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Julien Pontes : « La lutte contre l’homophobie de la LFP est une fumisterie »

Propos recueillis par Baptiste Brenot
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De nombreux actes homophobes ont eu lieu lors de plusieurs rencontres de Ligue 1. Un déferlement de haine intolérable, dénoncé par la ministre des Sports Oudéa-Castera. Une réaction qui cache une véritable inertie des pouvoirs publics et des instances dirigeantes du football français, comme le dénonce Julien Pontes, porte-parole du Collectif Rouge Direct, lanceur d’alerte contre l’homophobie dans le football.

Comment avez-vous réagi aux banderoles homophobes déployées à Montpellier ce dimanche? Très rapidement, il y a eu une véritable effervescence au sein des associations de lutte contre l’homophobie. Les informations ont vite circulé entre nous sur les trois incidents matérialisés par des vidéos et des photos. On a vite pris conscience que l’homophobie était actuellement en roue libre dans le championnat de France. On était particulièrement en colère, car cela intervient quelques jours après le suicide du petit Lucas, mort à cause de l’homophobie et de harcèlement scolaire. Il y a eu un choc entre cette tragédie et la multiplication hors de contrôle de faits d’homophobie extrêmement graves, avec des appels au meurtre lors de rencontres du championnat de France.

La ministre s’en prend à un club comme Montpellier, sportivement aux abois, et laisse tranquille l’Olympique de Marseille, dont les chants sont plus anciens et autrement plus graves pénalement.

Êtes-vous satisfait de la réaction de la ministre des Sports, Madame Oudéa-Castera ?Il était temps qu’elle réagisse aux manifestations de l’homophobie dans les stades en France, que nous signalons chaque semaine depuis des années, un problème ancien et toujours impuni. Notre grande déception est qu’elle n’évoque que les banderoles homophobes à Montpellier. Il y a eu un fait bien plus grave, avec le chant au Vélodrome : « Il faut tuer ces PD de Lorientais ». Ce chant relève de la provocation à la haine et de l’appel au meurtre en raison de l’orientation sexuelle. On a des preuves matérielles, documentées depuis des années, de ce chant. La ministre souhaite que des sanctions soient prises dans le football ? Elle s’en prend à un club comme Montpellier, sportivement aux abois, et laisse tranquille l’Olympique de Marseille, dont les chants sont plus anciens et autrement plus graves pénalement. Cela nous interroge. Quand nous signalons des faits d’homophobie concernant Paris, Lyon ou Marseille, voire Nice, il ne se passe rien. Les gros du championnat sont épargnés par les sanctions, qui devraient pourtant les concerner en priorité. Les supporters de l’Olympique de Marseille sont des multirécidivistes, avec de nombreuses vidéos de ces chants documentés depuis 2015. Le club est toujours protégé. C’est inacceptable. Est-ce que le fait que Vincent Labrune, président de la Ligue de football professionnel, ait été président de l’OM, a une incidence ? Nous ne voulons pas le croire, mais le cas échéant, ce serait une forme de conflit d’intérêts. Jean-Baptiste Montarnier, membre du club des supporters de l’équipe de France et militant LGBT, avait rencontré la ministre des Sports au Qatar. C’est lui qui a signalé en premier les chants homophobes à Marseille. Il est urgent que cela cesse, car à l’image du drame du suicide de Lucas, l’homophobie tue. Et des gens dans son cas, il y en a des dizaines de milliers en France. Il est de la responsabilité de la ministre des Sports et de la LFP, qui est sous sa tutelle, de sanctionner de manière sérieuse, rapide et dissuasive ces chants qui relèvent de la provocation à la haine et de l’appel au meurtre. On ne lâchera rien. Ce n’est pas aux associations de porter plainte, et la LFP se défausse sur nous pour réagir face à des faits d’une telle gravité.

Comment prévenir ces problèmes à l’avenir ?Nous demandons tout d’abord à revoir le barème des sanctions. Par exemple, en 2014, une banderole « Bande de tafioles, comportez-vous comme des hommes » brandie par des supporters marseillais avait été sanctionnée de 5000 euros d’amende. Est-ce dissuasif ? La preuve que non. Nous voulons des sanctions graduées, qui prennent en compte les efforts des clubs. Pour des clubs totalement indifférents à la lutte contre l’homophobie, il faudrait des retraits de points et des matchs à huis clos. C’est un délit aussi grave que le racisme ou que l’antisémitisme, les clubs qui ne font rien devraient être exclus du championnat. Nous demandons à ce que les associations de lutte contre les discriminations soient intégrées aux commissions d’observation des matchs ainsi qu’aux commissions de discipline de la LFP. Ces faits sont systématiques et pourtant rarement signalés. Si des militants LGBT, antiracistes ou autres étaient présents dans ces commissions, cela permettrait d’avoir une autre sensibilité que celle des rapporteurs de la LFP. Cela avait été mis en place en 2010 avec le Paris Saint-Germain, ce qui avait bien fonctionné.

Quels efforts peuvent être fournis en matière de prévention ?En 2020, nous avions été auditionnés dans le cadre d’un rapport parlementaire de Marie-Georges Buffet et Sacha Houlié. Nous avions demandé si la LFP avait un véritable plan d’action pédagogique, avec quel calendrier, quels moyens, club par club et avec les supporters. Eh bien, rien du tout. Le plan de lutte contre l’homophobie de la LFP est une fumisterie, du pink washing.

En France, il est encore impossible de sanctionner un chant appelant au meurtre des personnes homosexuelles. Les autres pays avancent, tandis que nous reculons.

Comment cela peut-il changer ?Le problème est que le système de gouvernance du football est très opaque, c’est un véritable État dans l’État. Cela dure depuis des années au sein de la LFP, avec des décisions hors sol quand il s’agit de lutter contre les problèmes de racisme, d’homophobie et de sexisme dans le monde du football. Ce système est à bout, avec notamment les révélations sur les violences sexistes et sexuelles à la FFF. Pour changer les choses, il faut que l’impulsion soit donnée par la ministre des Sports, avec une prise en considération des acteurs luttant contre les discriminations dans le foot, qu’ils soient entendus de manière collégiale, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Nous n’avons hélas aucun signe d’efforts allant dans ce sens. Pourquoi le président du Paris Arc-En-Ciel n’a jamais été sollicité ? Pourquoi le président de l’association de supporters de l’équipe de France n’a pas été écouté ? Pourquoi la prévention au sein des clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 est toujours aussi nulle ? En Angleterre, par exemple, le chant de supporter homophobe Rent boy a été interdit, des clubs de supporters LGBT présents au stade visibilisent la diversité. En France, il est encore impossible de sanctionner un chant appelant au meurtre des personnes homosexuelles. Les autres pays avancent, tandis que nous reculons.

Êtes-vous favorable à l’arrêt des rencontres en cas de propos homophobes, comme cela était débattu en 2019 ?Tout d’abord, interrompre une rencontre n’est pas une sanction, juste une mesure pour que les matchs se déroulent dans un cadre sécurisé. Ce n’est qu’un avertissement, même s’il ne faut pas s’interdire le recours à cette procédure. Le problème est celui des sanctions collectives, qui sont injustes quand nous avons tous les moyens disponibles pour identifier les auteurs de ces infractions. Les clubs peuvent également faire appel à la Direction nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH) pour interpeler les auteurs de chants homophobes ou de saluts nazis. Tous les moyens sont là, il manque juste une volonté d’agir. L’hypocrisie doit cesser. Le suicide du petit Lucas a été un détonateur de notre colère et de notre ras-le-bol. Quand on est harcelé presque constamment, on aimerait avoir la paix quand on va au stade. Quand le harcèlement peut y prospérer, certains risquent d’en ressortir avec l’envie toujours plus pressante de se passer la corde au cou. La commission de discipline se réunira demain (ce mercredi, NDLR), et on ne va pas se laisser faire. Il faut que cela cesse, car l’homophobie tue.

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