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Bruno Giordano : « Mes Napoli – Milan ont fait l’histoire du football italien »

Par Antonio Moschella
Bruno Giordano : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Mes Napoli &#8211; Milan ont fait l’histoire du football italien<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Soixante ans passés, et Bruno Giordano n'a pas encore vécu son exploit en tant qu’entraîneur. Mais pendant sa carrière de footballeur, l’ancien attaquant de la Lazio et du Napoli a beaucoup fait parler de lui en tant que buteur, passeur et rebelle. Entretien avec un romantique du foot qui a partagé le vestiaire d'un certain Diego Armando Maradona…

Après ton expérience d’entraîneur en Hongrie, comment as-tu passé cet été ?Tranquille, ici à Rome. Je n’ai pas encore eu d’offre, mais j’essaie de ne jamais m’éloigner trop du foot, car si tu veux rester dans ce monde, tu dois toujours resté branché. Donc je vais souvent voir des matchs au stade, des entraînements aussi. Il ne faut jamais perdre la proximité avec le terrain.

Être entraîneur a changé ta vision du foot ?Oui, bien sûr. S’asseoir sur un banc et aller sur le terrain pour jouer, ce sont deux choses totalement différente. En plus, je crois que beaucoup de choses ont changé depuis mon époque. Aujourd’hui, l’entraîneur est surtout un maître tactique qui impose un style de jeu, mais quand je jouais, ce n’était pas comme ça, l’entraîneur était plutôt quelqu’un qui gérait un groupe. Un groupe composé d’hommes qui ne se regardaient pas tout le temps dans le miroir. Dans les années 80, le foot était plus humain que maintenant, où des joueurs se barrent du club après quatre mois et n’ont pas cet esprit d’adhésion à l’équipe.

D’ailleurs, tu la sens comment cette édition de la Serie A ?C’est encore trop tôt pour faire une analyse précise, il y a beaucoup de footballeurs qui viennent de jouer l’Euro et la Copa América et plusieurs équipes ne sont pas encore au top de leur condition physique, comme le Napoli et l’Inter par exemple. Mais je crois que ce sera le championnat italien typique de ces dernières années, avec la Juventus en tête et les autres qui luttent derrière.

Tu suis toujours ta Lazio, qui a bien commencé avec une victoire à Bergame face à l’Atalanta, malgré le fait que l’ambiance soit loin d’être idyllique.C’était une victoire importante qui donne de l’espoir, même si ça n’a pas été un super match. La Lazio a bien réussi à profiter des erreurs de l’Atalanta et de son jeu en contre-attaque. Je crois qu’ils vont faire à peu près la même saison que l’année passée, avec un classement final entre la sixième et la neuvième place.

Higuaín ? C’est un peu comme si un Italien avait signé à Boca Juniors après avoir joué trois ans pour River Plate.

À l’issue de la saison 1979-80, la Lazio est descendue en Serie B (à cause d’un scandale de paris illégaux, ndlr) et tu as choisi de la suivre en enfer, pour finalement y rester trois ans. C’est quelque chose de trop romantique pour le football moderne ?
Je dirais plutôt que, maintenant, c’est plus compliqué de voir quelque chose comme ça. Mon amour pour la Lazio a toujours été énorme et je suis resté avec plaisir. Dans le football moderne, il n’y a que l’exemple de Buffon et Del Piero, qui ont décidé de rester à la Juve lorsqu’elle est descendue en Serie B il y a dix ans. C’est vrai aussi qu’ils étaient sûrs de retourner tout de suite en Serie A, mais ils ont quand même fait un choix compliqué et, finalement, ils ont eu leur récompense. Surtout Buffon qui a gagné cinq Scudetti consécutifs.

Durant la même saison de la descente en Serie B, tu as été le meilleur buteur de la Serie A avec dix-neuf pions. Aujourd’hui, ça serait impossible. Tu crois que c’est plus facile de marquer aujourd’hui qu’à ton époque ?Évidemment! Et pas seulement parce que maintenant, il y a plus d’équipes, donc plus de matchs. Le foot actuel donne plus d’avantages aux attaquants. Quand tu penses que, lorsque j’étais joueur, les gardiens pouvaient encore prendre le ballon avec les mains sur une passe en arrière, que les arbitres n’étaient pas aussi sévères contre les défenseurs, qu’il y avait moins de minutes de jeu effectif et, surtout, que les défenseurs étaient vraiment forts et costauds, pas comme maintenant. Aujourd’hui, les attaquants sont bien plus protégés !

Le meilleur buteur de la saison passée en Italie, Gonzalo Higuaín, a porté le même maillot et le même numéro que toi pendant trois ans, le 9 azzurro du Napoli. Qu’est-ce que tu penses de son départ à la Juventus ?
Là, on revient au même discours que tout à l’heure. Le foot n’est plus le même qu’il y a trente ans. Les joueurs symboles d’une équipe n’existent plus, l’amour pour le maillot n’existe plus et les footballeurs vont où ils sont le mieux payés et où ils peuvent gagner des titres. Donc le choix d’Higuaín n’est pas surprenant pour moi. En plus, il n’est pas napolitain, c’est un peu comme si un Italien avait signé à Boca Juniors après avoir joué trois ans pour River Plate.

Diego Maradona m’a appelé pour me dire qu’il voulait jouer avec moi…

Même si tu n’es pas napolitain, là-bas, tout le monde se souvient toujours de toi comme de l’un des symboles d’une équipe qui a écrit l’histoire…Être le numéro 9 du Napoli dans l’époque la plus importante du club a été un honneur infini pour moi. Je suis ravi que les Napolitains gardent toujours de l’amour pour moi. Je n’oublierai jamais l’accueil des supporters à Piazza dei Martiri (ancien siège du club dans le centre ville, ndlr) : il y avait 5 000 personnes qui fêtaient mon arrivée. Ce fut une sensation incroyable…

D’ailleurs, tu es arrivé comment à Naples ?C’était à l’été 1985 et j’étais en train de quitter la Lazio. J’ai eu plusieurs offres, mais Italo Allodi (ancien directeur sportif du Napoli, ndlr) et Diego Maradona m’ont convaincu facilement. Le même Diego m’avait appelé pour me dire qu’il voulait jouer avec moi. Comment pouvais-je refuser ça ? Je n’ai pas hésité un seul instant !

Ça donne quoi de s’entraîner et de jouer à côté de Maradona ?Pfff, des sensations indescriptibles. Avec lui, j’ai compris qu’on peut toujours s’améliorer, que la limite est seulement dans notre tête. Après l’entraînement, Diego restait pour frapper des coups francs, il voulait améliorer sa frappe, car il savait que le talent ne suffisait pas. Le Diego Maradona qui ne s’entraînait pas, c’est une légende. Bon, certes, parfois, il prenait de petits congés… Mais le dimanche, c’était toujours le meilleur.

Pour toi, c’est lui le meilleur de tous les temps ?Sans doute. Et il n’y aura jamais plus quelqu’un comme lui. Pas seulement au niveau technique, mais aussi pour le charisme qu’il dégageait, même s’il était plus un leader silencieux. L’habileté de Maradona était dans la motivation qu’il te donnait quand il avait le ballon, Diego te rendait meilleur juste avec son regard. Avec lui sur le terrain, on était tous calmes et concentrés et, en conséquence, on était meilleurs footballeurs.

Ce samedi il y a un Napoli – Milan au San Paolo. Tu as joué ce match plusieurs fois et avec une intensité complètement différente…Tout à fait! Mes Napoli – Milan ont fait l’histoire du football italien ! C’étaient les années de la grande rivalité entre le Sud et le Nord et nous étions conscients d’être en train de devenir une grande équipe. Faire partie d’une époque où le foot italien était au sommet me rend fier, surtout parce que je jouais à Naples, un club qui avait réussi à devenir grand.

Dans les années 80, tu avais Careca, Maradona, Van Basten, Gullit, Platini, Rummenigge… Une injection d’adrénaline pure !

Durant la saison 1986-87, celle du premier Scudetto du Napoli, vous avez gagné 2-1 et tu avais fait deux passes décisives…
Je me souviens toujours avec émotion de ce match-là. Franchement, je crois avoir très bien joué et j’ai toujours en tête la passe pour le 2-0 de Diego. L’un des plus beaux buts de sa carrière, sans que le ballon ne touche le sol, un vrai chef-d’œuvre. Le San Paolo était en ébullition et j’ai failli marquer le but du 3-0 sans une intervention de Baresi. Tu vois, quand je te parle des défenseurs de mon époque, je parle de lui !

Il va sans dire que le match de samedi n’a rien à voir avec les matchs dont tu parles…C’est malheureux, mais c’est comme ça. La Serie A n’est plus la même et on le sait. Dans les années 80, tu avais Careca, Maradona, Van Basten, Gullit, Platini, Rummenigge… Une injection d’adrénaline pure ! Aujourd’hui, le Milan peut compter sur un bon entraîneur qu’est Vincenzo Montella et sur une attaque rapide avec Bacca et Niang, mais sa défense est faible. Le Napoli, lui, est favori, même s’il doit encore retrouver sa meilleure forme après un été compliqué.

Effectivement. C’est très dur de remplacer un buteur comme Higuaín…Ce n’est pas juste une question de trouver quelqu’un à son niveau, c’est aussi un problème psychologique. La présence d’Higuaín inquiétait les défenses adverses et transmettait de l’espoir à ses coéquipiers. C’est une perte grave pour le Napoli, qui devra la surmonter avec le jeu d’équipe et l’apport de tous les joueurs. Ce qui n’est pas si simple.

Un retour de Cavani serait la solution ?Oui, pourquoi pas. C’est un excellent attaquant qui a vingt-neuf ans, donc encore trois ans au top. En plus, à Paris, il n’a pas démontré sa valeur comme il l’avait fait à Naples, où il était au cœur de l’attaque et du jeu de l’équipe.

Tu iras au stade samedi soir ?Ah non, je regarderai le match tranquille chez moi ! (rires)

Par Antonio Moschella

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