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Dans les maux des Bleues

Par Léna Bernard, à Bâle
6 minutes

Une nouvelle fois éliminée en quarts de finale d’une compétition majeure par l’Allemagne, la France voit la malédiction continuer d’écrire son histoire. Tout était pourtant réuni pour enfin assister au grand soir du football féminin tricolore, mais les maux qui rongent les Bleues depuis quatorze ans ont rejailli au plus mauvais moment.

Dans les maux des Bleues

Dix ans après la tragédie de Montréal lors du Mondial 2015 est donc venue celle de Bâle, toujours face au même adversaire : l’Allemagne, et avec un scénario de match presque identique. 3 676 jours se sont écoulés, et l’amertume au coup de sifflet final reste pourtant la même : une nouvelle fois, les Françaises se sont inclinées avec cinq tirs au but réussis contre six côté allemand.

Pire encore, les protégées de Laurent Bonadei n’ont pas su faire la différence alors qu’elles ont été en supériorité pendant 103 minutes après l’expulsion de Kathrin Hendrich. Insuffisant, donc, pour permettre aux Tricolores d’enfin passer ce que le sélectionneur tricolore a qualifié de « cap » plutôt que de « plafond de verre » en conférence de presse.

La pire élimination de l’histoire

Les déceptions avec l’équipe de France sont légion, elles ont d’ailleurs forgé sa légende au concert des nations du football féminin. Mais cette neuvième élimination en quarts, la troisième consécutive depuis que les Bleues sont parvenues à atteindre le dernier carré de l’Euro 2022, sera sans doute la plus difficile à encaisser. Fringantes en poules, les Bleues semblaient en effet armées pour enfin s’offrir l’Allemagne en compétition majeure, laissant leurs doutes et les pépins mentaux aux oubliettes du passé. Un nouveau coup dans l’eau puisque malgré la supériorité numérique, l’ouverture du score sur penalty de Grace Geyoro et les statistiques largement en leur faveur, les Bleues ont une nouvelle fois failli aux tirs au but.

En conférence de presse, Sandie Toletti avait prévenu : « Une élimination en quarts serait un échec. » Un euphémisme, tant les promesses tricolores après leur carton plein dans le groupe de la mort étaient palpables et l’espoir d’enfin battre la bête noire allemande possible. À l’issue de la rencontre, Laurent Bonadei a préféré considérer que son équipe avait particulièrement progressé lors de cet Euro plutôt que de pointer une nouvelle défaillance dans l’aspect mental : « Moi, je ne pense pas qu’il y ait un problème psychologique. Il y a aussi des adversaires qui ont de la qualité et qui font que quand on arrive à ce niveau-là, ça devient de plus en plus dur et ça se joue sur les détails. Après, je trouve que cette équipe a bien évolué depuis quelques mois. Elle progresse, elle a donné beaucoup d’espoir et c’est aussi pour ça que la déception est importante. Il y a de la frustration, mais Rome ne s’est pas construite en un jour. Et on va donc continuer à travailler pour faire en sorte qu’un jour, cette équipe réussisse à aller chercher un trophée. » 

La meilleure attaque, c’est l’attaque

Ce sont pourtant plus que des détails qui ont conduit à l’élimination tricolore, ce samedi soir. En supériorité numérique, l’attaque tricolore – pourtant en pleine bourre lors de la phase de groupes – n’a par exemple jamais réussi à dicter sa loi (qu’il s’agisse des titulaires comme des remplaçantes entrées en cours de jeu). Sans parler de tout ce qui a fait le sel de cette équipe de France sur cette année 2025 : le jeu combiné, la cohésion d’équipe sur le terrain et surtout le caractère dont ont fait preuve les Françaises face au Brésil en amical puis aux Pays-Bas lors du dernier match de poule sont restés au vestiaire. Face au plan de jeu allemand parfaitement rodé pour mettre à mal la tactique française, les Bleues ont sombré. En témoignent les performances de Jule Brand ou d’Ann-Kathrin Berger, impériales en défense et dans les cages allemandes.

La France a offensivement manqué de tout, comme l’a expliqué Oriane Jean-François : « Je pense qu’on avait les billes pour faire mieux, on a les occasions lorsqu’on est à onze contre dix. On doit trouver les failles, trouver le chemin pour marquer… Je pense qu’on n’a pas toujours fait les meilleurs choix, on s’est précipitées par moments. Pas grand-chose ne nous a souri ce soir, c’est juste dommage et on se l’est dit entre nous. Parce que je pense qu’on a manqué de justesse technique par moments, on s’est parlé et on savait qu’on devait faire mieux à onze contre dix. On savait qu’on devait se projeter beaucoup plus, que le ballon devait circuler beaucoup plus rapidement et qu’on devait faire la différence. Comme je l’ai dit, ce n’était pas suffisant. » Les multiples changements à la tête de l’équipe, qu’il s’agisse du sélectionneur ou du renouvellement de génération du côté des joueuses, n’auront ainsi rien changé à la malédiction tricolore.

Les tirs au but ne sont toujours pas une loterie

Outre la déception de l’élimination, l’exercice des tirs au but a une nouvelle fois été manqué par l’équipe de France (pour la cinquième fois en six séances disputées). À l’instar du Mondial 2023, les Bleues ont craqué dans cette loterie qui n’en est pas une. Le sélectionneur français a d’ailleurs fait le pari de ne pas travailler les tirs au but avant la partie, comme il l’a expliqué aux médias : « Les tirs au but, on les avait beaucoup travaillés avant la Coupe du monde 2023. Vraiment, de manière spécifique. Là, j’ai préféré de ne pas trop leur prendre la tête avec ça parce qu’on ne sait pas comment ça peut se passer. » Au contraire de l’Allemagne, la portière allemande ayant à sa disposition une gourde détaillée avec les frappes préférentielles des Françaises sur penalty (des informations visiblement décisives, Berger ayant détourné les tirs d’Amel Majri et d’Alice Sombath).

L’Allemagne réduite à dix, c’est Selma Bacha qui avait manqué son penalty face à l’Australie deux ans auparavant qui s’est finalement absentée durant la séance : la Lyonnaise a étrangement expliqué : « J’ai pris la responsabilité pour mon équipe de me retirer parce que tout le monde était déterminé à frapper, même moi j’étais déterminée. Mais vous savez, il faut que je prenne les responsabilités. Comme je l’ai dit, je suis un leader, donc je me retire. » Pour autant, le véritable échec des Bleues dans cette rencontre demeure de ne pas avoir réussi à remporter cette rencontre dans le temps réglementaire. Les propos de Sakina Karchaoui le confirment : « Il y en a qui disent que c’est la loterie, il y en a qui disent que c’est un exercice mental. Moi, je pense juste qu’il fallait juste gagner dans le jeu et ne pas aller aux penaltys. » Malgré l’élimination encore fraîche, l’équipe de France pourra prendre sa revanche dès le mois d’octobre : elles croiseront de nouveau le fer avec les Allemandes lors du Final Four de la Ligue des nations, compétition dans laquelle les Tricolores avaient déjà éliminé la DFB-Frauenteam en février 2024. Avant ça, il faudra tout de même se remettre la tête à l’endroit.

Laurent Bonadei, du changement pour rien ?

Par Léna Bernard, à Bâle

Tous propos recueillis par LB

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