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Darry Cowl, le foot à 3 roues

Par Eric Carpentier
Darry Cowl, le foot à 3 roues

Ce jeudi, André Darricau aurait eu 90 ans. Darry Cowl est né au grand public en 1957 avec un film mythique, Le Triporteur. Retour sur une odyssée de pieds carrés.

« L’objet de mon voyage, c’est de ramener la Coupe. Ah le football monsieur, le football, le vrai, le vrai football… » « On s’en fout de vos histoires, vous allez me faire le plaisir de prendre une autre route avec votre affreux machin ! » Et les gendarmes de signifier la première limitation de déplacement de supporters de l’histoire du cinéma français – on ne badine pas avec la Nationale 7, « les Champs-Élysées de la France » . La cible, Antoine Péralou, inconditionnel du Football Club de Vauxbrelles. Nous sommes en 1957, à la 15e minute d’une farce qui en compte 90. Antoine ne le sait pas encore, mais bientôt, il entrera dans la légende. Avec lui André Darricau.

« Tu l’as vue ta chemise ? »

Car Le Triporteur est le film qui va révéler Darry Cowl aux amateurs du 7e art. Adapté du livre poétique et éponyme de René Fallet, il raconte l’histoire d’un jeune garçon livreur en route pour se rendre à la finale jouée par son club à Nice. Si, dans l’adaptation, il perd sa délicieuse étiquette de membre de l’Amicale des amis de la belote et du 421 réunis, il n’en reste pas moins « supporter et triporteur » . Viré par le pâtissier Mouillefarine, il enfourche son tricycle et quitte les gamins de son village de Côte-d’Or, bille en tête et devise aux lèvres : « Allez Vauxbrelles, allez Dabeck et puis c’est tout ! » De l’amour simplement fou qui a pu inspirer, entre autres, Jean-Louis et Véronique, ce couple de supporters stéphanois venu du Nord pour assister à un match dans le Chaudron… en scooter. Sauf qu’en 2013, il s’agissait d’un match de Ligue Europa contre Esbjerg auquel les supporters migrateurs étaient arrivés en retard. Et les Verts avaient perdu. Antoine Péralou, lui, va donner la victoire à son équipe.

« Qu’est-ce qu’elle a ma chemise ? »

Une des rares victoires de Darry Cowl. S’il aime les tapis verts, ce sont surtout ceux des casinos. Joueur et noceur invétéré, il raconte le tournage dans Souvenirs d’un canaillou, sa biographie parue en 2005 : « Pendant le tournage aux studios de la Victorine à Nice, on passait toutes les nuits à faire la java et à jouer aux cartes dans la villa de Francis Blanche. Au matin, je me maquillais, j’enfilais mon costume, et j’allais dormir une heure dans un coin du studio. Les machinos me réveillaient pour tourner. » Plus amateur de pelote basque que de football, plus musicien que comédien (il débute comme pianiste de cabaret aux côtés de Brassens, Brel ou Ferré), il est aussi dilettante sur les plateaux qu’assidu aux casinos. Résultat, une filmographie dépassant les 160 apparitions, dont un bon paquet de navets, pour éponger ses dettes de jeu : « J’allais en studio juste avant la prise, ne sachant même pas quel film je tournais ! Tout ça à cause du casino : à 2, 3 heures du mat’, j’appelais Bernet (son agent de l’époque) à qui je demandais de signer d’urgence un nouveau contrat vu que j’avais encore perdu. »

« Une sale gueule au-dessus ! »

Mais au moment du Triporteur, Darry Cowl n’est pas encore atteint par le démon du jeu. Au contraire, le réalisateur Jack Pinoteau se souvient d’une « participation totale. Nous avons fait ce film ensemble en nous amusant. Darry, à l’époque, tenait une santé redoutable, on avait du mal à le suivre tellement il avait de l’esprit. » Un talent repéré bien avant les plateaux, dans les gradins : « Le foot était une chose importante pour nous. Avec d’autres, nous allions régulièrement au Parc des Princes voir le Racing. Nous passions nos dimanches ensemble. Ça commençait par un déjeuner au restaurant pour se mettre à l’aise, puis nous partions en bande au Parc. Darry avait beaucoup d’esprit et de répartie, un talent fou, par ailleurs inaperçu. On avait l’impression qu’il ne se rendait pas compte de sa drôlerie. Il était vraiment brillant. »

Brillant dans la vie, à l’écran, et dans les buts. La scène finale du film, dans laquelle il emporte la coupe et Popeline, son joli lot par ailleurs compagne dans le civil, est tournée au stade du Ray. Jack se souvient de ces scènes de Shaolin Soccer avant l’heure : « On s’est bien divertis ! (rires) Il tripotait le ballon avec grâce et presque amour. Il sortait avec le ballon, c’était presque un frangin quoi, un copain. Les joueurs étaient étonnés par sa façon d’utiliser le ballon. Il demeurait des suites d’attitudes comiques, ça lui était profondément naturel, il s’amusait de lui-même. Ça a contribué à créer un climat à la fois dans l’humour et dans le sérieux. » À l’écran, ça donne surtout une suite vertigineuse de pantalonnades de la part du petit canaillou. Qui iront jusqu’à inspirer à Éric Di Meco une comparaison pas forcément avantageuse pour Elinton Andrade, un soir de mars 2012, à la veille d’un match à disputer contre le Bayern. Darry Cowl n’a pas pu apprécier la référence, emporté par un cancer du poumon en 2006. Restera toujours le joyeux triporteur.

Vidéo
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Deuxième tour préliminaire C1 : les gros sans pitié avec les petits
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