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Ce qu’il faut retenir de 2003/2004 : Vahid, l’autre Ronaldo et los Galacticos

Par la rédaction de So Foot
Ce qu’il faut retenir de 2003/2004 : Vahid, l’autre Ronaldo et los Galacticos

So Foot fête ses dix ans cet été, l'occasion de revenir sur dix ans de foot saison par saison. Aujourd'hui, 2003/2004, avec au casting : le PSG de coach Vahid, un jeune espoir venu de Madère et la faillite des Galactiques.

Coach de l’année :

Vahid Halilhodžić, Veni, vidi, vomi…

Paris Plage 2003. Le club sort d’une énième campagne chaotique, conclue en tête à queue dans la seconde moitié du classement (11e). Perpère/Fernandez, le tandem d’énarques qui drivait le club, est débarqué au profit d’une équipe de choc venue du Nord : le duo Graille/Halilhodžić. Des faiseurs de miracles, qui resteront impuissants dès leur premier défi : retenir Ronaldinho. Pourtant, ils lui avaient offert Pauleta début juillet, histoire que tout soit « tudo bem » entre eux, mais Ronnie est parti ambiancer Barcelone contre une trentaine de millions d’euros. Évidemment dépensés n’importe comment. Pierre-Fanfan, Cubilier, M’Bami, Ljuboja, l’étoile filante Hakan Yakin et l’obscur Branko Bošković, alias « l’étoile noire de Belgrade » . Même le prêt de Juan-Pablo Sorín en toute fin de mercato n’y change rien, le PSG semble filer tout droit vers une saison galère. Le 2 septembre, Jérôme Leroy est exclu du groupe et bazardé à Guingamp pour avoir un peu trop ouvert sa bouche. Le 29 octobre, Paris se fait catapulter par Gueugnon en Coupe de la Ligue, dans un 16e de finale tranché aux tirs au but, avant de caler trois jours plus tard au Parc face à Lens. Le club compte alors 20 points sur 36 possibles, mais inquiète par la pauvreté de son fonds de jeu. Vahid trouve la parade. Quitte à jouer sale, autant le faire jusqu’au bout. 4-4-2 béton armé, contre-attaque à gogo, et tant pis pour la fantaisie. Dans les bois, Alonzo réinvente son poste pendant que capt’ain Déhu et Gaby Heinze donnent le ton en défense. Dans l’entrejeu, Cana coupe, M’Bami ramasse. Sur les ailes, Juampi et Nanard enchaînent les go -fast pour servir le loup Pauleta, lui-même soutenu par le renard et la belette, Fiorèse et Reinaldo. Vingt et un matchs sans défaite, le podium à la trêve et mieux : deux fois le scalp de l’OM au Vélodrome. Une fois en L1 et une autre en 32e de finale de Coupe de France pendant lequel le Parc des Princes transforme Selim Benachour en Maradona pour renverser le score.

Un festival de victoire par un but d’écart plus tard, Paris reçoit Marseille pour le troisième et dernier round. Sur son trente et un, Pedro nettoie la lucarne de Barthez d’un lob tout en onctuosité, avant de passer la deuxième couche qui brille et qui doit mettre définitivement son équipe sur orbite. Sauf que derrière, Paris se vautre trois buts à rien dans l’ancien fief de son buteur fétiche. Une défaite à deux journées de la fin, qui coupe bien plus que les ailes de l’Aigle des Açores. Le PSG a beau abattre Lyon la semaine suivante, il ne termine que second, à trois longueurs de l’ogre d’Aulas. Mais le meilleur reste à venir. Le 29 mai, dans l’enceinte du Stade de France, la capitale terrasse Châteauroux sur le plus petit des scores. Elle pense alors pouvoir mettre fin à six ans de couvre-feu en célébrant comme il faut sa sixième Coupe de France. C’était sans compter sur l’ennemi marseillais qui tient coûte que coûte à sa vengeance. En douce, les Phocéens viennent de débaucher Fred Déhu pour la saison prochaine, et l’affaire s’est ébruitée, tant et si bien qu’au moment de lever le trophée, le grand blond fond en larmes sous les sifflets de son public. Une image qui résume toute une saison. De la sueur récompensée par des pleurs, et des départs en traître. 31 août 2004, Fabrice Fiorèse vient de s’engager avec L’OM. Une décision aussi folle que soudaine, et la goutte de trop pour coach Vahid : « Cette nuit, quand je suis rentré chez moi vers une heure du matin, je vous le dit franchement, j’ai vomi… » Ça ne pouvait que se finir ainsi.

Phénomène naissant :

Cristiano Ronaldo

On ne lui a jamais dit que les garçons ne pleuraient pas, alors Cristiano Ronaldo dos Santo Aveiro chiale toutes les larmes de son corps. Il a jeté son maillot au sol ou l’a échangé avec un Grec, il ne sait plus trop. Le torse est encore un peu adolescent, la mèche peroxydée et la peau trop riche en sébum. Cristiano n’est qu’un bourgeon de 19 ans, un provincial qui rêve un peu trop fort de la capitale, un petit con, mais un bon petit con. Le genre qu’on ne peut pas s’empêcher d’aimer. Il a 19 ans et voit les choses en grand. Et vite. Il a bien embobiné Old Traford en deux passements de jambe. « The best since Best » , paraît-il. Non, juste le nouveau Lee Sharpe. Le Portugais ne serait qu’une petite gourmandise de saison, un amuseur de couloir. « Cristiano est parfois excessive, mais il n’est jamais fade » , résumera très bien Francisco Filho, son « chaperon » mancunien, dans So Foot.

En sélection, le 7 revient à Luís Figo. Le numéro 17 est prié de regarder et d’apprendre. Mais l’ancien du Sporting n’aime pas prendre des notes. L’histoire, il préfère en être un protagoniste. En ouverture de l’Euro, le Portugal trébuche déjà contre la Grèce. Ronaldo concède un pénalty, puis marque de la tête. Parlez de moi en bien ou en mal, mais parlez de moi. En demi-finale contre les Pays-Bas, le gamin de Madère s’élève très haut pour claquer un ballon de la tête. Le joueur est déjà en mutation. Derrière le dribbleur crème-chantilly se profile un attaquant racé et complet, le meilleur de sa génération. Sauf que le monde ne le sait pas. Il ne voit qu’un gamin de 19 ans chialer.

Requiem de l’année 2003-2004 :

Quand les Galactiques explosent en vol

Luís Figo à l’été 2000, 61 millions. Zinedine Zidane la saison suivante, 75 millions. Le ressuscité Ronaldo en 2002, 45 millions. En trois campagnes de recrutement, Florentino Pérez résume son projet pour le Real. Chaque année, une grande star du foot mondial. Et peu importe que les Merengue n’en aient pas toujours besoin. Les Galactiques sont nés. Et le pire, c’est que ça marche. Deux Ligas, deux Supercoupes d’Espagne, deux Ligues des champions, une Coupe intercontinentale, une Supercoupe de l’UEFA… De 2000 à 2003, le Real règne sur le foot européen et enchante tous les amoureux de football. Cette équipe pue la classe et le talent et offre quelques moments de football mythiques. La double confrontation en quarts de C1 contre Man U est restée dans tous les esprits, au niveau du suspense, mais surtout de la qualité de jeu déployée (3-1 à l’aller, 3-4 au retour).

Mais, quand le marketing prend le pas sur le terrain, ça ne peut pas fonctionner bien longtemps, aussi talentueux soient les joueurs alignés. Été 2003, Florentino commet alors deux erreurs qui seront fatales aux Galactiques. D’abord, Vicente del Bosque n’est pas prolongé. Après quatre années fructueuses à la tête de Zidane y Pavone, le moustachu paye sa discrétion. Il n’est pas assez glamour pour ce Real qui doit séduire autant que gagner. Sauf que parvenir à gérer les égos d’un vestiaire aussi particulier que celui du Real requiert un certain doigté. À la place de Vincent de la Forêt, c’est Carlos Queiroz qui débarque, à l’époque adjoint prometteur de Sir Alex Ferguson. Pour la réussite que l’on connaît. La deuxième erreur est tout aussi grossière. Alors qu’il envoie du lourd niveau salaire pour ses joyaux offensifs, l’Espagnol a des oursins dans les poches quand il s’agit des travailleurs de l’ombre. Claude Makelele, qui a osé demander une augmentation, se fait renvoyer dans les cordes et sera transféré à Chelsea. Grand visionnaire, Pérez déclare alors que « Makelele ne va pas nous manquer. Sa technique est moyenne, il lui manque de la vitesse et du talent pour passer ses adversaires et 90% de sa distribution est en retrait ou latérale. (…) Les jeunes joueurs qui arrivent feront oublier Makelele. » Il parlait sans doute d’Albert Celades.

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