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Deschamps et l’autel de l’histoire

Par Maxime Brigand
Deschamps et l’autel de l’histoire

En cas de victoire au stade de France dimanche soir, il serait devenu un héros costumé et une ligne magnifique de l’histoire de ses pairs. Cela pourrait être en Russie, dans deux ans, que Deschamps a déjà placé dans son viseur. Mais son succès est ailleurs : dans l’art d’avoir fait d’une sélection en chantier une équipe prometteuse.

Il se pince des lèvres qu’il n’a pas. Il regarde un trophée qu’il ne touchera pas. Pour la première fois depuis près de deux mois, Didier Deschamps est seul. Le costume lui va pourtant si bien et le décor aussi. C’est simple : à chaque fois qu’il était venu à Saint-Denis pour écrire une nouvelle page de son histoire, il avait gagné. Avec l’équipe de France, avec Monaco, avec Marseille. Didier Deschamps a longtemps écrit son récit personnel dans la victoire. Certains parlaient alors de sa « chatte » . Le seul constat est qu’il n’y a pas de meilleur entraîneur pour mener la barque du football français. La seule conclusion de ce championnat d’Europe est que Didier Deschamps peut donc se courber dans sa quête et s’incliner. Il peut perdre et c’est assez rare pour le souligner. Au cours de ce championnat d’Europe, il a beaucoup parié et s’est aussi planté. Mais Didier Deschamps n’a pas eu tort parce qu’il a perdu contre le Portugal. Il n’avait pas, non plus, eu raison parce qu’il avait battu l’Allemagne. C’est une partie du paradoxe qui l’entoure depuis la défaite contre le Portugal (0-1) dimanche soir. Un revers qui fait figure de rature et que Didier Deschamps veut déjà laisser derrière lui. Alors que Fernando Santos fête le premier succès international de l’histoire de son pays, DD, lui, erre sur la pelouse du stade de France. Il retire la médaille posée autour de son cou. Il se refait le film d’un mois de compétition, de vie commune, de critiques, de sourires et de sarabande. Mais au fond, il sait qu’il n’a rien à se reprocher.

Du sang et des larmes

Autour de lui, il regarde Bacary Sagna fondre en larmes, Hugo Lloris caler sa tête sur l’épaule de son suppléant, Steve Mandanda, ou encore André-Pierre Gignac, la main sur le visage, allongé sur le sol. Quelques minutes plus tôt, Deschamps a envoyé sa main fracasser la guérite de son banc de touche. De rage. Pourquoi ? Parce qu’il ne comprend pas. Personne ne comprend vraiment comment cet Euro a pu lui échapper. C’était « l’histoire » de cette équipe, cela devait se passer comme ça et pas autrement. Et le football. Rien que le football et sa loi morale qui n’ont pas de sentiments. Dix-huit ans plus tôt, Didier Deschamps soulevait tout un pays dans la liesse. Alors en zone mixte, il avoue que « c’est cruel » , que « c’est dur » et qu’il lui faudra « du temps pour digérer » . Un succès l’aurait envoyé au panthéon, mais sa victoire est peut-être ailleurs : pour la première depuis plusieurs années, la sélection est devenue une équipe avec tout ce que ça comporte. Par ses choix et son aura, Deschamps a fait naître autour de son groupe une communion, un engouement et peu importe les pierres qu’il a reçu avant la compétition. Comme si cette équipe de France était redevenue celle qu’on aime et qui nous le rend.

« Je ne gagne pas toujours, mais assez souvent quand même »

Dans l’histoire du foot, seul Berti Vogts a remporté le championnat d’Europe en tant que joueur, en 1972, et en tant que sélectionneur, en 1996. Jusqu’ici, Deschamps n’avait alors perdu qu’une finale en tant qu’entraîneur, avec Monaco, en 2004. Dans un entretien donné au Monde avant la Coupe du monde 2014, il avait alors expliqué ne pas savoir « jouer pour jouer. Je fais en sorte de vouloir gagner. Après, je ne gagne pas toujours, mais assez souvent quand même. » L’objectif assigné par Noël Le Graët avant la compétition était le dernier carré de l’Euro, mais Deschamps n’en avait rien à faire. Lui ne jurait que par le 10 juillet. Car au bout de deux ans de matchs amicaux, il s’est retrouvé en finale après avoir marché sur la dépouille allemande en demies, mais surtout après avoir dû se battre contre les forfaits (Varane, Diarra, Mathieu…), l’affaire Sakho et le cas Benzema. Peut-être aussi parce qu’il s’est longtemps cherché au cours de « son » Euro, modifiant plusieurs fois ses schémas tactiques et ses hommes. Puis, il est tombé. « C’est difficile d’être optimiste ou de relativiser » , expliquait-il dans les couloirs du stade de France après la finale. On attend maintenant qu’il se relève, comme toujours et on attend déjà la Russie où Deschamps pourrait devenir l’égal de Franz Beckenbauer, seul sélectionneur à avoir remporté la Coupe du monde en tant que joueur (1974) et entraîneur (1990). Cela commencera le 6 septembre prochain avec un match en Biélorussie. Pour la première fois depuis longtemps, on a déjà hâte.

Les moments-clés du parcours des Bleus


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