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Coule, Britannia !

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Coule, Britannia !

MU au tapis... Plus de clubs anglais dans le dernier carré. Surprenant ? Pas tant que ça. Tentative d'explications...

« Rule, Britannia ! Britannia, rule the waves / Britons never, never, never shall be slaves » … Tu parles ! Britannia fait glou-glou, ce matin. Avec en point d’orgue, l’élimination grosse comme un paquebot des Red Devils contre le Bayern (3-2, hier soir) : à l’aller, le 1-2 à la 94ème laissait présager aussi funeste issue. Des coups du sort terribles et classiques que le foot assène avec une belle constance aux “étourdis”, comme dans la fable du lièvre et de la tortue. Tant pis pour les Raides Débiles… Manchester était pourtant plus fort ? Ben ouais. Sauf que non. La preuve ! Donc, pas de clubs anglais en demies. Bilan comptable d’abord… La dernière fois que c’est arrivé, c’était en 2003 (avec trois clubs italiens en demies). Plus fort : depuis le Porto/Monaco de 2004 (3-0), il y avait toujours eu au moins un club de Premier League en finale. Encore plus fort : trois clubs anglais en demies en 2007, en 2008 et en 2009. D’où la méga cata cette année…

Alors ? Par quoi on commence ? Par 2004, toujours. Cette année-là, on a retrouvé deux “outsiders” en finale, c’est à dire deux clubs (Monaco et Porto) n’appartenant pas au Big Three anglo-hispano-italien. Un petit accident industriel vite digéré par le cannibalisme ultra vorace des trois pays gloutons qui ont ensuite boulotté toutes les Ligues des Champions jusqu’à l’an passé (Milan AC, Barça, Man U, Liverpool). Or, on l’avait annoncé dès septembre : le scénario de 2004 risquait de se reproduire cette saison. C’est-à-dire que le Big Three aurait des difficultés à squatter les quarts, voire les demies de C1. Et c’est ce qui s’est produit. Les faits sont là : Inter, Barça, Lyon et Bayern. Cherchez les deux intrus… Ceci dit, on ne se doutait pas qu’aucun club anglais ne figurerait dans le dernier carré. Ce qu’il s’est passé, c’est que, en gros et comme prévu, les clubs du Big Three seraient un peu moins bons alors que les clubs des pays plus “modestes” hausseraient, eux, leur niveau de jeu. Le phénomène de courbes qui cisaillent tout a décimé pêle-mêle Liverpool, le FC Séville, le Real, la Fiorentina, la Juve, Manchester United, tous découpés par Bordeaux, Bayern, Lyon, CSKA Moscou. La plèbe, quoi…

Un scénario catastrophe prévisible ?

Question : comment pouvait-on prévoir pareil scénario ? Avant de répondre, on va juste rappeler que le Barça pourrait bisser cette année, ou bien l’Inter pourrait remporter aussi la C1, et donc que tout rentrerait dans l’ordre : Italie ou Espagne, on resterait alors dans le Big Three. Reste que le Big Bang a quand même eu lieu because en finale on aura soit Lyon ou soit l’OL (oui, oui, je sais…). Donc un “intrus”… Retour à la question cruciale : comment pouvait-on prévoir pareil scénario ? Beaucoup d’indices et un peu d’intuition… Pas d’analyse continentale globale : trop long, trop compliqué… Juste les clubs anglais. D’abord l’usure perceptible après les joutes mortelles de ces dernières années de C1, notamment entre Liverpool, Chelsea et Manchester (plus présents qu’Arsenal en demies).

D’année en année, déployer tant d’efforts jusqu’aux demies ou en finale, ça bousille les organismes. Surtout avec en parallèle une Premiership devenue de plus en plus hard (on va y revenir). Un exemple au hasard : le magnifique Lampard, un peu trop “en dedans” lors des deux matchs cruciaux contre l’Inter. Pas mauvais, Franky, mais pas au niveau de ses années fastes. Cherchez bien et vous trouverez à Liverpool (Gerrard), MU (Giggs) ou Arsenal (Gallas), pareilles situations avec des tas de joueurs “usés”. Cette saison, dès le début du championnat, on a aussi senti que l’autre Big Four habituel du championnat anglais (Tottenham, Everton, Aston Villa et… Man City) allait opposer une résistance bien plus coriace aux super cadors (MU, Chelsea, Arsenal, Liverpool). Premières victimes : les Reds, largués très tôt dans la saison en Coupe d’Europe et en Championnat. Actuel sixième avec 4 points de retard sur le quatrième européen Man City (dont un match en moins !), Liverpool risque de ne pas jouer la C1 l’an prochain. Un séisme !

Donc, grosses difficultés en interne pour le Big Four anglais. Des preuves ? Fastoche ! Les chiffres, toujours. L’an passé, à la fin du championnat anglais, et dans l’ordre, MU totalisait 4 défaites, Liverpool 2, Chelsea 5 et Arsenal 6. Le tout pour 38 journées. Cette saison, après 33 journées, Chelsea a 5 défaites (c’est correct), mais MU en a déjà 7, Arsenal 6 et Liverpool 10 ! Il suffit d’une défaite supplémentaire pour les Gunners et les Blues pour avoir un tableau complet de l’écroulement généralisé de la bande des quatre. L’effet n’est pas toujours forcément mécanique mais un club qui peine à s’imposer dans son championnat domestique aura du mal à s’imposer en Coupe d’Europe. Autre indice visible à l’intersaison : les changements dans les effectifs. Pour aller vite, on citera deux cas emblématiques, Xabi Alonso et Cristiano Ronaldo. Benitez a toujours clamé que le départ de son milieu fétiche au Real n’avait pas altéré la qualité du jeu des Reds, chose dont on peut largement douter… Plus lourd, le départ de CR9 à Madrid, également. La preuve a contrario (ou “en creux”, pour reprendre une expression à la mode) que sans Ronaldo, MU n’était plus exactement MU ? OK, Rooney est extraordinaire mais il n’a pas encore la même puissance d’efficacité et surtout d’entraînement de groupe vers les sommets du Portugais. On rappelle que c’est bel et bien Cristiano qui souvent porte aujourd’hui à bout de bras un Real où même Kaka a sombré… Pour en revenir à MU, outre l’usure, il y a bien sûr le vieillissement. Total respect aux Neville, Scholes, Giggs mais les aiguilles de l’horloge piquent de plus en plus vif… Sinon, le cas Berbatov, grande déception…

Crise économique et crise identitaire

Et puis la crise économique a frappé. Austérité et rigueur à Chelsea : Abrahamovitch a rangé le chéquier. Plus de transferts pharaoniques. A ce propos, les changements trop fréquents d’entraîneur à Chelsea (Mourinho, Scolari, Grant, Hiddink, Ancelotti) ne sont sans doute pas sans rapport avec l’échec européen des Blues. Échec relatif, c’est vrai, puisque Chelsea n’a raté qu’un seul match, le retour contre l’Inter (0-1). Ceci dit, l’instabilité au poste de coach a forcément joué quelque part. Crise encore à MU (dettes faramineuses) où malgré le transfert record de CR9 (94 millions d’Euros), Sir Alex a recruté cheap (Valencia, Owen, Obertan,…). Et puis, il y a le vrai lancement dans le grand bain des jeunes et moins jeunes : Rafael, Nani, Valencia, Gibson. Ça paiera plus tard, on n’en doute pas, mais pas cette année. Mêmes restrictions budgétaires à Liverpool (dettes faramineuses), où un Steven Gerrard a remis sur le tapis le manque d’ambition des propriétaires, via l’achat de joueurs. Vue la situation financière du club, Steven peut toujours rêver…

Et puis il y a l’identité culturelle. L’Angleterre ne paie-t-elle pas aujourd’hui sa conversion à marche forcée au modèle continental ? Le jeu à terre, les dédoublements, le quadrillage ultra discipliné… Prenons juste l’exemple d’Arsenal. Sous la férule de Wenger, les Gunners ont joué contre Barcelone un jeu proche de celui de son adversaire. Sauf qu’en la matière, le style d’Arsenal n’atteint pas l’excellence du modèle catalan de référence. Jadis, autrefois, les clubs anglais terrorisaient les clubs continentaux grâce à un savant mélange de jeu continental (jeu à terre, construit ligne par ligne) et de jeu british (jeu aérien, direct dans la boîte sans passer par le milieu, tirs lointains). Meilleur exemple : le grand Liverpool des années 70 et 80. MU pratique encore cette double culture. “Pratiquait”, plutôt… En fait, notamment l’année dernière avec Cristiano Ronaldo (tiens, tiens…), admirable dans le jeu de tête et dynamiteur de loin quand tout était bloqué (remember le missile à Porto, 1-0 et qualif). Qu’en conclure ? Eh bien que malgré l’écrasante supériorité du Barça dans le jeu à terre, il serait intéressant de voir comment les Blaugranas réagiraient s’ils étaient acculés au jeu aérien et aux centres mortels. Un simple coup-franc indirect dans le rond central balancé dans la surface barcelonaise avec 5 ou 6 joueurs à la réception, ça vaut le coup d’être tenté. Mais bon : l’Angleterre a délaissé le jeu aérien ces temps-ci… Pour mémoire, en finale de l’Euro, l’Allemagne a au l’intelligence de jouer sur sa propre culture : grosse présence physique au milieu, écarter sur les côtés, centrer et pousser les Espagnols aux duels aériens. C’est la seule fois où l’Espagne a vraiment subi et n’a dû son salut qu’à un Iker Casillas héroïque dans les ballons hauts. Les Allemands n’ont même pas essayé de jouer à “l’espagnole” » , à “la barcelonaise”. Sinon, c’était la cata…

Voilà, le foot allemand est l’avenir de l’Angleterre. Et puis, une bonne nouvelle pour Albion : avec ses quatre clubs éliminés en Ligue des Champions, les joueurs pourront souffler un peu, eux qui sont déjà accablés de Boxing Days, de matchs de Cup ou de League Cup à jouer et rejouer… L’Angleterre sera championne du monde en Afrique du Sud !

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