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Houston, peut-on jouer au football dans l’espace ?

Par Théo Denmat
Houston, peut-on jouer au football dans l’espace ?

Il y a vingt ans aux États-Unis sortait Apollo 13, le chef-d'œuvre spatial de Ron Howard. Le boulot, c'est bien sympa, mais entre deux consignes d'Ed Harris et trois tentatives pour rallier la Terre, Tom Hanks aurait bien pu avoir envie d'une partie de football pour se détendre. Mais attention : « sanglé à la navette, sinon on ne le revoit plus ».

Coup franc. Roberto Carlos soulève le ballon des deux mains, délicatement. Il l’oblique une première fois, presque d’un demi tour vers la droite. Puis pose le cuir sur la pelouse avec amour, le soulève, le fait pivoter vers lui, le repose. Il redresse ensuite son mètre soixante-huit, le dos droit, le regard haut, quinze pas en arrière et puis c’est tout. Roberto s’élance, petits pas, allonge la foulée, balance sa jambe sur le ballon qui part sur la droite du but de Fabien Barthez… mais le ballon ne revient jamais. Pire, il s’envole dans l’espace. Silence dans le stade. Logique, il n’y a pas de stade.

Pelouse en velcro et chaussures à scratch

Le constat est simple, si la rencontre France-Brésil de juin 1997 avait pris place hors de notre atmosphère terrestre, Roberto Carlos n’aurait jamais marqué de coup franc : « Dans l’espace, un ballon ne répond à aucun effet. Le problème de jouer dans un espace extra-véhiculaire, c’est qu’il suffit d’une mauvaise trajectoire pour qu’il parte indéfiniment loin, et là vous n’êtes pas près de le revoir » , sourit Bernard Comet, médecin spatial à l’Institut de médecine et de physiologie spatiales (MEDES). « Si les joueurs veulent contrôler, le match peut être très lent. Mais cela peut aussi être extrêmement violent ! La vitesse d’un ballon dans l’espace doit être proche de celle d’une balle de tennis sur Terre, quelque chose comme 100km/h. Elle part même plus vite puisqu’il n’y a pas de viscosités. »

Difficile, dans ces conditions d’imaginer un stade de football classique prendre racine au-dessus de nos têtes, d’autant plus que le doc’ souligne quelques soucis pratiques : « Sur Terre, grâce à vos appuis, vous parvenez à garder l’équilibre. Mais dans l’espace, vous allez continuer à tourner sur vous-même après la frappe. Tout mouvement se paie au prix de votre inertie, rien ne peut vous arrêter. » Comment alors parer à ce fâcheux effet toupie provoquant la perte irrémédiable de la gonfle concernée ? Sylvain Pernon, ingénieur spatial, propose un système D : « On pourrait imaginer installer un sol avec des velcros où les joueurs pourraient s’agripper, par exemple. » Fini donc les crampons, place aux scratchs : dans l’espace, tout flotte. Ou plus précisément, tout est en gravité zéro. Fâcheuse conséquence, les accélérations le long de la ligne de touche seraient limitées… par une combinaison spatiale : « Chaque astronaute devrait être attaché, sécurisé par une sangle à la navette. Parce qu’une fois parti dans l’espace, vous avez beau nager, vous ne reviendrez jamais vers votre véhicule mère, prévient Bernard Comet. Pareil pour les sauts ! Si vous êtes en scaphandre à l’extérieur et que vous donnez une impulsion sur une station pour vous en séparer, vous êtes satellisé et indépendant, vous sautez indéfiniment, il n’y a pas de notion de sol. »

Oubliées, donc, les rencontres à la belle étoile dans des répliques spatiales du stade Francis-Le Blé. Mais reste encore à savoir quel type de structures fermées pourrait bien accueillir des matchs. Le mètre carré stellaire affichant des standards bien plus élevés que son homologue planétaire, la Station spatiale internationale recouvre par exemple à peu de choses près la surface d’un terrain de football pour un volume habitable de 16m². Rien. Niet. Aucun projet futur n’approche pour l’instant la taille d’un stade de football. Mais, « aux États-Unis, une société appelée Bigelow Aerospace propose une technologie de capsule gonflable » , avoue Sylvain Pernon. Qu’est-ce donc ? « C’est un dispositif qui va être testé par la NASA, de la forme d’une gélule allongée, et qui fait 14m de long pour 6/7m de diamètre. Un module de taille réduite est envoyé dans l’espace et gonfle avec de l’air comprimé. Leur objectif à long terme est de créer des hôtels spatiaux, mais pour l’instant, on pourrait imaginer un petit terrain avec quelques joueurs, pas plus. » À l’intérieur, des parois rigides pour faire rebondir le ballon et éviter ainsi le problème posé par les cloisons souples « en sandwich » du module gonflable, qui goberaient le ballon de manière assez handicapante.

Si Dieu avait voulu que le football soit joué dans les airs, il aurait mis de l’herbe dans le ciel

7 juin 2006, France-Chine. Djibril Cissé déborde sur le côté droit. Au duel avec le numéro 10 chinois, il joue des épaules, s’emmêle les pinceaux, tombe avec fracas. Hurle. Les yeux sont révulsés, la bouche déformée, le cri perçant. Le constat est implacable : la blessure du Djib n’aurait probablement accouché que d’un simple coup franc à 800km au-dessus du sol. Bernard Comet abonde : « Le risque de blessure est moins élevé que sur Terre, car les contacts physiques sont moins violents : le poids n’est pas pris en compte lors d’un impact au sol. Mais attention, on peut tout à fait se faire un claquage par exemple. »

XXIe siècle, la conquête spatiale ?

Sans évoquer les problématiques de récupération après un voyage en fusée que l’on imagine éprouvant, jouer un match de football dans l’espace ne serait vraiment appréciable qu’en poussant l’expérience jusqu’à son acmé, et nul doute que de nombreux diffuseurs TV s’agenouilleraient devant une telle proposition. Pour l’ingénieur Sylvain Pernon, l’option est plus qu’envisageable : « Les satellites de télécommunication sont en orbite géostationnaire, donc on peut parfaitement relayer des signaux TV en HD, avec autant de canaux que l’on veut. En fait, si vous me permettez, on peut effectivement imaginer, à moyen terme avec la création d’hôtels spatiaux, qu’une forme de sport se développe dans l’espace. Mais cela ne ressemblera pas à du foot tel qu’on le connaît, ce serait l’occasion d’inventer un nouveau type de sport adapté aux contraintes spatiales ! Un mélange de foot et de handball, le tout en 3D entre quatre murs… Les possibilités augmentent considérablement. »

Au téléphone, les savants prolongent l’expérience. Les hypothèses fusent, les tons sont badins, les verbes claquants. Visiblement, les contraintes exprimées dans le discours ne s’appliquent pas au développement de leur pensée, eux, les hommes de science. Peut-être que le XXIe siècle sera celui de la conquête spatiale, comme s’accordent à dire beaucoup de scientifiques. Les expériences ne font que commencer. En attendant, un seul joueur professionnel s’est déjà rendu dans l’espace. Ou plutôt son maillot. C’était en 2008, par l’intermédiaire de l’astronaute Yuri Malenchenko, mordu du Zénith Saint-Pétersbourg. Pour son voyage, il avait décollé avec la tunique Anatoliy Tymoschuk dans ses bagages. Un premier petit pas pour l’homme.

Il était une fois dans l’Est, le «Tacle assasin»

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