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Jean-Michel Aulas, on se lasse
Comme durant chaque crise traversée par l'OL ces dernières années, le président Jean-Michel Aulas a repris la barre pour piloter le bateau. Mais entre un remaniement interne et des résultats décevants à gérer, il en a oublié que la communication, c'est la clé. Résultat, toutes ses déclarations sont contre-productives, et c'est sa réputation entière qui prend un sacré coup sur la caboche.
Le 5 décembre dernier, plus de 3800 personnes ont aimé un tweet lyonnais teinté de nostalgie : « Il est passé où cet OL-là ? » accompagné du but sublime de Lucas Paquetá en début de saison contre Clermont. Parmi eux, Jean-Michel Aulas. Le début d’un calendrier de l’avent où chaque jour est une case contenant une déclaration à côté de la plaque de « JMA Président de l’OL Créateur et Pt de CEGID », selon sa bio Twitter. À la base, ça partait d’une bonne intention. Comme dans chaque période de crise à l’OL, c’est le président historique qui reprend la main sur la communication pour balayer devant sa porte et repartir sur des bases saines. Mais pour ce cru 2021, le pompier est devenu plus que jamais pyromane. Entre un contexte sportif compliqué, la future démission de Juninho et le fiasco OL-OM, les braises étaient déjà bien chaudes. Mais à chacune de ses sorties médiatiques, Jean-Michel Aulas a ravivé les flammes, rendant la situation complètement foireuse.
Un tonton complotiste sur Facebook
Sa dernière bafouille est d’ailleurs symbolique de la situation risible. Présent lors d’une assemblée générale d’OL Groupe, il a cru bon apporter une précision sur le supporter qui avait jeté une bouteille en pleine tête de Dimitri Payet : « On a découvert sur son Facebook que l’individu était supporter de l’OM. » Comme beaucoup de personnes dépassant les 50 piges depuis la crise de la Covid, il a cru bon de s’informer via Facebook. Une mauvaise idée déconstruite immédiatement par l’avocat du supporter, qui n’aurait que liké la page de l’OM, alors qu’il est un vrai adepte de l’OL dans la vraie vie : « Il va au stade depuis vingt ans, une quinzaine de fois par an. Il a suivi la montée de Lyon en Ligue 1 avec les titres. » La sortie, moins bien contrôlée que celles d’Anthony Lopes grande époque, s’ajoute à un dossier qui a pris de l’épaisseur lors d’une interview accordée à L’Équipe où il a enchaîné les saucisses avec une certaine décontraction : « Si j’avais pu retenir Juni, je l’aurais retenu, mais il avait du mal à assumer cette fonction. Que tout le monde le regrette aujourd’hui, je l’espère. Mais je n’en suis pas certain. Si on va le remplacer ? Je ne sais pas encore. On n’a pas tranché. Peut-être que oui, mais je ne sais pas. »
Le syndrome de Calimero
Cerise sur le gâteau, ses mots sur son OL à la pointe de la modernité : « Je fais partie des gens qui considèrent que ce n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup de scouts. À Lyon, on a fait des investissements considérables avec des équipes informatiques pour avoir toutes les bases de données vidéo. Tous les gens qui s’occupent du recrutement ont ces outils. Quatre personnes pour superviser ça, c’est largement suffisant. » En une phrase, Jean-Mimi a rappelé à tout le monde qu’il avait 72 ans. Que sa vision du football ne soit pas actualisée, ça peut se comprendre. Après tout, son OL a déjà triomphé comme ça. Mais qu’avec son expérience, il n’ait pas le recul suffisant pour éviter de sortir une telle ânerie, c’est plus surprenant. À force de vouloir défendre son club, son argent et ses joueurs, le président marrant et charrieur est devenu un vrai Calimero, s’autocaricaturant en permanence. Évidemment, il en faudra plus pour entacher 34 ans d’une formidable présidence. Mais c’est déjà largement suffisant pour avoir envie de lui confisquer téléphone et micro. Lui qui a décidé de réitérer sa confiance en Peter Bosz, son entraîneur néerlandais, devrait peut-être s’inspirer d’un autre Oranje. Lorsque Max Verstappen était dans le dur cette saison en Formule 1, il a préféré faire une diète médiatique pour rester focus et revenir plus fort, avec la réussite que l’on connaît. Apprendre d’un gars qui sait toujours contrôler ses dérapages, c’est forcément une bonne idée.
Par Emile Gillet