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FC Midtjylland : des chiffres et trop de lettres

Par Nicolas Kohlhuber // Tous propos recueillis dans le documentaire « How Stats Won Football: From Moneyball to FC Midtjylland »
FC Midtjylland : des chiffres et trop de lettres

Le nom FC Midtjylland fait peur aux yeux, mais aussi sur le rectangle vert. Dominateurs au Danemark, les Loups veulent désormais être craints par l'Europe. Simplement armés, par leur nouveau propriétaire, Matthew Benham, de chiffres.

Arielle et Bertrand le savent : M-I-D-T-J-Y-L-L-A-N-D n’est vraiment pas un bon tirage pour un « coup de lettres » . Il s’y trouve bien les deux voyelles minimum réglementaires, mais surtout une lettre superflue pour les dix autorisées sur le board. Et même si Laurent s’aventurait, en patron du jeu, à ignorer les règles, les plus fins limiers n’auraient jamais pu trouver mieux qu’un décevant « 6 lettres/Pas mieux » , avec « Milady » ou « Limant » . Cela aurait été bien plus simple pour tout speaker – non danois – de match que ces onze lettres, pourtant dans le bon ordre. L’obstacle à franchir entre le « I » et le « Y » a de quoi faire passer Dnipropetrovsk pour un parcours de santé. Mais à trop se concentrer sur les lettres, on en oublie sans doute l’essentiel avec ce FC Midtjylland : les chiffres. Comment un club avec le budget de Bastia en est arrivé à faire tomber Southampton, Bruges et le Legia Varsovie ces dernières semaines ? Comment ce club danois se retrouve à jouer ce jeudi soir la première place du groupe D face à Naples, l’actuelle chaudière italienne ? Grâce à une stratégie, paraît-il, basée sur les chiffres. Et certainement pas les lettres.

Brad Pitt, baseball et sms

Matthew Benham est l’homme derrière cette révolution. Déjà propriétaire de Brentford, il décide d’investir 8,5 millions d’euros dans le club basé à Herning à l’été 2014. Aussi président de Smartodds, un site de paris en ligne, il s’inspire alors des A’s d’Oakland. Ce club californien de baseball a surpris la MLB (Major League Baseball) dans les années 1990 en basant ses compositions d’équipe sur les statistiques et les indicateurs clés de performance. Une stratégie d’ailleurs traduite sur grand écran dans le film Moneyball, avec Brad Pitt et Jonah Hill, en 2011. Le FC Midtjylland en a fait son mantra. Les chiffres sont alors au cœur de tous les aspects de la vie du club. « Les datas sont plus justes que l’œil humain » , justifie Rasmus Ankersen, président du FCM, à seulement 31 ans. Pour l’anecdote, lorsque Ankersen rencontre pour la première fois Benham, il lui demande si le club londonien allait obtenir sa promotion. Réponse originale et précise de Benham : « On a 42,3% de chances de monter. » Au Danemark, la stratégie a en tout cas livré des résultats immédiats : à la fin de la saison 2014-2015, les Loups sont sacrés champions du Danemark pour la première fois de leur jeune histoire (club né d’une fusion en 1999).

Au départ, Glen Riddersholm, entraîneur historique du club, ne peut de toute façon qu’être en confiance, malgré cette nouvelle méthode. Il a eu en début de saison l’assurance qu’il ne serait pas renvoyé en fonction des résultats. Charge au technicien de se baser désormais sur ce système inédit pour analyser les adversaires, mais également améliorer le jeu proposé par ses joueurs. En consultant E4Talent, une entreprise danoise spécialisée dans l’interprétation des faits de jeu, le club du Jutland a su devenir décisif dans les « danger zones » . Quand, par exemple, elle prouve que les coups de pied arrêtés offensifs sont un point faible, le travail dans ce domaine est accentué. Ces nombreuses séances avec des spécialistes font du FCM le numéro 2 européen dans le domaine, après l’Atlético de Madrid. Et les chiffres franchissent même, parfois, les portes du sacro-saint vestiaire les jours de match. À la mi-temps, la tactique peut évoluer en fonction du contenu des SMS reçus par le coach avant que ce dernier ne s’adresse à ses joueurs. Plutôt… innovant. « L’innovation ne vient pas des clubs riches qui se contentent de dépenser » , théorise alors Rasmus Ankersen.

FC Copenhague et Brøndby au placard

Quand les clubs anglais dépensent plusieurs millions en transferts, la direction des Rouge et Noir fait en effet de la lutte contre les joueurs surpayés son cheval de bataille. « On a peu de moyens financiers, alors on essaye d’être le plus efficace possible. » Une évidence ? Oui, mais cela fonctionne. Ce système d’analyse mathématique, observant aussi plus de 60 championnats, ne répond qu’à une logique rationnelle. Les arrivées de Tim Sparv ou Jim Larssen en sont d’ailleurs l’exemple. Joueurs sous-cotés dans leur précédent club, ils sont aujourd’hui des cadres chez le leader de Superliga. Un rêve pour les accros de Football Manager. Malgré la démission en juin de Glen Riddersholm, Jesse Thorup, l’ancien sélectionneur des U21 danois, a réussi à garder le même rythme de croisière cette saison. Le FCM a bien relégué les historiques FC Copenhague ou Brøndby au second plan. Les deux clubs de la capitale affichaient pourtant un budget deux fois plus important l’an passé. Mais l’ambition ne se limite visiblement pas au pays de la Petite Sirène. « Nous souhaitons montrer à l’Europe que Midtjylland est un club qui veut laisser son empreinte » , fanfaronnait au printemps dernier le futur démissionnaire Riddersholm, à la FIFA. Naples, ce jeudi soir, ferait vraiment office de très belle encre.

Par Nicolas Kohlhuber // Tous propos recueillis dans le documentaire « How Stats Won Football: From Moneyball to FC Midtjylland »

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