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« La répartition des fonds CVC est profondément injuste pour Le Havre »
Mardi, le juge des référés du tribunal judiciaire de Paris s’est déclaré incompétent concernant la demande du Havre de suspendre l’accord LFP-CVC. Pas de quoi décourager Jean-Michel Roussier, le président du HAC, prêt à poursuivre le combat que mène son club, seul contre tous.
Le juge des référés du tribunal judiciaire de Paris devait examiner la demande du Havre de suspendre l’accord entre la LFP et CVC. Quelle a été sa décision, rendue ce mardi ? Le juge des référés s’est déclaré incompétent. Cela m’a surpris, parce que cette décision est en contradiction avec un délibéré du Conseil d’État en date de 2022, dans le cadre d’une action menée par Amiens contre la LFP. Le Conseil d’État avait alors considéré que tout ce qui concernait les dossiers commerciaux de la Ligue, comme les droits TV, ne relevait pas du tribunal administratif, mais exclusivement du tribunal judiciaire. On a pris acte de cette décision, point. Maintenant, ce qui compte, c’est l’action sur le fond, qui va démarrer au mois de février.
Pouvez-vous nous rappeler en quoi cet accord LFP-CVC est défavorable au HAC ? Quand l’accord avec CVC a été conclu, l’ensemble des clubs a occulté qu’il était possible qu’une équipe de Ligue 2 monte en Ligue 1. Ce n’est pas tant l’accord en lui-même le souci, c’est la répartition des fonds, qui est profondément injuste pour Le Havre. Dimanche dernier, on a reçu Lyon au stade Océane. On est dans la même division, on joue tous les deux en Ligue 1. Or, l’OL a touché, dans le cadre du deal CVC, 90 millions d’euros. Nous, 1,5 million d’euros. Et je ne parle même pas du PSG (qui a encaissé 200 millions d’euros, NDLR). Il faut bien comprendre que cet accord n’a rien à voir avec les critères des droits TV. Il n’y a pas de notion de notoriété, ni d’exposition à l’étranger.
𝗛𝗔𝗖 / 𝗟𝗙𝗣 : 𝗹𝗲 𝘁𝗿𝗶𝗯𝘂𝗻𝗮𝗹 𝗷𝘂𝗱𝗶𝗰𝗶𝗮𝗶𝗿𝗲 𝗷𝘂𝗴𝗲𝗿𝗮 𝗹𝗲 𝗱𝗼𝘀𝘀𝗶𝗲𝗿 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗳𝗼𝗻𝗱 ! 📝
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— Havre Athletic Club ⚽️ (@HAC_Foot) January 18, 2024
Au fond, Le Havre n’aurait-il pas été mieux loti en restant en Ligue 2 ? Sportivement, évidemment que non. Mais dans l’absolu, oui, parce que n’importe quel club de Ligue 2 a touché le double de la somme que nous avons touchée.
L’accord avec CVC a fait l’objet d’un nouveau vote lors de l’assemblée générale de la Ligue organisée le 23 novembre dernier. Quelle a été l’attitude des autres présidents ? Ils ont revoté l’accord aussi rapidement que la première fois. Les présidents, vous ne pouvez pas leur demander de renoncer à 33 millions d’euros pour les uns, 80 millions pour d’autres. Manifestement, chacun était très satisfait de l’accord. Beaucoup m’ont même indiqué que c’était un « top accord », de façon presque véhémente pour certains. Les 13% qu’il faudra reverser à vie à CVC, ça, personne n’est revenu dessus. Pour l’instant, ce n’est visiblement pas un sujet. Pourtant, ils avaient une chance de prendre conscience de ce problème, étant donné que ça n’avait pas été le cas en avril 2022. Ils avaient une deuxième chance. Mais ça n’a pas plus déclenché que la première fois. Je pense que ça va commencer à faire tilt quand les premiers prélèvements de CVC seront effectués.
On a l’impression que vous êtes complètement seul à mener ce combat… Je ne me fais pas beaucoup d’illusions sur mes collègues présidents de club. Pour l’instant, on est effectivement seuls, mais ce n’est pas un souci.
Quelle va être la suite de ce combat judiciaire ? La procédure sur le fond va prendre du temps. On s’y est préparés. Il y a un certain nombre d’actions qu’on va mener, pour réunir plus de monde derrière nous. Car comme vous venez de le constater, pour le moment, nous sommes seuls.
Propos recueillis par Raphaël Brosse