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Ignazio Cocchiere, un footballeur au parlement européen

Par Jacques Besnard
Ignazio Cocchiere, un footballeur au parlement européen

Formé à l'Inter, l'Italien Ignazio Cocchiere a réussi à percer dans deux milieux ultra-compétitifs : le football professionnel et les institutions européennes. Chaque jour, le Lombard troque son « costard-mocassins » pour enfiler le combo « short-crampons » entre deux réunions. Rencontre à Bruxelles avec un gars qui a aussi bien croisé la route de Michèle Alliot-Marie que de Mario Balotelli.

Ignazio Cocchiere fait partie de la famille des gens qui portent une double casquette. Footballeur professionnel en D2 belge d’un côté, assistant parlementaire européen à Bruxelles de l’autre. A priori, deux activités qui n’ont rien à voir et qui semblent difficilement conciliables, ne serait-ce qu’au point de vue de l’emploi du temps. Pourtant, pour Ignazio, tout paraît facile, voire évident. « En réalité, j’adore être occupé. Au départ, quand je parle de mes deux activités, personne ne me croit, car être assistant parlementaire, c’est déjà très stressant, c’est beaucoup de travail. On a pas mal de responsabilités, car les députés européens voyagent tout le temps. C’est une question d’organisation, il suffit de bien gérer les deux » , explique-t-il dans un français assuré, tout en sirotant un expresso dans son costard cintré.

Journées marathon et snacks

Natif de Varese, en Lombardie, Ignazio Cocchiere enchaîne les journées marathon. Le maître-mot : une organisation quasi militaire pour réussir à tout concilier. « Je me lève tôt, à 6h45, et à 8h au plus tard, je suis au travail.

Grâce à cela, j’ai une meilleure hygiène de vie, je mange des légumes à la cantine du parlement au lieu de manger des snacks chez moi.

Mon patron est hyper sympa, il me laisse une grande liberté pour pouvoir conjuguer les deux. À 16h, je vais à l’entraînement jusqu’à 18h, puis je retourne au bureau où je reste en général jusqu’à 21h, voire plus. En revanche, c’est clair, dès que je me pose, je m’écroule. Ce sont de grosses journées, mais ce sont deux choses que j’aime faire » , assure-t-il. La partie football commence donc à 16h. Ignazio enfile son maillot et vient s’entraîner avec son club de l’Union Saint-Gilloise. « Quand tu t’entraînes deux heures par jour, tu as vraiment le temps de faire autre chose. Il y a de nombreux sportifs dans les autres disciplines qui y arrivent. Grâce à cela, j’ai une meilleure hygiène de vie, je mange des légumes à la cantine du parlement au lieu de manger des snacks chez moi. »

Ces efforts quotidiens sont récompensés par le fait que les deux métiers sont plutôt bien rémunérés. Quant à savoir si l’on est mieux payés à l’Union européenne ou en D2 belge, le joueur répond avec une langue de bois déjà bien maîtrisée. « Tout dépend du niveau où tu te situes… Si tu es meilleur buteur de D2, ou si tu es un bon assistant parlementaire à quarante ans. » Et ce numéro d’équilibriste hyperactif est encore plus compliqué à gérer depuis qu’il a une copine. « Je dis souvent que j’ai un troisième travail… Non, je plaisante. Elle bosse au même étage que moi à la délégation italienne et donc elle comprend le fait que je rentre très tard. Elle m’aide beaucoup. »

Le Scudetto avec Biabiany et Balotelli

Dès son plus jeune âge, comme des millions de jeunes footballeurs en herbe, Ignazio a dû jongler entre les bancs de l’école et ceux des vestiaires. Sa carrière s’accélère à 17 piges lorsqu’il est repéré par l’Inter. Il fait alors le grand saut et intègre la Primavera, la jeune garde de l’ogre interista. Nous sommes en 2005. Alors qu’il touche du doigt le monde professionnel, il continue de se taper deux heures de trajet pour faire des allers-retours jusqu’à la maison familiale. « Je peux remercier mes parents, car ils m’ont toujours fait confiance. Ils ne m’ont pas empêché de jouer au foot, mais ils m’ont toujours conseillé de ne jamais lâcher l’école. Je les ai écoutés. Quand tu as 14-15 ans, que tu as des touches avec des grands clubs, tu penses plus au foot évidemment, mais ils ont eu raison, et je m’en rends compte maintenant. À 18 ans, tu peux avoir deux gars qui ont le même niveau, l’un va finir millionnaire en Serie A, l’autre en cinquième division… Même Balotelli n’était pas sûr de percer. »

Au centre de formation de l’Inter, Balotelli avait trois ans de moins que nous, et pourtant, on ne voyait pas la différence d’âge.

Chez les Nerazzurri, il côtoie du beau monde, puisqu’il évolue dans la même équipe que Leonardo Bonucci (Juventus), l’ancien Dijonnais Sebastián Ribas (meilleur buteur de Ligue 2 en 2010-2011), le Français Jonathan Biabiany « à la vitesse déjà impressionnante » et ses potes Francesco Bolzoni (Genoa) et Paolo Tornaghi (Vancouver). Sans oublier Mario Balotelli qui, selon Ignazio, « était un gars gentil, sympa, un bon garçon » . « Il avait trois ans de moins que nous, et pourtant, on ne voyait pas la différence d’âge, précise-t-il encore. Il est extraverti, c’est sa force, il est conscient de ses qualités, mais c’est bien de l’être quand tu es footballeur. » C’est d’ailleurs Super Mario qui offre le titre de champion d’Italie à cette génération dorée en marquant en finale face à la Samp à la dernière minute.

Vidéo

Ce titre signera la fin de son aventure milanaise, mais ne sonnera pas le glas de sa carrière footballistique, puisqu’après deux ans en Serie C, il décide de poursuivre ses études à l’université de Genève tout en jouant en D2 suisse, à Nyon. « J’habitais déjà Genève et je suis allé me renseigner à l’université. J’ai réussi à m’inscrire en Erasmus là-bas en étant toujours affilié à la faculté de Milan. Ça me permettait de choisir mes cours. Je m’entraînais le matin, j’avais cours l’après-midi. » Après son expérience helvète, il n’a dès lors plus qu’à valider son mémoire pour être diplômé. Il repart un temps en Italie, mais son sujet, « La protection civile dans l’Union européenne » , le pousse finalement à partir s’expatrier à Bruxelles. Le début de sa nouvelle carrière institutionnelle.

À peine arrivé, déjà chouchou

Arrivé en Belgique en 2013, Ignazio cherche assez rapidement un club. Sur Internet, il tombe sur de nombreux articles parlant de l’Union Saint-Gilloise, l’un des clubs mythiques du pays, auréolé de onze titres nationaux tous glanés dans le premier tiers du vingtième siècle. Pour s’en faire une idée, il décide d’aller voir le derby bruxellois entre le FC Bleid Molenbeek (devenu le BX Brussels cher à Vincent Kompany) et ses nouveaux poulains. « Sur place, j’ai croisé Ibrahim Maaroufi avec qui j’avais joué à l’Inter et qui était dans les tribunes. Il m’a présenté au président, j’ai donc fait un test d’une semaine et c’était parti… » Dès sa première saison là-bas, Ignazio inscrit déjà son nom dans l’histoire du club. « À la fin de la saison 2013/14, on se sauve en barrages à la 93e minute, et c’est moi qui marque le but égalisateur. Ça fait 118 ans que le club existe, et là, on était à seulement une minute de la descente en D4. C’est l’expérience la plus intense que j’ai connue et l’une des choses pour lesquelles le public m’aime bien. Trois ans après, ils me remercient encore. »

Depuis, l’équipe saint-gilloise est montée en D2 cette année et s’est professionnalisée, notamment avec l’arrivée du fantasque président allemand Jurgen Baatzsch. Les vieux gradins du stade Joseph-Marien sont plus garnis qu’à l’époque (on y trouve de tout : des vieux, des jeunes, des familles, des groupes de potes, des mecs, des filles, des Anglais, des Francophones, des Flamands, des hipsters…), mais, pour l’instant, l’esprit reste le même : à la coule.

Entendre 4 000 personnes chanter ton nom, c’est comme gagner un championnat, c’est inoubliable. Ça te donne la rage.

Relégué sur le banc en début d’année après avoir planté une trentaine de pions en 90 matchs, Ignazio a pu compter sur le soutien indéfectible de son public qui a plus que jamais hurlé son amour au joueur transalpin. Ce samedi, il vient d’ailleurs de retrouver les chemins des filets en déplacement à Geel. Le premier but de sa saison. « Plus c’était difficile et plus ils chantaient fort. Entendre 4 000 personnes chanter ton nom, c’est comme gagner un championnat, c’est inoubliable. Ça te donne la rage. »

Forcément, Ignazio Cocchiere n’a pour le moment pas la moindre intention de quitter son club. Son contrat prend pourtant fin en juin prochain. « C’est aux dirigeants de choisir, mais moi, j’ai envie de rester dix ans si je pouvais… J’ai reçu des offres cet été et cet hiver, mais il était pour moi hors de question de partir. Je suis supporter de l’Union maintenant. Je dois beaucoup à ce club. Ils m’ont aidé à m’intégrer, c’est comme une seconde famille. Ce sont des valeurs importantes surtout dans le monde dans lequel on vit. » Au pire, il pourra toujours être capitaine de l’équipe des parlementaires européens.

Credits photos @ Yves van Ackeleyen

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Par Jacques Besnard

Tous propos recueillis par JB

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