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  • SO FOOT CLUB #20
  • Interview Max-Alain Gradel

« J’en ai rien à foutre que Bournemouth ne soit pas dans les favoris »

Propos recueillis par Barthélémy Gaillard et Christophe Gleizes, à Abidjan
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De retour sur les pelouses depuis un mois, buteur il y a quelques semaines pour la première fois de la saison face à Swansea, Max-Alain Gradel a du temps à rattraper. Du coup, l'ancien Stéphanois a accepté de revenir sur quelques points de sa carrière, entre sorcellerie, CAN gagnée et troisième division anglaise.

Salut Max-Alain. Tu es revenu sur les terrains le 27 février dernier, après une absence de six mois due à une rupture des ligaments. Comment as-tu vécu ces mois difficiles ?Je m’étais déjà fait une blessure similaire il y a deux ans, à l’autre genou. Cette fois-ci, je l’ai donc vécu plus facilement, je savais déjà comment ça allait se passer, c’est comme si j’étais prêt mentalement.


C’est quoi le plus dur à vivre quand on est blessé ?

Quand tu lâches dans ta tête, c’est difficile de reprendre le train en marche.

Le travail physique est éprouvant, mais ce n’est pas le principal. Le plus dur, c’est d’arriver à se reconstruire un mental. Dans ces moments de solitude, il suffit d’un moment de faiblesse pour tout abandonner. Quand tu lâches dans ta tête, c’est difficile de reprendre le train en marche. 
Savoir encaisser les coups durs, c’est ta force ? Oui. On peut me trouver plus ou moins bon sur un terrain, mais la seule chose qu’on ne peut pas m’enlever, c’est mon mental. C’est ma plus grande qualité de footballeur. Un mental, ça se forge soi-même, ça ne se vend pas au marché. Quand je suis revenu de ma première blessure, je suis allé au Mondial, puis j’ai fait ma meilleure saison à l’AS Saint-Étienne avant d’enchaîner sur la CAN… Pour faire ça, il faut vraiment être costaud. Je dis ça preuve à l’appui, ce ne sont pas des paroles en l’air.

Tu as pensé quoi des journaux ivoiriens et britanniques qui ont assuré que tes blessures sont liées à une histoire de sorcellerie ? D’après le Sun, ta famille t’aurait marabouté suite à une embrouille avec ta sœur… (Il sourit) Ah, moi aussi, j’ai lu cet article, ça m’a fait marrer. Ils disent que ma famille m’a envoûté pour me punir, que je me suis disputé avec ma sœur et mes oncles. C’est n’importe quoi ! Nabil Fekir s’est fait les croisés en début de saison. Est-ce qu’il a lui aussi été envoûté par sa famille ? À la même période, je peux vous citer des dizaines d’autres joueurs qui se sont blessés. Si chaque rupture des ligaments croisés était l’œuvre cachée de l’entourage, on n’en sortirait pas… Après, on ne peut pas empêcher les gens de parler et de dire n’importe quoi.


On ne peut pas nier néanmoins que le foot africain ne va pas sans un peu de mysticisme…Bien sûr, ce sont des choses qui existent. Mais je connais des sportifs européens qui pratiquent ce genre de choses aussi.

Cette polémique dans les journaux ivoiriens prouve en tout cas que tu es devenu une vraie star, presque un people en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, les gens me reconnaissent, c’est vrai. Parler de moi, cela fait vendre des journaux. Il faut savoir prendre les choses comme elles viennent. Qu’on parle de toi en bien ou en mal, l’important, c’est qu’on parle de toi, sinon tu n’existes pas.

Tu as complètement changé de statut depuis cette CAN victorieuse qui t’a aussi valu le titre de meilleur joueur ivoirien de l’année 2015…Ce titre, c’est ma fierté.

Le titre de meilleur joueur ivoirien de l’année 2015, c’est ma grande fierté.

La concurrence était rude avec des joueurs comme Yaya Touré, Salomon Kalou, Gervinho, Wilfried Bony et Serge Aurier pour ne citer qu’eux… C’est un titre que j’accepte avec beaucoup d’humilité et de sérieux. C’est sûr que cette année a beaucoup changé ma vie, mais je ne m’enflamme pas, c’est Dieu qui choisit chaque chose. Je m’en tiens à la Bible qui dit : « La fin vaut mieux que le commencement. » J’adore cette phrase qui veut dire beaucoup de choses. Je ne suis pas pressé, je fais ce que j’ai à faire et Dieu s’occupe du reste.

Vous avez gagné la CAN en février 2015 après une victoire aux tirs au but contre le Ghana, vingt-trois ans après la finale de 1992, déjà remportée contre le Ghana, aux tirs au but aussi. C’est quand même un signe du destin assez incroyable. Tu y vois la marque de Dieu ?C’est sûr que c’est par la grâce de Dieu. Il n’y a qu’à voir la manière dont on a gagné, au bout du suspense, après une si longue attente pour tout le pays (0-0, puis 9-8 aux tirs au but après une interminable séance, ndlr). On rate les deux premiers tirs au but, puis on revient et on gagne. C’était écrit. Tout ça, c’est Dieu. Et même si on regarde mon parcours personnel, cette CAN, j’ai énormément galéré pour pouvoir y participer, ce n’était pas gagné d’avance pour moi.

Qu’est-ce qui t’est arrivé ?Avant le stage de préparation, Saint-Étienne ne voulait pas me laisser partir parce que j’avais une gêne à la cuisse. J’ai dû me bagarrer avec le club pour partir à la CAN. Ensuite, arrivé en sélection, j’ai pris un tacle qui a failli me casser la jambe lors d’un match amical contre le Nigeria. J’étais blessé, le sélectionneur Hervé Renard a hésité à me conserver dans le groupe. Mais je l’ai convaincu de ma motivation, on a discuté longuement. J’ai dit à Hervé : « Vu comme les éléments se sont ligués contre moi pour m’empêcher d’aller à la CAN, si j’y vais, quelque chose va se passer. » Il a dit « OK » .

À ton retour de la CAN, tu es en feu et tu enfiles les pions avec Saint-Étienne : 13 en 15 matchs jusqu’à la fin de la saison. Derrière, tu signes à Bournemouth, club où tu avais déjà évolué quand tu avais 20 ans… Drôle de choix ?J’avais d’autres offres en Angleterre, venant de clubs comme Everton ou Watford, avec des effectifs plus solides sur le papier, composés de beaucoup de joueurs internationaux. Mais j’ai fait un choix de loyauté. J’accorde beaucoup d’importance au passé.

Quand les gens sont là pour toi, il y a un moment où il faut savoir rendre la pareille. Je voulais revenir à Bournemouth parce que je suis comme ça, c’est mon histoire.

Bournemouth, c’est le club qui m’a lancé en senior, j’y ai toujours été attaché et maintenant j’ai l’occasion de leur renvoyer l’ascenseur. Avec le coach Eddie Howe, on a une très belle relation d’amitié, on s’appelle très souvent, c’est une relation qui date de mon premier passage là-bas. Lui et le reste de l’encadrement ont été présents pour moi quand j’ai perdu ma mère. Pour moi, ça n’a pas de prix. J’en ai rien à foutre que Bournemouth ne soit pas dans les favoris, c’est quelque chose qui dépasse le cadre sportif. Quand les gens sont là pour toi, il y a un moment où il faut savoir rendre la pareille. Je voulais revenir parce que je suis comme ça, c’est mon histoire. Là-bas, je me sens à ma place.

Tu considères que c’est là-bas que ta carrière a vraiment commencé ?Oui, le coach Kevin Bond m’a fait confiance tout de suite. Tout s’est très bien passé puisque j’ai fini la saison 2007-08 à 11 ou 12 buts, ce qui était vraiment bien pour ma première saison en senior. Ironie de l’histoire, on est montés en deuxième division, pendant que Leicester, le club auquel j’appartenais et qui m’avait prêté à Bournemouth, était relégué en troisième division.

Du coup, Leicester t’a rappelé… Oui, ils avaient vu que j’avais brillé et ont exigé mon retour. Avec Leicester, on a fait une belle saison en troisième division, on est tout de suite remontés. Mais une fois arrivés en Championship, Nigel Pearson, le coach de l’époque, ne m’a plus fait confiance. Du jour au lendemain, je n’avais plus de temps de jeu. Il m’a expliqué que selon lui, j’étais bon uniquement pour la troisième division, que je n’avais pas le niveau suffisant pour l’échelon supérieur. Moi, je suis un homme de défi, je lui ai dit : « OK, on verra si tu as raison. Dans quelques années, on en reparlera. »

Et alors, tu l’as revu depuis ?Oui, quand j’ai commencé à flamber à Leeds. L’année où j’ai mis 18 buts et sept passes décisives en championnat. Mais bon, Nigel, c’est un homme d’honneur au moins, il m’a serré la main et il m’a dit : « Bravo, je n’y croyais pas, mais vraiment je suis impressionné. » J’étais content, c’était pas possible de me dire ça, je pouvais pas laisser passer (rires). C’était une bataille de gagnée. Ça m’a donné le goût de mieux faire encore.

Tu as d’autres passions en dehors du foot ?


Là, en ce moment, je fais tout pour que l’interview se passe bien, je mets du mien pour que vous soyez satisfait et les lecteurs aussi.

Ça va vous étonner, ma passion en dehors du foot, c’est que j’aime les gens, j’aime les rendre heureux. Comment je fais ? (rires) Je ne sais pas, c’est difficile à expliquer. Mais là, en ce moment, par exemple, je fais tout pour que l’interview se passe bien, je mets du mien pour que vous soyez satisfait et les lecteurs aussi. Ma manière de faire et d’agir fait que les gens autour de moi sont à l’aise et contents. C’est comme ça que je fonctionne.

==> Le reste de l’interview est disponible dans SO FOOT CLUB #20, actuellement en kiosque

Dans cet article :
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Federico Valverde of Uruguay on the attack during the 2022 FIFA World Cup match between Ghana and Uruguay held at Al Janoub Stadium in Al Wakrah, Qatar on 2 December 2022 © Alain Guy Suffo/Sports Inc - Photo by Icon sport   - Photo by Icon Sport
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