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Cabañas : Brest in peace

Par Mathias Edwards
Cabañas : Brest in peace

Ce lundi, Roberto Cabañas nous a quittés, fauché par un infarctus à seulement cinquante-cinq ans. En France, c'est son passage au Brest Armorique qui a marqué les esprits. François Yvinec, le fantasque président de l'époque, raconte comment il a attiré au bout du Finistère cet attaquant de classe mondiale.

C’est dans une équipe brestoise qui fonctionne à la débrouille, en vivant « au-dessus de ses moyens » , comme le consent François Yvinec, alors président du club finistérien, que Roberto Cabañas débarque en janvier 1988. Emmenés par ses jeunes Paul Le Guen, Vincent Guérin ou Patrick Colleter, le club galère en championnat et, malgré l’arrivée du Paraguayen, est relégué en deuxième division. Mais le Brest Armorique a des ressources, plus ou moins licites, et remonte aussitôt en première division, grâce aux vingt et un buts inscrits par Cabañas. La saison suivante, la première complète en D1 pour l’une des stars du Mondial 86, il inscrit neuf buts, et installe les Bretons à une confortable 10e place. Avant de s’envoler pour Lyon, qui débourse quelque quinze millions de francs pour s’attacher ses services, une folie pour l’époque. Mais comment le modeste club breton a réussi à attirer un tel joueur dans sa rade ? Dans le numéro 68 de So Foot, paru en septembre 2009, François Yvinec raconte.

L’affaire Cabañas par François Yvinec

« Dans le contrat de Cabañas, il y avait une signature qui n’était pas la bonne, visiblement. Mais il y avait la mienne qui était à la bonne place. Et j’étais d’accord pour une certaine somme. La Sodiba(un pool d’investisseurs bretons, qui tente à l’époque de garder le Brest Armorique à flots, ndlr) avait mis l’argent pour acheter le contrat de Cabañas. On avait besoin de ce joueur à la pointe de l’attaque. L’América Cali avait perdu un autre attaquant et jouait la finale de Copa Libertadores. Peut-être ont-ils fait une manœuvre pour garder Cabañas ? Toujours est-il qu’il n’était plus d’accord pour le transfert, et que moi, je suis allé les voir pour réclamer ce qui était dû au club. J’étais déjà venu deux fois pour finaliser ce transfert. J’y suis retourné une troisième fois. Le président du club était aux ordres du propriétaire, Miguel Rodríguez, le frère cadet du chef du cartel de Cali. Il ne demandait plus 550 000 dollars, mais un million. Pour gagner du temps, l’América Cali a porté plainte contre moi. Il faut savoir que la justice dans ce pays était sous le joug de ces gens-là. J’ai été assigné à résidence, mais je restais en contact avec la presse. Au début, j’étais surveillé, voire chassé, mais grâce à l’intervention du gouvernement français, je me suis retrouvé toujours « prisonnier », mais protégé par deux gardes du corps. Pour me déplacer, j’étais toujours à l’arrière au centre de la voiture, derrière des vitres de douze millimètres d’épaisseur. En contact permanent avec l’ambassade française. L’affaire traînait en longueur et, pendant ce temps, dans la panique, les gens du club ont fait signer Tapia, un Argentin qui n’avait pas du tout le profil recherché. D’une part, il doublonnait avec un excellent jeune, Vincent Guérin, et d’autre part, son arrivée a empêché Cabañas de jouer quand il est enfin arrivé à cause des limites de joueurs extracommunautaires. Bref, en Colombie, j’étais avec Gérard Etcheverry, un journaliste deL’Équipe, Maïté Lopez, ma traductrice, et Roberto Cabañas. Eux sont partis de leur côté, directement à Caracas. La FIFA nous ayant donné raison, je n’avais plus rien à faire là-bas. Je me suis donc enfui, même si mon affaire judiciaire continuait. J’avais autre chose à faire que rester là-bas à camper. Comme ce n’était pas la première fois que j’y allais, j’avais repéré des endroits par lesquels on pouvait fuir. J’ai dit à l’ambassade de France :« Je pars. »J’ai quitté Bogota pour Barranquilla, où j’ai échangé mon billet avec un avocat – le contrôle aérien et celui des voyageurs n’étaient pas le même qu’aujourd’hui, j’ai pu prendre un billet sous le nom de cet avocat et embarquer pour le Panama. Puis, facilement, j’ai rejoint les autres à Caracas, puis l’Espagne et enfin Brest. » Une fuite de Colombie épique qu’Allain Guilloux, successeur éphémère d’Yvinec à la tête du club, met en doute dans son livre Les 4 vérités du football français.

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Par Mathias Edwards

Propos recueillis par Vincent Ruellan et extraits du So Foot #68

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