on saura si Harry Kane est le descendant d’une lignée de purs avants-centres sans chichis comme Albion n’en fait plus, ici Lineker, là Shearer, ou encore Alan Smith, Sutton, Andy Cole… Ou s’il est juste un attaquant low cost, sans talent si ce n’est celui d’avoir réveillé une imagerie insulaire ensevelie sous la puissance de la Premier League.

Par Dave Appadoo

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