- Ligue 1
- J15
- Bordeaux–Caen (1-4)
Caen smurfe sur Bordeaux
Caen a fait danser Bordeaux au Matmut Atlantique (1-4). Romantique et réaliste, Malherbe a récité une partition délicieuse pour rentrer quatre buts en Gironde et enfoncer Bordeaux dans ses insuffisances.
FC Girondins de Bordeaux 1–4 Stade Malherbe Caen
Buts : Crivelli (90e) // S. Ben Youssef (6e), D. Da Silva 56(e), C. Carrasso csc (61e), A. Delort (77e)
En voilà, un joli deuxième. Avec sa très nette victoire à Bordeaux, Caen a récupéré d’Angers le statut de dauphin du roi parisien. Surtout, la première équipe du championnat de France « des autres » a montré pourquoi elle était le frisson fraîcheur de cette première moitié de saison. Joueuse et talentueuse, la team de Patrice Garande s’est amusée d’un Bordeaux triste comme un jour sans vin. Willy Sagnol peut faire tous les changements possibles, son équipe est 14e de Ligue 1 ce dimanche soir. Loin, très loin de Caen.
Fort comme Andy Delort
L’entame du match se résume à une histoire d’extérieurs : avec le double crochet de Khazri d’abord, qui s’amuse d’Alhadhur et donne aux supporters girondins l’espoir d’une attaque en jambes ; avec celui de Féret ensuite, tout en finesse pour permettre à Delaplace d’armer sa frappe à la conclusion d’un contre mené par la puissance de Delort et l’intelligence de Bessat. La frappe est contrée, le corner à jouer. À la suite de celui-ci, Rodelin peut déclencher un magnifique ciseau, repoussé du pied par Carrasso. Sauf que Syam Ben Youssef a bien suivi et le défenseur central peut conclure dans le but vide. Cinq minutes de jeu et Caen mène déjà. À l’extérieur.
Les Bordelais tentent bien de revenir par la possession et le côté droit de Poko, ce sont les Caennais qui restent les plus menaçants. Le jeu est léché, Ben Youssef envoie des passes de volée, Delort bonifie tous ses ballons, Rodelin frappe dès qu’il le peut. C’est soit manqué, soit détourné, mais surtout significatif de la domination normande. Sagnol décide alors de sévir en sortant Guilbert pour Rolan dès la 25e. Si le jeune latéral, 20 ans et formé à Caen, en pleure sur le banc, qu’il se rassure : même sans lui, son équipe déjoue. Elle s’en remet à des frappes lointaines, coups francs ou hors-jeu pour se montrer dangereuse – sans succès. Et quand derrière, la défense centrale se montre extrêmement fébrile, ça fait une première mi-temps à oublier pour les Bordelais.
35 minutes et puis s’en vont
Sauf que c’est la suite qui s’écrit dès la reprise. Delort pour Delaplace, extérieur pour Rodelin, la frappe de l’attaquant est, évidemment, détournée. Reste que les deux anciens Lillois montrent plus que toute leur ex-équipe actuellement. Et que Bordeaux, cela va de soi. Il y a bien Khazri pour donner vie à l’attaque locale de quelques fulgurances, mais Sagnol choisit de le sortir pour Crivelli. L’effet est instantané : faute de Sané, qui prend son jaune sur la contestation, Delort pour se faire justice. Il frappe fort, Carrasso repousse, mais Damien Da Silva a suivi, encore, et ça fait deux. Puis trois quand Da Silva s’élève sur corner pour claquer sa tête, qui tape celle de Contento et la barre avant de rentrer. Goal-line technology pour Chapron, nouvel arrêt inutile de Carrasso, silence au Matmut Atlantique.
Le stade reprend ses esprits plus rapidement que ses joueurs : en acclamant les changements caennais, en lançant des « olé » à chaque passe des visiteurs, ou en sifflant la sortie de Diabaté pour Plašil. Mais il doit s’incliner devant le numéro de Delort, qui emmène un contre sur la moitié du terrain, avant de se relever de la charge de Maurice-Belay pour fusiller Carrasso. Il aura une dernière occasion de donner de la voix, pour célébrer le deuxième carton jaune de Poko. Car, à dix minutes du terme, les Ultras Marine replient leur bâche et tout le virage se vide. Il ne verra pas Enzo Crivelli aller récupérer une miette de fierté dans le temps additionnel. Caen, lui, embarque la 2e place. En patron.
Par Eric Carpentier