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« Ce voyage de Laval à Kiev, je ne l'oublierai jamais »

Propos recueillis par Andrea Chazy

Il y a 40 ans, Didier Daburon était l'un des quatre fans des Tango partis assister au match nul historique du Stade lavallois sur le terrain du Dynamo Kiev en Coupe de l'UEFA (0-0, victoire et qualif 1-0 en Mayenne au retour). Un aller-retour de 6000 kilomètres au temps de l'URSS que ce chauffeur de métier, qui donnera le coup d'envoi de Laval-Valenciennes ce samedi, se rappelle avec plaisir.

«<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Ce voyage de Laval à Kiev, je ne l'oublierai jamais »

Qu’est-ce qui vous avait motivé à partir pour Kiev le 10 septembre 83, pour ce 32e de finale aller de la Coupe UEFA ?

J’avais fait une promesse au président de l’époque Henri Bisson et à l’entraîneur Michel Le Milinaire : si vous vous qualifiez en Coupe d’Europe, quelle que soit la destination, je vous suivrai. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit la destination la plus loin possible, mais j’avais fait une promesse. J’ai fait le nécessaire pour trouver trois camarades pour m’accompagner, puis on a entamé les démarches.

J’avais fait une promesse au président de l’époque Henri Bisson et à l’entraîneur Michel Le Milinaire : si vous vous qualifiez en Coupe d’Europe, quelle que soit la destination, je vous suivrai.

Comment se prépare-t-on à faire 6000 bornes à travers une Europe coupée en deux ? Il faut bien calculer son coup, taper aux bonnes portes. D’abord aller voir les agences de voyages, trouver les assurances qui pouvaient nous couvrir… Aucune assurance en France ne voulait nous couvrir, on a dû souscrire une assurance en Angleterre. Faire la demande de visa, car on n’entre pas en URSS comme ça. Une agence lavalloise s’est chargée de contacter le consulat soviétique à Paris, les ambassades des différents pays qu’on allait traverser. Ça a pris deux mois au total, et on a reçu les autorisations d’entrer sur le territoire deux jours avant de partir.

Le jour du départ, quel sentiment prédominait ? On est parti de Domfront dans l’Orne, de chez Michel Prod’homme, un ami restaurateur malheureusement décédé il y a quelques années, qui m’a donné le goût des déplacements, car il suivait beaucoup l’équipe de France. On est parti à 15h et on a roulé jusqu’au mardi soir jusqu’à notre arrivée en Hongrie. C’est la seule étape que l’on a faite avant de passer la frontière soviétique. J’ai conduit tout le chemin, car c’était déclaré ainsi, on ne s’est pas arrêté, on a juste fait quelques pauses pour la sieste. La motivation était telle qu’on n’était pas vraiment fatigué. On avait une Peugeot 504 qui avait déjà 240 000 kilomètres au compteur, et la seule frayeur qu’elle m’a faite, c’est lorsqu’elle a commencé à chauffer alors qu’on traversait un champ de tomates en Hongrie. En tout, on a traversé la France, l’Allemagne via Stuttgart, l’Autriche, la Hongrie puis l’Ukraine qui était dans l’URSS. On n’avait rien préparé pour la halte en Hongrie, c’est un mec qu’on avait pris en stop qui nous avait envoyés vers un hôtel pour touristes à Budapest. Globalement, les gens se méfiaient quand même un peu de nous, on venait de l’Ouest, ils se demandaient si on n’allait pas les piéger… Ce n’était pas comme aujourd’hui, les gens voyageaient beaucoup moins.

La Peugeot 504 a commencé à chauffer alors qu’on traversait un champ de tomates en Hongrie.

Y a-t-il eu des complications lorsque vous êtes arrivés au poste frontière en URSS ?

On est resté huit heures là-bas. Ils ont démonté la voiture en pièces pour savoir si on n’avait rien caché. Ils ont regardé le filtre à air, ils ont enlevé les moquettes, ils ont regardé sous les sièges, démonté la roue de secours… Quand on est reparti, ma voiture n’avait jamais été aussi propre. (Rires.) Mon ami Michel avait déclaré qu’il entrait avec 70 roubles, sauf que l’on était limités à 7 roubles. Ils l’ont emmené dans une pièce et déshabillé pour voir où est-ce qu’il pouvait les cacher. Il s’était évidemment trompé, mais on n’avait pas le droit de se tromper à cette époque-là.

Il y avait d’autres objets dont vous avez dû vous délester ? Tout ce qui était journaux, affiches ou boissons occidentales, rien n’a pu passer. L’URSS, c’était une découverte, un retour en arrière. Je n’avais jamais vécu cela : les gens étaient pauvres, c’était d’une tristesse monumentale. Ça m’a marqué à vie : je me souviens encore de ces camps de prisonniers femmes qui étaient en train d’écraser de la craie pour faire des lignes blanches sur des quatre voies. Des enfants qui faisaient manger des vaches sur le bord de la route, des gens transportés dans des camions bennes pour couper du maïs… Ce sont des images que je n’oublierai jamais. D’une manière générale, ce voyage, je ne l’oublierai jamais.

Vous avez une anecdote sur ce voyage en particulier ? Bien sûr : l’un des amis qui étaient présents avait pris un cubi de rouge. Il n’aimait pas vraiment l’eau, et comme il n’allait pas passer la frontière avec, on l’a caché dans un ruisseau non loin de l’Ukraine pour le retour. Quand on est revenu, on l’a retrouvé quasi intact, il s’est régalé d’une manière très vive.

Le stade du Dynamo Kiev comptait 120 000 places à l’époque. Comment se fait-on entendre à quatre dans un si grand stade ? 

On ne se fait pas entendre, on se tait. Pour la simple et bonne raison qu’on était suivi en permanence par des miliciens. Dès qu’on voulait se lever et faire du bruit, ils nous faisaient comprendre qu’il fallait se rasseoir et ne plus bouger. La seule chose qu’on a pu faire, c’est se faire voir par les joueurs, car on était juste au-dessus du tunnel de la sortie des joueurs. Mais bon, ils étaient déjà au courant. Le soir, les dirigeants lavallois nous ont quand même invités à leur hôtel après la rencontre, on a cassé la croûte avec eux.

Quand Blokhine tirait, on avait l’impression que le ballon allait crever tellement il tapait fort. Il fallait que les gars soient à 200, 300% pour ramener un résultat, et ensuite arracher la qualif au retour à Le Basser.

Tenir en échec le Dynamo de Blokhine, Zavarov à l’époque (0-0), c’est un résultat légendaire. Le gardien du Stade lavallois nous racontait en 2015 ne même pas se souvenir si Laval avait dépassé le milieu de terrain. C’était un stress permanent, ce match ? Totalement, surtout quand Godart bloque une balle sous la transversale où on attend un moment et on voit qu’elle ne rentre pas. Quand Blokhine tirait, on avait l’impression que le ballon allait crever tellement il tapait fort. Il fallait que les gars soient à 200, 300% pour ramener un résultat, et ensuite arracher la qualif au retour à Le Basser (1-0). Je pense à des gars comme Loïc Perard, Jean-Michel Godart, Patrick Bozon, Thierry Goudet… Le ballon revenait quand même très souvent dans la surface lavalloise.

Ce déplacement à Kiev, c’est le plus beau de votre vie de supporter ? Sur le plan humain pendant et après, oui car ce fut extraordinaire. Mais sinon, le plus beau déplacement, non, car on était sous surveillance, on sentait toujours la présence de quelque chose ou de quelqu’un. On est arrivés à 11h20 le mercredi matin, jour de match, on a fait une visite express en ville, puis on est allé au stade. C’était difficile de se faire à la rigueur ambiante. On n’avait pas le droit d’aller dans tous les magasins par exemple, il y avait des établissements réservés aux étrangers. À l’interprète qu’on avait eu à la frontière, on lui avait demandé : « Mais vous sortez quand du bloc soviétique ? » Il nous avait répondu : « On peut sortir au bout de quatre ans avec un livret bien rempli de félicitations sur le plan du travail pour aller dans les pays limitrophes. » Pour aller plus loin, il fallait qu’ils attendent sept ans. Et ça, c’est s’ils avaient les moyens…

Laval ne retrouvera pas l’Europe tout de suite, mais 40 ans plus tard, l’équipe a fait un départ canon cette saison en Ligue 2. Vous le sentez venir, le retour dans l’élite ? Profitons du moment. Ça ne sert à rien de se fixer des objectifs comme ça. Le maintien reste la priorité. Si l’équipe peut éviter les galères qu’elle a eues l’an passé… Derrière, on verra.

Propos recueillis par Andrea Chazy

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