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Jamel Debbouze : « Zidane est un roi obligé de porter sa couronne toute sa vie »

Propos recueillis par Maxime Marchon
Jamel Debbouze : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Zidane est un roi obligé de porter sa couronne toute sa vie<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Quand on pense à Zidane, on pense roulettes, tonsure, carton rouge, col roulé, Volvic, première étoile, Arc de Triomphe... mais aussi, forcément, à « Zimdine Zimdane ». Entretien avec le père de ce pseudonyme et immense admirateur de Zizou : Jamel Debbouze.

Te souviens-tu de la première fois où tu as entendu parler de Zinédine Zidane ? C’est un peu confus, car c’est arrivé dans le quartier de plein d’endroits différents. Presque d’un coup. Il y avait un Kabyle à Cannes qui faisait des trucs de fou. Et la première fois que je l’ai vu jouer, c’était à Bordeaux. J’étais là-bas, j’ai forcé l’invitation. J’avais envie de voir ce prodige.

On a dû avoir affaire aux mêmes difficultés, on les a passées sans être frontal, sans jamais en vouloir à qui que ce soit, on n’a jamais été revanchards. On a cet amour commun de la France.

Et la première rencontre ? J’ai lu que c’était à Clairefontaine. Tu déclarais : « Quand on s’est regardés, il s’est passé un truc très fort. » Quoi ? On s’est rencontrés en 1997, un truc comme ça. J’étais sur H, je jouais mon spectacle en même temps. Il s’est passé que je suis tombé amoureux du numéro 10 de l’équipe de France. Qu’un mec de ma génération, qui vient à peu près du même endroit que moi, qui a grandi dans un quartier, la Castellane, nos parents ont eu le même parcours, qu’il porte le maillot de l’équipe de France avec l’écusson sur le torse, et qu’il soit aussi fort que Maradona et Pelé… Eh bah ouais, ça fait quelque chose. Il y a tellement de choses en commun… On a dû avoir affaire aux mêmes difficultés, on les a passées sans être frontal, sans jamais en vouloir à qui que ce soit, on n’a jamais été revanchards. On a cet amour commun de la France.

Lequel des deux était le plus intimidé ?Moi. (Silence.) Lui. (Silence.) Non, mais moi. Franchement, lui aussi. On fait les fanfarons, mais quand on est touché, on se la ramène pas. J’étais très impressionné, il a un tel charisme.

Vous avez réussi à vous dire des trucs ?Je lui ai dit : « Ça va ? » Il m’a répondu : « Très bieng. Et toi ? » Je lui ai répondu : « Ça va bien, ouais. » Il m’a dit : « Je suis conteng de te connaître. »

Il t’a dit qu’il avait tes deux DVD…Ah oui. Mais ça, c’était plus tard. Quand j’allais le voir au Real. Un jour, j’ai vu dans le coffre de sa voiture un DVD de mon spectacle et un du best-of. Ça m’a vraiment touché. (Rires.) Il était fan, et c’était déstabilisant, quand une légende aime bien ton travail. J’ai eu la chance de me retrouver dans sa chambre d’hôtel, au vert avec les Galactiques. Dans le couloir, il y avait Roberto Carlos et Figo qui jouaient en slip avec une balle de tennis… Ça me marquera toute ma vie, car j’avais l’impression d’être avec les mecs de mon quartier.

Son père Smaïl raconte dans son autobiographie que Zidane dans l’intimité est vraiment différent du personnage public. À quel point il est différent ? Quand il est avec ses amis, qu’il ne se sent pas jugé, évidemment il se lâche. C’est un des mecs les plus marrants et vivants que je connaisse. C’est un ouf même. Il fait n’importe quoi. C’est lui le clown de sa famille, à toujours mettre la bonne humeur. Mais j’ai pas l’impression que Zidane est perçu comme quelqu’un de pas bon vivant. Avec l’équipe de France 1998, il a relancé I Will Survive. C’est pas rien quand même… (Rires.) On s’est rencontrés par le rire, on a commencé à déconner et on n’a pas arrêtés, comme dans les quartiers, où on passe son temps à dédramatiser, à rire de tout.

C’est un des mecs les plus marrants et vivants que je connaisse. C’est un ouf même. Il fait n’importe quoi. C’est lui le clown de sa famille, à toujours mettre la bonne humeur.

Encore une autre citation. Tu as dit un jour : « Tout le monde rêverait d’être Zinédine Zidane. » C’est pas dur d’être une légende vivante ? Tout le monde rêverait d’être Zidane quand il est dans la surface de réparation. Ou quand il danse comme le Bolchoï. C’est comme ce fantasme d’être roi. On ne parle pas de président, élu pour quelques mois ou années. Zidane est comme un roi obligé de porter cette couronne toute sa vie. Ces gens sont emprisonnés dans leur légende. Le mec, c’est une légende de son vivant, merde ! Ce coup de tête à Materazzi, ça a bousculé la Terre entière, mais ça a remis certaines choses à niveau. Déjà pour lui. On l’a tous mis trop haut. Pour un humain, ça peut être lourd à porter. Même si franchement, il le porte super bien. Regarde ce qu’il a fait après… Trois Ligue des champions, c’est incroyable. Et cette famille… Elle tient sur des bases solides et des grandes valeurs.

Tu comprends les critiques de personnalités comme Rachid Taha ou JoeyStarr qui se plaignent de son côté apolitique et robinet d’eau tiède ? Il a raison d’avoir la position qu’il tient. Il n’a pas besoin de représenter. Donner son avis, c’est diviser. Lui, il est capitaine de l’équipe de France, il est numéro 10, il porte le brassard, donc il est obligé de fédérer et de rassembler. Ceux qui ne sont pas contents, qu’ils aillent manger du fromage. (Rires.) J’ai envie de leur répondre : « Faites déjà le quart de ce qu’il a fait. » Ne serait-ce qu’en jouant comme il a joué, il a rassemblé. D’une manière folle. Il a fait en sorte qu’on gagne la Coupe du monde. Il était mal parti pourtant.

« Il a aboli le racisme pendant 48 heures. » C’est une des phrases de ton discours à la cérémonie UNFP pour la remise de son trophée d’honneur en 2007. Derrière la blague, à quel point tu y crois en le disant ? J’y crois quand je le dis. C’était l’ère Jospin-Chirac. Il y avait une cohabitation. Le Front national était au plus bas. Même économiquement, les caisses de la France étaient pleines. Et ces deux buts, ils ont concrétisé ça. Ça n’a pas duré longtemps, mais on a pu y goûter. Surtout moi. Je me souviens d’une couverture de Télérama, le titre : « Beur is beautiful. » (Rires.) Je ne pense pas qu’ils titreraient ça aujourd’hui. Cette phrase à la cérémonie UNFP, c’était pensé, vécu et ressenti. J’étais tellement fier de lui avoir dit. Je l’ai écrite avec Jean-Pierre Bacri, si tu veux tout savoir. Faut rendre à César ce qui est à Bacri. C’est des heures de conversation autour de Zidane, de l’équipe de France, de la France, du bon moment qu’on goûtait. Bon après, il y a eu le 11-Septembre… (Rires.) Là, il fallait qu’on se réorganise.

Comment tu l’as convaincu de jouer dans Astérix aux Jeux olympiques ?Il y a eu deux choses. D’abord, j’ai trouvé un super blase : Numérodix. Juste pour cette vanne, il a ri une demi-heure. Et puis, être dans Astérix, c’est quand même cool, une nouvelle expérience pour lui. C’est une magnifique carte postale de ma vie, cette séquence, je la revois de temps en temps. C’est con qu’on n’ait pas filmé les répétitions dans sa loge. Y avait Véronique, on a vraiment bossé. Sa réplique « Putaing, il est pourri mon truc », il l’a balancée direct, comme si on allait à une soirée et que j’avais un plus beau costume que lui.

Tu le sentais stressé ? Vous avez fait beaucoup de prises ?Mais pas du tout. On ne travaillait pas, on s’amusait entre amis. Vraiment. J’ai ça avec des professionnels, avec Gad… C’était un des meilleurs moments de ma vie. D’une, je fais une scène avec Zinédine Zidane. Mais le jackpot, c’est quoi ? C’est que je rencontre la femme de ma vie sur le tournage. (Mélissa Theuriau, venue faire un sujet pourZone interdite, NDLR.) Ce tournage vaut très cher à mon cœur, il est empreint de plein de choses. J’étais tellement content, détendu. Lui aussi. C’était une récréation.

T’étais aussi à l’aise le jour du match contre la pauvreté entre les amis de Zidane et de Ronaldo, quand tu reçois une passe de Zizou et que tu te retrouves en face à face avec le gardien devant tout le public du Vélodrome ?C’est fou le parallèle, car c’est exactement ce que j’allais te dire. Il m’a mis tellement à l’aise, que j’étais complètement déstressé. Petit passement de jambes l’air de rien. Sur une passe en profondeur de Zinédine Zidane. Petit filet, cousin. Imparable. (Rires.) Il a ce pouvoir de mettre les gens dans les meilleures dispositions. Et j’ai pris exemple sur des mecs comme lui quand j’ai dû faire Le Marrakech du rire ou le Jamel Comedy Club. Quand tu as une équipe et que tu dois emmener des gens, il faut être vraiment détendu.

Chez lui, c’est naturel, tu dirais ?Ouais. Tu as bien vu comment il mène ses équipes sur le terrain ou sur le banc. C’est intrinsèque, presque animal. Il a un neuvième sens. Une intelligence spatiale différente de la nôtre. Il ne voit pas un carré comme toi. Il ne sait pas qu’il est mathématicien. Il croit qu’il est footballeur.

Il a un neuvième sens. Une intelligence spatiale différente de la nôtre. Il ne voit pas un carré comme toi. Il ne sait pas qu’il est mathématicien. Il croit qu’il est footballeur.

Anecdote folle : il se dit que tu étais dans sa chambre avant la finale de 2006.Avant le match ? Non, c’est faux. Mais j’étais là en 1998, le soir après la finale, à Clairefontaine. J’ai fait un tour comme ça, en catimini. Lui, il était plus sérieux que tous les autres. 2006 en revanche, j’étais dans le stade.

Comment tu as vécu ça ? Je suis arrivé en retard. Heureusement, le mec avait une télévision dans son taxi. Ça grésillait, mais j’ai vu la panenka. Je suis arrivé au stade et après, frère, j’ai rien compris. Car on voyait pas bien. Il y avait un tel flou… Quand on a fini par comprendre, c’était un cataclysme. Tu sais pas comment le vivre. J’ai pleuré. Et je suis rentré chez moi.

T’as vraiment appelé ta fille Zizou ? (Il appelle sa fille Lila.) Zizou, viens voir. Dis « bonjour ». (Elle dit « bonjour » .) Il nous a fait un tel effet. On a été portés par lui et par toute cette génération. Eh bah ouais, évidemment j’ai failli appeler ma fille Zizou jusqu’à l’intervention de ma femme. C’est un homme qui a été très important dans ma vie. Il a été moteur, profondément. C’est grâce à lui, inconsciemment, que j’ai fait autant de choses. Je te jure. Le premier Marrakech du rire, je te donne un scoop, il était voué à mourir dans l’œuf. Une semaine avant, il y a l’attentat d’Argana (nom du café sur la place Jemaa el-Fna où une bombe, actionnée à distance, a explosé le 28 avril 2011, NDLR), les gens avaient peur de venir. C’est le premier à m’avoir dit oui, et tout le monde a débarqué. Derrière, moi et Omar Sy, on fait un sketch où on raconte qu’on coupe ses jambes et qu’on part les vendre place Jemaa el-Fna… (Rires.) Sa maman n’a pas apprécié, et je m’excuse encore mille fois si cela l’a touchée. Ma mère aurait réagi de la même manière, sauf qu’elle aurait cherché à me retrouver.

Il fallait finir par une citation. Tu l’as dit sur le ton de la blague. Mais à quel point « c’est l’homme de ta vie » ? T’es con ou quoi ? Tu veux que je fasse mon coming out ? (Rires.)

Entretien issu de notre livre consacré à Zinédine Zidane, disponible ici.

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Propos recueillis par Maxime Marchon

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