Chelsea-Liverpool : the last chance

Le TGV Manchester City est lancé. Onze victoires de rang en Premier League, pour 33 buts marqués et 7 encaissés. Autant dire que le champion file à toute allure vers une nouvelle couronne. Il y a encore trois semaines, la PL semblait pourtant en mesure d’offrir une lutte palpitante pour le trône. City menait alors la danse, mais seulement un point devant Chelsea et deux devant Liverpool avec une moins bonne différence de buts. Décembre est passé, et tout a changé : exit la féroce bataille entre les trois géants, place à un cavalier seul. Si bien que Reds et Blues ont rendez-vous ce dimanche, à Stamford Bridge, avec la pression de la dernière chance. S’imposer, c’est repartir du bon pied et limiter la casse en gardant le leader à portée de canon. Se neutraliser, c’est ouvrir définitivement un boulevard dont City n’a certainement pas besoin. S’incliner, c’est décrocher de manière irrémédiable et abandonner pour de bon l’espoir de titiller l’ogre mancunien.

Coup de froid sur le suspense

L’adage dit que si la Premier League ne se gagne pas pendant les fêtes, elle peut très bien se perdre. Le cru 2021-2022 l’a confirmé, et lourdement. Plusieurs cartouches ont été grillées en décembre, Liverpool ne prenant qu’un point sur six (contre Tottenham et Leicester) alors que Chelsea trébuchait (contre West Ham, Everton, Wolverhampton et Brighton). Là où Manchester City a pu se constituer une jolie marge, ses poursuivants sont aujourd’hui condamnés à ne laisser absolument plus rien passer.

Le retard accumulé sera d’autant plus difficile à combler que le début d’année permettra à Manchester City de lever le pied, « grâce » à son élimination précoce en Carabao Cup. Le format aller-retour des demi-finales de la compétition ajoutera deux rencontres à chacun de ses rivaux, contre Arsenal pour Liverpool et contre Tottenham pour Chelsea. Des matchs que ne disputeront ni Sadio Mané, Mohamed Salah et Naby Keita chez les Reds, ni Édouard Mendy chez les Blues, Coupe d’Afrique des nations oblige. Programme chargé, absences majeures à déplorer : l’addition de janvier s’annonce au mieux égale, au pire encore plus salée.

S’accrocher et espérer

Pour Chelsea, l’équation s’est largement complexifiée depuis novembre. Épargnés ni par les cas de Covid ni par les blessures, les Blues tournent au ralenti. En témoignent les nuls concédés dans la deuxième quinzaine de décembre face à Everton (1-1), Wolverhampton (0-0) et Brighton (1-1). Des équipes de milieu, voire de bas de tableau. « C’est comme presser le même citron encore et encore, en s’attendant à ce qu’il en sorte toujours du jus frais », schématisait Thomas Tuchel, en conférence de presse. Bilan des dix premières journées : 25 points, 26 buts marqués et 3 encaissés. Bilan des dix suivantes : 17 points, autant de buts marqués et 11 encaissés. Avec, désormais, 11 points à combler (mais une rencontre de moins). Une mission impossible, à moins d’une défaillance majeure du leader. Peu probable au regard des habitudes des Citizens, pas vraiment adeptes du coup de fringale une fois dans cette position. Avec deux matchs en moins que les Mancuniens, Liverpool est encore le mieux placé, puisque potentiellement à six longueurs. Pas encore irrémédiable. Les hommes de Jürgen Klopp réalisent jusqu’ici une saison convaincante, avec 28 matchs depuis août et seulement deux défaites. Malheureusement pour les ambitions nationales des Merseysiders, elles sont intervenues en championnat.

Et celle de mardi, au King Power Stadium de Leicester, risque de peser lourd. « Nous n’étions pas vraiment nous-mêmes, a déploré Jürgen Klopp face à la presse, se désintéressant alors presque du titre. Trouver l’explication de notre performance est ma principale préoccupation en ce moment, pas l’écart avec Manchester City. Si nous jouons comme ce soir, nous n’avons pas à penser à rattraper City. » Le champion partait déjà en pole position sur la grille, avec la meilleure voiture. À mi-parcours, sa cote a encore nettement baissé. Liverpool et Chelsea ont beau rouler vite, le moindre écart de conduite se paie cash quand on court face à une mécanique bien huilée et impeccable dans ses trajectoires. Y compris quand les virages sont un peu plus serrés, à l’image du succès étriqué de samedi à l’Emirates. En toute logique, l’écart n’a fait que se creuser. Le calendrier indique le 2 janvier, et l’Angleterre n’a déjà presque plus aucun doute sur l’identité de celui qui coupera la ligne en premier. À moins que…