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Il était vraiment bien, ce premier tour de l’Euro ?

Eric Maggiori
7 minutes
Il était vraiment bien, ce premier tour de l’Euro ?

Ça y est, les phases de poules ont rendu leur verdict : Grèce, République tchèque, Allemagne, Portugal, Espagne, Italie, France et Angleterre sont les huit qualifiés pour les quarts de finale. Bilan de ces 24 premières rencontres de la compétition.

Oui, parce qu’il y a eu des buts dans toutes les rencontres et donc aucun 0-0

Des 3-2, des 2-1, des 4-1… Bref, on a eu tous les scores pendant cette phase de poules. Tous, sauf un : le fameux « score nul et vierge » . Oui, pas de 0-0 : ce n’était plus arrivé depuis la phase de groupes de l’Euro 1988, à la différence qu’il n’y avait que 8 équipes, et non 16, à l’époque. Et c’est tant mieux pour le spectacle. La seule rencontre qui a failli se terminer sur ce score, c’est le Croatie-Espagne, décidé par Jesús Navas à la 89e minute. D’un point de vue général, toutes les équipes se sont donné le mot pour offrir du spectacle et tenter, dans la mesure du possible, de régaler. On n’a pas vu de catenaccio outrageux, excepté peut-être celui de l’Angleterre contre la France au premier match, on n’a pas vu non plus d’équipe qui a souhaité par tous les moyens faire déjouer son adversaire avant même d’essayer de jouer. En gros, les 16 représentants ont tenu leur rang, même si certains se sont viandés lamentablement. 60 buts ont pour le moment été inscrits (moyenne de 2,5 par match), ce qui fait un total parfaitement dans la moyenne par rapport aux phases de poules des éditions précédentes : 57 en 2008, 64 en 2004 ou encore 65 en 2000. En ce qui concerne la beauté des réalisations, on ne va pas se plaindre non plus. Entre les reprises acrobatiques de Balotelli et Zlatan, la frappe de poney de Błaszczykowski, la Madjer de Welbeck ou encore la roulette+frappe de Mario Gómez, il y aura de quoi concocter un joli « Top Buts » à la fin de la compétition.

Oui, parce que les gros sont au rendez-vous, sauf les Pays-Bas

L’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la France, l’Angleterre, le Portugal : les gros bras n’ont pas manqué leur entrée dans la compèt’. Mention spéciale à la Germanie, seule équipe capable d’aligner trois victoires, qui plus est dans le groupe annoncé comme « groupe de la mort qui fait peur » . Costaude derrière avec un immense Hummels, assassine devant avec sa doublette Podolski-Gómez, l’Allemagne se pose en sérieux candidat à la victoire finale. Au même titre que l’Espagne, moins impressionnante qu’il y a quatre ans, mais toujours là. Les champions du monde ont peiné contre l’Italie, déroulé contre l’Irlande et risqué contre la Croatie. Mais bon, doit-on rappeler leur parcours en 2010, avec une succession de victoires 1-0 à l’arrachée ? Satisfaction aussi pour le Portugal, l’Angleterre et l’Italie, que l’on met toujours dans le sac des équipes qui « une fois qu’elles sont sorties des poules, peuvent aller au bout » . Quant aux Bleus, la défaite d’hier face à la Suède risque de mettre un sacré coup au moral des troupes de Laurent Blanc avant d’affronter l’Espagne. Mais les grands absents, ce sont les Pays-Bas. Trois défaites en trois matchs, une défense à pleurer, des égos qui implosent. On est un peu triste pour eux, mais d’un autre côté, on ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire face à un tel fiasco, tant la formation Oranje était arrivée en Pologne et en Ukraine avec ce brin d’arrogance et de certitude qui fait son charme quand elle gagne. Et aussi quand elle se rétame.

Oui et non, parce que d’un côté les grands joueurs sont là, et d’un autre, les grands joueurs ne sont pas là

L’Euro, c’est la magie, c’est l’une des compétitions que l’on attend pendant quatre ans. Alors oui, on voudrait que tous les grands acteurs du football européen soient au rendez-vous. Pourtant, lors de ce premier tour, le constat est là : il y a ceux qui sont dedans, et ceux qui passent totalement à côté. D’une part, les Pirlo, les Xavi, les Ribéry, les Iniesta qui régalent avec des passes folles, des courses, des gestes de grande classe et des numéros de haute-voltige. Il y a aussi les Gómez et les Fàbregas, qui répondent présent dans les grands moments. Ou encore les Cristiano Ronaldo et les Zlatan, capables, pour l’un d’offrir la qualification aux siens après avoir vécu deux premiers matchs cauchemardesques, pour l’autre de transcender son équipe alors qu’elle est déjà éliminée. Mais à côté de cela, on trouve le lot des déceptions. On attendait Huntelaar et ses 29 buts en Bundesliga. On a juste vu son tout petit nez de cochon. On attendait Lewandowski. Il restera uniquement comme le premier buteur de cet Euro. On attendait Robben. Sans commentaire. On attend toujours Benzema… Alors oui, on est un peu déçu pour ça. Ou peut-être qu’on s’en fout, en fait.

Non, parce que la Grèce peut désormais nous refaire le même coup qu’en 2004

Sincèrement, cette équipe de Grèce est incroyable. Après avoir vu les 45 premières minutes du match d’ouverture Pologne-Grèce, une question s’est posée : mais qu’est-ce que cette équipe peut bien foutre ici ? Pas de jeu, pas de joueurs pour frissonner, quelques rescapés de la Grèce Antique et pleins de noms en « is » et « os » . Et c’est bien tout. Puis, en seconde période, l’équipe grecque revient de nulle part et attrape le point du nul. Mais lors du deuxième match, rechute : deux buts encaissés dans les six premières minutes et un score réduit à 2-1 uniquement grâce à une énorme bourde de Čech. Alors, dehors ? Non. La Grèce ne veut décidément pas sortir de l’Euro. En allant clasher les sexy Russes lors du dernier match et en remerciant les Tchèques d’avoir battu la Pologne, ils accrochent une qualification invraisemblable, avec 4 points. Tiens, ça nous rappelle quelque chose… Oui, forcément, voir la Grèce en quarts de finale ne peut qu’évoquer des souvenirs vieux de huit ans. Cette Grèce 2004, capable de sortir tour à tour la France championne en titre, les Tchèques et le Portugal. A priori, un tel parcours ne devrait pas se reproduire, puisque les Grecs seront attendus dès vendredi par l’Allemagne. Mais sait-on jamais… Une tête de Karagounis, un bout du pied de Salpingidis ou encore une déviation de l’épaule de Papadopoulous… Avec les Grecs, personne n’est jamais vraiment à l’abri. L’Allemagne va devoir surveiller ses arrières. Surtout après leur avoir donné tant de consignes de vote.

Non, parce qu’on sait tous qu’on aurait préféré voir la Croatie en quarts plutôt que la République tchèque

S’il y a bien une équipe qui aurait mérité sa place en quarts, c’est la Croatie. Les Croates ont commencé leur tournoi par une belle victoire contre l’Irlande, ont ensuite accroché l’Italie, avant de faire très peur à l’Espagne. Si Rakitić avait mieux placé sa tête face à Casillas, peut-être que l’on serait là en train de parler d’un autre Euro. Alors certes, la Croatie ne compte plus dans ses rangs des Šuker, Boban, Bokšić et Prosinečki. L’équipe est moins sexy, mais a su afficher une cohésion que l’on ne lui aurait pas soupçonnée il y a quelques semaines. Et puis, il y a ce Modrić… Un vrai joueur-frisson, parmi les meilleurs au monde. L’autre équipe qui aurait pu mériter sa place, c’est le Danemark. Les Danois, que tout le monde voyait terminer derniers de leur poule, sortent finalement avec trois points, non sans avoir donné du fil à retordre à tous ses adversaires. Surtout au Portugal, d’ailleurs. Au lieu d’avoir ces deux équipes en quarts, on se retrouve avec la déjà citée Grèce et avec la République tchèque, qui ne sait même pas elle-même comment elle est encore en vie. Commencer par une rouste 4-1 et réussir à s’en relever pour ensuite se qualifier, c’est fort. Pourtant, ce n’est pas avec Jiráček, Pilař et Kadlec que cette équipe va faire rêver les foules. Même si, il faut l’admettre, avoir un type dans son effectif qui s’appelle Gebre Selassie et qui n’a aucun lien de parenté avec le coureur éthiopien, c’est classe.

Lyon, au carrefour de ses ambitions

Eric Maggiori

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