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Ferland Mendy, l’anti-Benjamin Mendy

Par Matthieu Pécot
Ferland Mendy, l’anti-Benjamin Mendy

Formés au Havre AC, dotés d’une pointe de vitesse indécente, uniquement capables de jouer latéral gauche, validés par Marcelo Bielsa et désormais tous les deux appelés en équipe de France par Didier Deschamps, Ferland Mendy et Benjamin Mendy sont pourtant deux joueurs et deux hommes que tout oppose.

La scène se passe quelque part dans les vestiaires du stade Loujniki de Moscou, une poignée de secondes/minutes/heures (rayez les mentions inutiles si pour vous, le temps ne s’est pas arrêté cette nuit-là) après la victoire de l’équipe de France en finale de Coupe du monde face à la Croatie (4-2). Téléguidés par leur bonne éducation, Paul Pogba et Benjamin Mendy consacrent une partie de leur soirée du 15 juillet 2018 à crier leur amour au Havre Athletic Club, leur club formateur, et l’époque leur somme de faire tout ça en direct sur Instagram :

Pogba ayant rejoint Manchester United à 16 ans, l’émotion semble plus forte dans la voix de Benjamin Mendy, qui a porté le maillot ciel et marine pendant six ans (2007-2013) et a signé son premier contrat pro au HAC une semaine après avoir fêté ses 17 ans. Voilà la première grosse différence entre Benjamin Mendy et son homonyme Ferland : quand le premier est un enfant précoce, le second a longtemps été un secret trop bien gardé, aussi bien pour le grand public que pour les instances fédérales.

Ferland, c’est les autres

Convoqué lundi pour la première fois chez les Bleus, à la suite du forfait sur blessure de… Benjamin Mendy, le latéral gauche lyonnais de 23 ans découvre donc le survêtement tricolore, la FFF n’ayant jamais jugé bon de le sélectionner dans ses catégories jeunes. Une hérésie ? Peut-être, car le talent a toujours été là. Mais l’absence de cette idylle a aussi de bonnes raisons d’être. En l’occurrence, Ferland a eu, jusqu’à sa signature à l’OL à l’été 2017, une hygiène de vie et des réflexes pas vraiment compatibles avec le professionnalisme. Quand Benjamin (dont les retards aux entraînements ont toujours plus relevé de la maladie que de l’indiscipline) fonctionne à l’amour, Ferland, lui, se construit dans le conflit. Ses relations avec les supporters du HAC – qui en grande majorité ne le regrettent pas alors que certains d’entre eux sont encore en contact avec Benjamin – en sont la preuve. Et quand le conflit ne suffit pas, Ferland s’inflige lui-même des obstacles.

Après sept années de formation au Paris Saint-Germain (2005-2012) où il fait notamment équipe avec Presnel Kimpembe, il finit par quitter le club de la capitale. L’histoire insiste sur une blessure à la hanche qui aurait contraint celui qui a grandi à Ecquevilly (Yvelines) à passer six mois de son adolescence à l’hôpital Necker, entre la vie et la petite mort, enfin une vie sans savoir s’il pourrait remarcher un jour. Une version plus obscure évoque un acte impardonnable qui aurait obligé trois de ses potes et lui-même à se faire virer du PSG. Un trait d’union d’un an à Mantes-la-Jolie plus tard, le HAC flaire la bonne affaire et lui propose de parfaire sa formation. Ferland déboule dans la sous-préfecture de Seine-Maritime comme un mort de faim et se voit naturellement proposer un premier contrat pro deux ans plus tard. Mais à l’inverse de Benjamin quatre ans plus tôt, rien ne se passe dans la fluidité. Quelques heures après avoir disputé son premier match de Ligue 2 (victoire 0-1 chez le Sochaux de Yohann Pelé et Karl Toko Ekambi, le 24 avril 2015), il refuse de parapher le document, considérant qu’il vaut mieux que le club doyen.

Ferland joue avec le feu, mais finit par signer son contrat quelques mois plus tard. Il n’y a pas de feu sans fumée, alors l’été qui suit sera celui au cours duquel Ferland et son coéquipier Dylan Louiserre se font virer du stage de préparation. En cause, une chicha qui déclenche l’alarme incendie de l’hôtel dans lequel réside la délégation havraise. Conséquences : Louiserre est prêté à Avranches (National) et Ferland Mendy est pressenti pour passer une saison 2016-2017 blanche. Car même si les entraîneurs qui l’ont eu sous la main chez les U19 ou avec la réserve jouent aux avocats, Bob Bradley, le coach américain en place, a les yeux qui collent, mais les sourcils froncés : la priorité de l’homme du New Jersey est de recruter un latéral gauche digne de ce nom et il ne semble pas avoir pris conscience du potentiel de Mendy. Parce que la cellule de recrutement se fait doubler par Auxerre sur le dossier Baba Traoré (ex-Bourg-Péronnas), Bradley n’a d’autre choix que d’aligner Mendy. Le résultat ? Pour sa première saison comme titulaire, Ferland finit dans l’équipe type de Ligue 2, puis signe à Lyon, où il avale la concurrence du Brésilien Marçal et boucle son premier exercice dans l’élite au milieu de l’équipe type de Ligue 1. Une progression fulgurante qui permet d’envisager qu’il profitera de son premier rassemblement avec les Bleus, cette semaine, pour mettre l’autre latéral gauche retenu, Lucas Digne, dans son rétroviseur. Le tout dans un style bien différent de celui de Benjamin Mendy, dont il a toujours cherché à s’affranchir.

Plus puissant que Benjamin

Quand l’actuel joueur de Manchester City quitte la Normandie pour Marseille, il confie à Paris-Normandie que Ferland est son successeur. Réponse de l’élu quatre ans plus tard, au micro de France Bleu Normandie, quand on lui balance une énième comparaison avec la trajectoire de Benjamin : « Je ne dis pas qu’il n’a pas de qualité ou qu’il n’est pas fort. Loin de là. Je ne dis pas non plus que j’ai plus de qualités que lui. Simplement, tout le monde me compare à lui, mais pas moi. » Derrière la petite dose d’arrogance se cache aussi une analyse lucide sur les caractéristiques des deux joueurs. Quand Benjamin est un bouffeur de craie qui a toujours su centrer (le nombre de passes décisives varie si votre avant-centre s’appelle Yohann Rivière ou Kun Agüero), Ferland – que tous les formateurs du HAC considèrent comme beaucoup plus puissant que son aîné – n’est pas un fournisseur de caviars. Son arrivée à Lyon semble le faire progresser dans ce domaine, comme l’a rappelé sa prestation face à Hoffenheim la semaine dernière, mais jusqu’ici, l’ancien du PSG ressemble plus à un OVNI qui se situe quelque part entre le poste d’arrière gauche et celui de n°10 qu’autre chose : comprendre, un joueur dont le péché mignon est de repiquer dans l’axe pour dans le meilleur des cas solliciter un une-deux et, dans le pire des cas, envoyer une praline dans les tribunes.

Un talent aussi imparfait ne pouvait qu’exciter Marcelo Bielsa qui, juste avant de signer à Lille, avait fait part à Gérard Lopez de sa brûlante envie de recruter Ferland Mendy à l’été 2017. Trois ans plus tôt, à l’époque où il entraînait l’OM, l’Argentin s’était occupé d’encenser Benjamin Mendy (à une période où ses soutiens n’étaient pas si nombreux) par le biais d’une tirade récitée au milieu de ses joueurs :

L’itinéraire suggéré par Bielsa invitait entre autres Benjamin à s’inspirer de Jérémy Morel. On sait désormais pourquoi Ferland a choisi de signer à Lyon.

Par Matthieu Pécot

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