C3 – Paris remixe Wolfsburg (2-0)
Sans même le mériter, Paris gagne 2-0 sans forcer. Un résultat qui valide les choix expérimentaux de Paul Le Guen. Quoi qu'on en pense.
Comment sait-on que Paris joue un match de Coupe UEFA ? C’est simple: quand Paul le Guen laisse tomber son costume de cadre de grande entreprise pour passer sa blouse de chimiste. Qu’importe l’enjeu, l’adversaire, le contexte, lors de chaque joute européenne, l’austère Breton se livre à des expérimentations parfois farfelues, comme de faire jouer 90 minuteS à Grégory Bourillon (c’était en novembre 2008, face à Santander). Cette fois, l’éprouvette de PLG contenait un composant inconnu, Tripy Makonda, 18 ans et pas un match en professionnels. Et un autre sans référence précise, Edel, gardien arméno-camerounais jamais aligné en Ligue 1, titularisé à la surprise générale à la place de Landreau.
Pour professeur Le Guen, la Coupe UEFA est l’occasion de concerner tout son effectif mais surtout de tester des alternatives à son onze type. Après son coup de tête face à Saint-Étienne, Sessegnon risque une suspension. Dans un futur proche, Paris pourrait avoir à mener quelques batailles sans son Béninois. En chercheur adepte du principe de précaution, PLG a préféré, dès à présent, apprendre à se passer du plus créatif de ses joueurs. Sur le banc jusqu’à la 62e minute, on a pourtant cru le voir sur la pelouse dès le coup d’envoi. Pour sa première fois, Tripy Makonda trip(hop)pait bien. Pas chassés, dribbles hardis et un service parfait pour Rothen, qui amènera l’une des seules occasions du premier acte : une frappe de Hoarau au-dessus des cages du gardien suisse, Diego Benaglio, qui autant que l’ex Havrais creusera la tombe de Wolfsburg en deuxième mi-temps.
Au repos, le 0-0 était on ne peut plus logique. Comme souvent en UEFA, Paris avait tâtonné, pris ses marques à petits pas, avant d’accélérer. Avec un couloir droit auto-neutralisé (pour remplacer Ceara, Traoré était posté en arrière droit de fortune, avec Pancrate devant lui), le danger ne pouvait venir que de l’autre versant. Et après l’action initiée par Makonda (36e), c’est Chantôme (39e) qui perçait dans le couloir gauche avant d’adresser un superbe centre en retrait, l’arme fatale, sauf quand Fabrice Pancrate le réceptionne…
Et Wolfsburg ? L’équipe allemande recèle deux champions du monde dans son arrière-garde (Zaccardo et Barzagli) et deux Bosniaques pas dégueus, comme le milieu offensif Misimovic, au touché de balle très balkanique, ou l’avant-centre gullivérien Dzeko (1,92m). De quoi faire jeu égal avec un PSG en travaux d’aménagement.
En début de deuxième mi-temps, posté haut sur le terrain, le sixième de Bundesliga prenait même l’ascendant sur son hôte. Touché par Armand à la sortie d’un dribble en arabesque, le géant Dzeko pouvait obtenir un penalty (50e). Quinze minutes plus tard, une frappe d’Okubo, qui venait de remplacer Misimovic, semblait promise aux filets d’Edel, mais le Japonais l’envoyait au-dessus de la barre. Paris sortait sain et sauf de vingt minutes pénibles.
C’est qu’en ce moment, rien ne semble pouvoir arriver au PSG. Le Guen le sent et osait même faire sortir Luyindula (71e) pour faire rentrer un nouveau jeunot, Maxime Partouche. 18 ans. Comme Makonda. Que fait une équipe en confiance ? Elle joue bien. Et quand elle n’y parvient pas ? Elle attend son heure. 80e minute : un coup de tête de Hoarau sur un coup-franc de Rothen. 1-0. 84e : un nouveau coup de boule sur un corner de Chantôme. Et 2-0. C’est simple le foot parfois. Le sosie de la Fouine (Hé, mais qui peut le stopper ?) était même tout prêt d’en ajouter un troisième à la 86e. Comme sur ses deux premières réalisations, Hoarau chipait le ballon devant un gardien hors-sujet, cette fois, d’une déviation du pied droit à l’opportunisme djorkaeffien. Le poteau allemand refusait finalement à l’ex-Havrais un hat-trick retentissant. 3-0, ça aurait été indécent et rendu sans intérêt le match retour. Et les expérimentations de Paul Le Guen.
Théodore Grus
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