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Grégory Tafforeau : « Et à sept minutes de la fin, tu as ce truc… »

Propos recueillis par Maxime Brigand
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Grégory Tafforeau : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Et à sept minutes de la fin, tu as ce truc&#8230;<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Retraité depuis 2011, Grégory Tafforeau a emporté dans ses souvenirs une quarantaine de soirées européennes vécues avec le LOSC au début des années 2000, dont six confrontations avec Manchester United. L’ancien latéral raconte un club qui l’a bercé gamin avant de lui laisser une cicatrice impossible à refermer.

Tu te rappelles ce que représentait Manchester United aux yeux de l’enfant que tu étais ? C’était quelque chose de gros, que j’admirais énormément. Gamin, je regardais toujours L’Équipe du dimanche, c’était l’époque du Manchester United de Cantona, et il m’arrivait souvent de regarder les matchs de United juste pour l’apercevoir. Alors, forcément, le jour où j’ai eu la chance de me retrouver face à cette équipe, pas mal de choses sont remontées. Moi, quand on a eu connaissance du tirage, j’étais super content. Quand on a passé le troisième tour préliminaire (où le LOSC avait éliminé Parme, N.D.L.R.), je voulais absolument jouer une équipe anglaise. Encore aujourd’hui, c’est le championnat qui me procure le plus d’émotions, et ne pas avoir eu la chance d’y évoluer un jour, alors que j’avais eu des touches avec Everton et Tottenham, reste comme un petit regret.

Le premier match de Ligue des champions de ta carrière, c’est donc à Old Trafford. Comment tu as appréhendé la chose à l’époque?
L’avantage avec ce genre d’équipes, c’est que tu n’as pas besoin de faire une grosse préparation parce que tu connais tous les joueurs. D’ailleurs, Vahid Halilhodžić n’a pas bousculé nos habitudes, on a travaillé sur les forces de Manchester United et voilà. En matière de pression, c’était un peu bizarre… En fait, pour nous, à l’époque, c’était surtout du bonus d’être là. Je me rappelle qu’on avait même fait une petite visite d’Old Trafford, on était comme des grands gamins, on prenait des photos, on se fabriquait nos souvenirs. On voulait immortaliser le truc.


Sauf qu’une fois sur le terrain, vous êtes tout sauf des spectateurs et vous ne craquez qu’en fin de match sur un but de Beckham, que tu as au marquage tout au long de la rencontre.Oui, c’est vrai, on a fait un gros match ce jour-là. Et, au retour, à Lens (1-1), pareil. En sortant de ces deux matchs, on a la fierté d’avoir rivalisé avec ces mecs. La difficulté, c’est qu’on ne pouvait pas se concentrer sur un seul joueur. À Bollaert, Solskjær ouvre rapidement le score, mais on a tenu et croqué dans cette opportunité.

Les repères sont très importants dans le foot. Par exemple, à Old Trafford, avec les spectateurs très proches de la pelouse, c’était tout nouveau pour nous, on n’avait pas l’habitude de ça. L’Angleterre, c’est spécial parce que tu peux avoir beaucoup de bruit, puis entendre les mouches voler pendant dix minutes… Ça peut surprendre.

Et Manchester United revient vous affronter le 2 novembre 2005, au Stade de France cette fois. En quoi le changement de stade peut avoir une influence sur la rencontre ?Les repères sont très importants dans le foot. Par exemple, à Old Trafford, avec les spectateurs très proches de la pelouse, c’était tout nouveau pour nous, on n’avait pas l’habitude de ça. L’Angleterre, c’est spécial parce que tu peux avoir beaucoup de bruit, puis entendre les mouches voler pendant dix minutes… Ça peut surprendre. En matière de préparation, passer de Bollaert au Stade de France, c’était pareil, ça a changé pas mal de choses sur ces fameux repères. On n’avait pas l’habitude des grands stades, il fallait s’adapter.

Quelle était la différence majeure entre l’équipe de 2005 et celle de 2001 ?L’expérience. En quatre ans, on avait énormément progressé, on connaissait l’Europe désormais. Dans le jeu, on était aussi beaucoup plus ambitieux. Et, quand on reçoit United en novembre 2005, on sent qu’ils ne sont pas dans un bon jour, que quelque chose peut se passer. En plus, le stade était plein, on était portés par les gens.

Tu te rappelles cette trente-huitième minute ?Bien sûr, j’ai un peu d’espace, je lance Milenko (Ačimovič, N.D.L.R.)… Milenko, c’est peut-être l’un des joueurs qui m’a le plus marqué par ses qualités, sa simplicité, sa modestie. Alors, lui offrir une passe décisive dans un match comme ça, ça m’a fait plaisir. Mais ce but nous ramène à la question des repères parce que si on regarde bien, Milenko va fêter son but… devant les supporters anglais ! Sur le moment, on était tous un peu déboussolés.


La veille de cette victoire (1-0) historique, le président Seydoux avait pas mal allumé Manchester United dans France Football et avait expliqué ceci : « Ce club nous a considérés comme de la merde. Personne n’est venu nous superviser avant le match aller. Ils pensaient qu’ils allaient nous coller 3-0. C’était presque : « Ah bon, vous venez jouer? » Oui, c’était presque à ce niveau de dédain. » Tu es d’accord avec ça ? Sur le terrain, en tout cas, je n’ai rien ressenti de tel. Peut-être qu’ils ne nous avaient pas supervisés, mais je sais que Mikaël Silvestre avait été pas mal sondé pour obtenir des renseignements. Même si on était un petit club à leurs yeux, je ne pense pas qu’ils nous avaient pris à la légère.

Comment Claude Puel gérait la chose, lui ?Bien, mais sa priorité était le championnat. Il nous rappelait toujours que trois jours après, on avait un match contre Valenciennes et que c’était plus important. En fait, il cherchait à nous protéger un maximum.

Ce jour-là, tu avais au marquage Cristiano Ronaldo, un joueur complètement différent de Beckham. En tant que défenseur, qu’est-ce que ça changeait ?Au fond, pas grand-chose, même si on parle, comme tu dis, de deux styles vraiment différents. Cristiano Ronaldo, c’était ses débuts, mais on sentait déjà qu’il avait les clés de l’équipe sur le plan technique.

Je sais que ce soir-là, certains ont vu des caisses de vin dans le vestiaire de l’arbitre, des maillots… Bon. On a surtout compris que c’était le petit contre le gros et que le gros a été favorisé. Toi, tu es là, tu sais que tu as sorti un grand match, mais tu es assommé. Encore aujourd’hui, on en parle entre nous parfois. Ici, à Lille, ça a marqué beaucoup de personnes.

Je me souviens de quelqu’un de très correct, de très joueur, mais de très respectueux. En fait, quand tu es en face, ce qui te bluffe le plus, c’est le charisme que dégagent ces types. Par exemple, quelqu’un comme Roy Keane, c’était incroyable. Le mec a un regard, il te fait peur, tu sens qu’il n’est pas là pour rigoler. À ses yeux, que tu sois un joueur de Lille ou un type qui a remporté trois Ligue des champions, il n’y a pas de différence, il laissera sa vie sur le terrain. Forcément, un joueur comme ça entraîne un paquet de joueurs derrière lui.

Pourquoi avoir décidé de retourner à Bollaert en 2007 ? Vous n’étiez pas superstitieux au LOSC ?C’était surtout une question de coûts… Parce que je peux te dire qu’à Lens, les gens n’étaient pas forcément contents de voir le club rival débarquer et mettre ses couleurs dans le stade. (Rires.) Pour le Nord, ce huitième de finale aller de 2007 aura quand même été une belle fête.

Et une grosse cicatrice.Oui, complètement. Ce jour-là, sportivement, on a pris une claque. Sincèrement, on était au-dessus d’eux dans le jeu, on se fait refuser un but pour une faute très litigieuse et, à sept minutes de la fin, il y a ce truc…

Le coup franc de Giggs… Je vais être franc : aujourd’hui encore, on ne comprend pas ce qu’il s’est passé et on a revu les images un paquet de fois. Tu as un coup franc, le mur se place, le gardien est sur son premier poteau et là, l’arbitre dit au joueur de tirer. C’est hallucinant, mais surtout interdit. Directement après, tu as eu trois-quatre minutes de tension. Claude Puel a voulu poser une réserve, il voulait qu’on sorte du terrain, l’arbitre a refusé… En fait, on était un peu perdus, on s’est sentis lésés et on l’a été. Ce match, c’est une énorme injustice, une cicatrice impossible à refermer.


Ferguson a vivement critiqué cette volonté de quitter le terrain après la rencontre, mais, dans le tunnel, que s’est-il passé ?Ferguson n’était pas serein ce soir-là et dans le tunnel, c’était étrange, forcément. Je sais que ce soir-là, certains ont vu des caisses de vin dans le vestiaire de l’arbitre, des maillots… Bon. On a surtout compris que c’était le petit contre le gros et que le gros a été favorisé. Toi, tu es là, tu sais que tu as sorti un grand match, mais tu es assommé. Encore aujourd’hui, on en parle entre nous parfois. Ici, à Lille, ça a marqué beaucoup de personnes. C’est quand même pas commun, et ce qui aurait dû être un bon souvenir n’en est pas vraiment un.

Résultat, mardi, tu vas supporter le PSG ?Oui, évidemment, même si je sais que ça ne va pas être simple.

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