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Carlos Eduardo, vagabond cinq étoiles

Par Swann Borsellino
Carlos Eduardo, vagabond cinq étoiles

Auteur d'un quintuplé fou ce dimanche sur la pelouse de Guingamp (2-7), Carlos Eduardo est entré dans l'histoire du championnat de France de football. Une belle récompense pour cet éternel irrégulier, en quête de plaisir et d'affection.

Certains blases sont plus difficiles à porter que d’autres. Pour réussir, ou simplement survivre, dans des mondes de brutes épaisses, les Charles-Édouard sont souvent condamnés à l’exploit. Dans les années 2000, Coridon a dû enfiler un costume de scorpion pour entrer dans la légende, malgré un charisme capillaire évident. Chassé par des types bien plus méchants que des supporters parisiens énervés suite à une défaite lors de la bataille de Culloden, le 16 avril 1746, Charles-Edward Stuart, lui, a dû s’exiler à bord d’un bateau français, pour éviter que sa tête mise à prix ne tombe. Cette embarcation s’appelait L’Heureux. Heureux comme Carlos Eduardo, dont la tête a coûté 800 000 euros au FC Porto en 2013. Un an et demi plus tard et après dix ans d’errance et d’exil, le Charles-Édouard de Riberão Prato s’est révélé aux yeux du monde. Auteur d’un quintuplé étincelant sur la pelouse de Guingamp ce dimanche (2-7), le néo-Niçois efface des tablettes Tony Kurbos et sa moustache germano-slovène, dernier homme à avoir planté cinq buts ou plus en L1, des tablettes. Historique.

Eduardo costaud

Un coup en l’air, un coup en bas. Le tirelipimpon de Carlos Eduardo a raisonné si fort dans le Roudourou que le pauvre Jonas Lössl en a jeté ses gants. Trois buts en première, deux en seconde. Le total annuel du LOSC est atteint. Le record en carrière aussi. Non, Carlos n’est pas un terroriste des surfaces. Sa meilleure marque ? Quatre buts, à deux reprises, à Estoril puis à Porto. Un total qu’il a donc battu en 90 minutes de présence sur la pelouse bretonne. Un après-midi passé à la postérité et qui appartient désormais à l’histoire. L’histoire de son sport et de sa presse. À défaut d’avoir fait couler l’encre dans A Bola comme il l’aurait voulu, le Brésilien appartient désormais au petit club des joueurs ayant chopé un 10/10 dans L’Équipe. 10 comme les numéros de Zinedine Zidane et de Juan-Roman Riquelme, dont il est fan. 10 comme le nombre de matchs que cet éternel irrégulier a disputé avec la réserve du FC Porto la saison passée. Si le quintuplé et le costume de héros lui vont si bien, c’est parce qu’à 25 ans, Carlos Eduardo n’a jamais réussi à se séparer de son étiquette d’homme de fulgurances. Un manque de régularité souligné récemment par Claude Puel et qui ne date pas d’aujourd’hui. Un homme capable de passer au travers face à Bastia et d’écraser Guingamp à la seule force de ses crampons. Un garçon discret qui s’est souvent contenté d’ombre alors que son talent, lui, a sa place au soleil. Celui de la Méditerranée donc, plutôt que celui de Porto, club à qui il appartient toujours, mais où les perspectives d’avenir proche étaient inexistantes. Confronté à une concurrence dingue à un poste où les Dragons se sont fait prêter Óliver Torres et Casimero, où Brahimi et Herrera confirment et où Ruben Neves et Quintero pointent le bout de leurs nez, Carlos Eduardo a préféré faire ses valises. Le plan B, pas un souci dans la vie d’un homme qui a souvent emprunté la porte de derrière.

Big bisou, galères et vagabondage

Comme beaucoup de timides, le jeune Carlos Eduardo se fait remarquer sans jamais s’affirmer. Dans un pays où les cracks brillent bien avant la majorité en club ou martyrisent le pays sur les terrains de futsal, le natif de Riberão Prato se tient loin de tout ce tumulte jusqu’à 18 ans. C’est à cet âge-là qu’il débute réellement sous les modestes couleurs du Desportivo Brasil. Rapidement comparé à Diego Ribas, avec qui il partage une certaine idée de l’élégance balle au pied, Carlos a malheureusement un mental fait dans la même matière que les jambes de son illustre aîné : en carton. Un joueur « au faible tempérament » selon ses anciens coachs, qui parlent également d’un homme qui a besoin « d’une confiance totale pour qu’il brille » . Longtemps, Carlos l’affectif a eu besoin d’un « big bisou » que Claude Puel a su lui donner. Une quête d’affection aux allures de chemin de croix. Conscient que le Brésil du football ne veut pas de lui après des passages à Ituano, Fluminense, puis au Grêmio Barueri, Carlos Eduardo prend son baluchon en 2010, direction le Portugal et Estoril. En deuxième division portugaise, sa frappe de balle et ses qualités techniques font mouche. Grâce à lui, le club de l’Ouest de Lisbonne retrouve la Liga Sagres, où le milieu de terrain explose pour de bon. Dès lors, il suit le parcours classique et rejoint l’un des deux gros, à savoir le FC Porto, où 2013-2014 n’augure pas vraiment un prêt du côté de Nice la saison suivante. Sur les rives du Douro et malgré ses passages par l’équipe réserve, il est l’une des rares satisfactions d’une saison compliquée. Au vrai, l’homme a été sacrifié sur l’autel de l’irrégularité. Pour le reste, tout y est. Créativité, amour du coup franc et du but de dingue, le Brésilien a, à 25 ans, une énorme marge de progression. Tranquille à Nice, l’irrégulier a encore sept mois pour convaincre les dirigeants de Porto de lui offrir du temps de jeu ou les dirigeants azuréens d’allonger un joli chèque. Toujours est-il qu’aux côtés de Grégoire, Charles-Édouard sait qu’il y a des noms plus compliqués à porter que le sien.

Par Swann Borsellino

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