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Entretien avec cet ancien pilote de chasse devenu préparateur mental du champion de Norvège

Propos recueillis par Andrea Chazy
Entretien avec cet ancien pilote de chasse devenu préparateur mental du champion de Norvège

Bjørn Mannsverk est le préparateur mental du FK Bodø/Glimt, champion de Norvège en titre, qui affronte ce jeudi le CSKA Sofia en Bulgarie. Confiné dans sa chambre d’hôtel du fait d’un protocole UEFA strict, l’homme de 53 ans prend le temps de parler de sa méthode ainsi que de son ancienne vie de pilote de chasse. Accrochez vos ceintures, on décolle.

Bjørn, comment un ex-pilote de la force aérienne royale norvégienne se retrouve aujourd’hui à Sofia en vue d’un match de Ligue Europa Conférence ? (Rires.) C’est une coïncidence, à vrai dire ! Le lien, c’est que durant mon ancienne vie de pilote de chasse, j’ai intégré un programme de préparation mentale pour les athlètes de haut niveau. Celui-ci était dispensé par Anders Meland, qui bossait aussi avec la marine norvégienne à cette époque. Il nous a montré le module, à nous pilotes, il nous a introduits à « la pleine conscience » (un état de conscience qui résulte d’une attention au moment présent, une manière d’être ouvert à la vie telle qu’elle se présente à nous, NDLR). Sa méthode a été un grand succès dans notre escadron, nous étions en 2010 à l’époque, et Anders et moi-même avons continué à collaborer ensemble par la suite. On a donné des cours, fait des briefings, etc. En 2016, Bodø/Glimt a été relégué en deuxième division et ils étaient à la recherche de quelqu’un dans ce secteur. Par le biais d’Anders, ils se sont renseignés, nous ont demandé ce qu’on faisait. Anders était trop occupé, donc j’y suis allé. Depuis le printemps 2017, je collabore avec eux. Je n’avais jamais fait ça avant.

Comment vivez-vous cette expérience depuis quatre ans ?C’est un fantastique voyage depuis le début. Un challenge permanent. Au début, j’aidais seulement quelques joueurs, aujourd’hui c’est beaucoup plus global et c’est intégré dans la stratégie du club.

Avant de commencer à bosser avec le club de Bodø, je ne m’intéressais pas au foot. À tel point que les joueurs ont dû m’expliquer certaines règles.

C’est différent de travailler avec des footballeurs ?Non. Par le passé, j’ai également bossé avec des traders, alors que ce n’est pas non plus un domaine où je suis compétent. Parce qu’on parle de la personne, de sa vie, pas de son métier. Avant de commencer à bosser avec le club de Bodø, je ne m’intéressais pas au foot. À tel point que les joueurs ont dû m’expliquer certaines règles. (Rires.) Moi, je ne peux pas les aider à progresser techniquement, je ne suis jamais en conflit avec le coach. La chose que Kjetil Knutsen peut faire en revanche, c’est me dire ce qu’il voit au quotidien, ce qu’il a observé, pour que moi ensuite je travaille dessus.

Comment travaillez-vous avec les joueurs ?On se voit toutes les trois semaines avec les joueurs, car, s’il y a des réunions trop fréquentes, vous ne laissez pas le joueur « vivre » suffisamment de nouvelles choses pour que cela soit efficace. Moi, je ne vis pas à Bodø, je ne les vois pas s’entraîner, donc c’est pour cela que les analyses du coach et de son staff sont importantes. Ensuite, j’ai des rendez-vous individuels avec les joueurs. La première fois que je les rencontre, les entretiens sont plus longs et peuvent durer jusqu’à 1h-1h30. Après, ce sont plutôt des rendez-vous de 30 minutes personnalisés en cours de saison. Je dois quand même dire que ce qui préoccupe ou intéresse 99% des joueurs, c’est la confiance en soi, voire même l’estime de soi. C’est très important pour eux. Si tu joues bien, tu emmagasines de la confiance. Si tu ne joues pas ou que tu fais un mauvais match, c’est l’inverse. Ensuite, il y a la sphère privée : ce qu’ils vivent en dehors du club peut affecter en bien ou en mal leurs performances le week-end. L’objectif, c’est qu’ils n’aient pas peur de rater ou de dire une bêtise. Qu’ils aient suffisamment confiance pour tenter, car c’est de là aussi que vient la créativité. Les gens ont peur de faire des erreurs. Moi, j’apprends aux joueurs à aimer faire des erreurs.

Quand on est pilote de chasse, on ne peut pas se permettre de faire des erreurs comme un joueur de foot, si ?Cela dépend du type d’erreurs que l’on fait. Bien sûr que durant un combat, faire des petites erreurs peut être plus dangereux, mais cela fait partie du jeu. Quand vous êtes dans la performance, l’important réside dans la volonté de repousser ses limites. Le joueur a le devoir de se demander : « Où est ma limite ? » On faisait la même chose lorsqu’on était pilotes. Les gens pensent qu’on ne peut pas se tromper dans les airs, mais en vérité, c’est que l’on s’entraînait énormément. C’était dans ces moments-là qu’on pouvait faire le plus d’erreurs possibles, dans un cadre contrôlé. Pour que derrière, en situation de combat, on en fasse le moins possible. C’est pareil dans le foot, finalement.

Je n’ai pas apporté d’horrible contribution à cette guerre qui était beaucoup plus complexe qu’il n’y paraissait.

Y a-t-il une mission en tant que pilote qui a changé votre façon de voir les choses ?L’année qui a suivi le programme de préparation mentale dont je parlais précédemment, nous avons pris part au conflit en Libye (2011). Là, j’y ai vu les bénéfices. Tu combats comme tu t’entraînes. Dans les airs, dans ces moments-là, tu n’as pas beaucoup de temps pour réfléchir. Mais si tu ressens quelque chose, il faut prendre cela au sérieux et ne pas le repousser. Le plus important pour moi, c’est qu’aujourd’hui, je peux vivre avec ce conflit. Je n’ai pas apporté d’horrible contribution à cette guerre qui était beaucoup plus complexe qu’il n’y paraissait.

Est-ce que l’on peut faire un parallèle entre un pilote d’avion en action et un joueur qui joue un match important ?Oui, totalement. C’est en tout cas ce que je crois, et ce que je croyais déjà lorsque j’avais pris part à ce programme en tant que pilote. Que c’était fait pour les sports d’équipe. J’étais surpris qu’il n’y ait rien à ce sujet à Bodø lors de mon arrivée, alors que c’est la même chose : les joueurs sont des individus qui doivent réussir en équipe. C’est la même façon de penser.

La saison passée, Bodø/Glimt a obtenu des résultats exceptionnels en championnat. L’équipe a été sacrée championne de Norvège avec trente points d’avance et une attaque explosive (103 buts marqués en 30 journées). Est-ce différent de travailler avec les joueurs maintenant qu’ils ont atteint l’objectif ?C’est vrai que les joueurs avaient peut-être davantage de « haut et de bas » lors de mon arrivée. Depuis deux ans, je trouve les gars extrêmement stables dans la gestion de leurs émotions. Le dernier changement important, c’est lorsque l’équipe a joué à Prishtina, au Kosovo, lors des tours de qualification. L’équipe est habituée à attaquer, mais là, elle devait savoir défendre pour se qualifier. Ce genre de moments, en Coupe d’Europe, vous rend plus cynique. Cela vous apporte de nouveaux outils pour les semaines à venir, comme quand l’équipe a joué à San Siro contre l’AC Milan. Ce vécu fait partie de l’apprentissage et du développement d’un joueur.

Donc Bodø/Glimt est prêt à marcher sur Sofia pour ramener la victoire en Norvège ?Tout le travail est fait dans ce sens, on va voir maintenant si c’est suffisant !

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