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Fabrizio Miccoli, le mieux est l’ennemi du bien

Par Eric Marinelli
Fabrizio Miccoli, le mieux est l’ennemi du bien

À 36 ans, Fabrizio Miccoli a annoncé cette semaine sa retraite après une dernière expérience à Malte. Malgré un indéniable et immense talent, l'attaquant transalpin n'aura donc jamais gagné de titre majeur dans sa carrière. Mais ce n'est sans doute pas cela qu'il faut retenir du génial Miccoli.

Fabrizio Miccoli a dit stop. À 36 ans, l’attaquant italien raccroche les crampons après une dernière expérience à Malte avec le Birkirkara Football Club. L’annonce est tombée sur le site officiel du club maltais avec lequel le transalpin a résilié son contrat d’un commun accord. Non pas que Miccoli n’avait plus le niveau. Les 10 buts inscrits en 17 apparitions cette saison par le natif de Nardò dans les Pouilles suffisent à se convaincre que son talent faisait toujours des merveilles. Malheureusement, comme trop souvent au cours de sa carrière, Miccoli a été rattrapé par les blessures. Par ce physique fragile qui l’a finalement toujours limité. À l’heure de tirer un dernier bilan sur celui qu’on surnomme le Romário du Salento, on se demande ainsi s’il faut voir le verre à moitié plein, ou celui à moitié vide. Se concentrer sur ses 223 buts en carrière (en 626 matchs) ou sur ce palmarès vierge de tout titre majeur – Miccoli n’a gagné qu’une Supercoupe d’Italie avec la Juventus et une autre du Portugal avec Benfica. Retenir un génie ou un gâchis. Car indéniablement, Miccoli aurait pu et sans doute dû être retenu comme l’un des meilleurs joueurs de sa génération. À défaut, on se contentera de quelques folies sur et en dehors des terrains.

Un talent, des transferts, un tournant décisif

Miccoli a toujours renvoyé l’image d’un joueur largement au-dessus du lot. À l’âge de 6 ans, son entraîneur de l’époque, un certain Giuseppe Bruno – le père de Pasquale Bruno, l’ancien joueur de la Juventus ou du Torino – falsifie ainsi sa licence pour le faire passer pour un enfant de 8 ans, tant Fabrizio émerveillait déjà son monde. Puis dès 1992, Miccoli rejoint le Milan AC à seulement 14 ans contre 10 millions de lires (un peu plus de 5 000 euros) versés à son petit club de San Donato. Il n’évoluera jamais en professionnel avec le Diavolo, mais pas par manque de talent, très loin de là. Effectivement, avec les Rossoneri, Miccoli a bien réalisé des prouesses. Dans la catégorie Giovanissimi (U15) où il a gagné le championnat et inscrit 28 buts en une saison. Mais l’appel de ses terres natales pugliese est trop fort, comme Fabrizio le confiait en 2011 au Quotidiano di Puglia : « Je ne me sentais pas bien loin de la maison, la nostalgie était trop forte. Je n’étais qu’un gamin et j’avais ainsi préféré rentrer dans le Salento (le Sud des Pouilles, ndlr). » Direction non pas Lecce, son club de cœur, où les dirigeants hésitent alors à le prendre, mais Casarano où Miccoli effectue ses débuts en Serie C1 à tout juste 16 ans.

Deux saisons pleines (19 buts en 57 apparitions) plus tard, Fabrizio s’en va emmagasiner de l’expérience en Serie B à la Ternana. « Une perte de temps, j’aurais déjà pu aller en Serie A à ce moment-là » , jugeait-il à l’époque. Toujours est-il que Miccoli passe 4 saisons avec les Rossoverdi de Terni. Jusqu’à taper dans l’œil de la Juventus. Qui s’attache ses services, mais le prête d’abord une saison à Perugia alors en Serie A. Fabrizio y inscrit 16 buts toutes compétitions confondues, fait ses débuts en Nazionale et convainc la Vieille Dame de lui laisser sa chance pour la saison 2003-2004. Malgré 10 buts avec le Zèbre, et une première réalisation avec la Squadra Azzurra – un corner direct contre le Portugal – l’histoire tournera vite court à Turin. D’après Miccoli, en raison de ses rapports exécrables avec Luciano Moggi et plus précisément de son refus de changer d’agent au profit du fils de l’ex-dirigeant bianconero. Probablement le vrai tournant de sa carrière.

Une légende à Palerme

Qui sait jusqu’où serait aller Miccoli s’il avait réussi à s’imposer sur le long terme à la Juve ? Peut-être serait-il classé juste en dessous de Del Piero dans l’histoire de la Vieille Dame. Amauri, qui a côtoyé les deux joueurs, a bien jugé que Fabrizio était plus talentueux qu’Alessandro. Toutefois, il ne faut pas être dupe : Miccoli a aussi eu ses torts. Avec le recul, il est évident que sa personnalité aurait posé problème à Turin. Miccoli a toujours été un grand fan de Maradona – il ira jusqu’à s’offrir ses boucles d’oreille à une vente aux enchères et il a appelé son fils Diego en hommage à l’Argentin. C’est un bon vivant qui ne s’est que rarement refusé une partie de chasse ou un bon resto’. Miccoli a un tatouage de Che Guevara sur le mollet, « un personnage qui m’attire, car c’est un révolutionnaire, quelqu’un qui a combattu et qui est mort pour ses idées et pour défendre les pauvres gens » . Pas tout-à-fait une mentalité qui convient à une institution comme la Juve, soit. Ce n’était sans doute pas le destin de Miccoli. Loin de Turin, il a aussi brillé de toute manière, même s’il n’a pas intégré le gotha des grands joueurs.

À Benfica, l’enfant de Nardo serait même possiblement devenu une légende du club s’il n’avait pas été irrémédiablement rattrapé par les blessures. À l’époque, il hésite même à prendre déjà sa retraite. Avant de finalement aller faire le bonheur de Palerme. En six saisons, Fabrizio est devenu un emblème des Rosanero. Meilleur buteur de l’histoire du club, et joueur le plus capé en Serie A, Miccoli était une fierté pour les Siciliens. Il fut même nommé citoyen d’honneur de la commune de Corleone en 2009 pour ses mérites sportifs. Malheureusement, l’histoire s’est là aussi mal finie. Miccoli s’est vu retirer ce titre d’honneur en 2013 après qu’il a été accusé d’extorsions de fond et que certaines de ses conversations téléphoniques avec un fils de boss mafieux ont été révélées. Notamment une au cours de laquelle Miccoli insultait le juge Falcone assassiné en 1992. Résultat, après une conférence de presse en larmes et une lettre dans la Repubblica pour s’excuser, Fabrizio sera contraint de quitter Palerme. Direction son club de cœur Lecce, pour tenter de réanimer un club très mal au point en Lega Pro. Peine perdue, avec à nouveau des problèmes physiques à répétition. Par amour du football, Miccoli s’offrira quand même une dernière aventure à Birkirkara. Histoire d’arrêter l’esprit en paix. Miccoli aurait certes pu faire mieux, mais qu’importe. Il aura quand même fait rêver un paquet de tifosi. Ciao Fabrizio, au revoir et merci.

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