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Bleus : la déception tranquille

Par Clément Gavard, au Stade de France
Bleus : la déception tranquille

Après le match nul décevant face à l'Ukraine (1-1), il n'était pas question pour Didier Deschamps et sa bande de verser dans le catastrophisme. Ce mercredi soir, les Bleus ont connu un accroc qui ne devrait pas avoir d'incidence sur la suite des évènements, mais qui doit servir aux champions du monde quand ils se retrouveront opposés à des blocs bas. À commencer probablement par dimanche, au Kazakhstan.

Cette fois, les Bleus n’auront pas attendu septembre pour lancer leur année. Après une cuvée 2020 expédiée en moins de trois mois à cause de la pandémie, c’était un retour à la normale, ou presque, pour l’équipe de France, qui a commencé sa campagne de qualification pour le Mondial 2022 en partageant un point avec l’Ukraine (1-1), dans une enceinte dyonisienne tristement silencieuse. Le traditionnel rassemblement du mois de mars, intercalé entre les grandes échéances du printemps pour les clubs, a donc accouché d’un premier couac. « Un accident ? C’est un bien grand mot, a balayé Didier Deschamps, impassible et perché sur son estrade dans la salle de presse du Stade de France. De la créativité, c’est plus compliqué face à un tel adversaire. Qu’on ne soit pas au top de la fraîcheur, je n’avais pas besoin d’attendre ce soir pour le savoir. Ce n’est pas une excuse, cela vaut pour tout le monde. On a eu une préparation très courte, ce n’est encore une fois pas une excuse, mais si on avait eu 48 heures de plus pour cette rencontre, ça aurait été mieux. Il y a une fatigue physique générale. Je leur ai dit aux joueurs : il faut gagner, gagner, et gagner. On avait les intentions, mais on a manqué de fraîcheur et de dynamisme. » Du Deschamps dans le texte, c’est-à-dire un savant mélange entre des poncifs attendus et des messages à faire passer. Dont celui que si le résultat nul des Bleus est décevant, il n’est pas inquiétant pour autant.

L’enfer du bloc bas

Sur le papier, le patron des Tricolores nous promettait pourtant une belle soirée : la grosse équipe alignée, le retour du 4-2-3-1, une ligne offensive plutôt sexy, et une Ukraine moins bancale qu’à l’automne dernier. Oui, mais le papier reste du papier. L’histoire a été tout autre sur le terrain, où les Bleus auront d’abord affiché un visage conquérant – malgré des maladresses – en première période, avant de tirer la tronche après l’entracte. La faute en partie au plan minutieux d’Andryi Shevchenko, qui avait ciblé les points forts des champions du monde. « On a réussi à stopper une équipe aussi puissante et talentueuse que la France, s’est félicité l’élégant technicien ukrainien quelques minutes avant de laisser son siège à DD. On a travaillé en lien avec les analystes vidéo pour donner des indications aux joueurs défensifs, et ils ont très bien assimilé et concrétisé tout ça sur le terrain. La France a beaucoup de talent dans le un-contre-un. Proposer des lignes compactes était une solution à ce problème. »

Ce n’est pas parce que vous mettez trois avants-centres que vous allez marquer plus de buts.

Résultat, les Français ont longtemps tourné autour du pot, sans savoir comment prendre à défaut le bloc bas ukrainien. Deschamps : « C’est une équipe venue pour bien défendre. On avait vu leurs vingt derniers matchs, ils n’avaient jamais joué dans cette organisation. Je ne critique pas, car c’est un choix de Shevchenko et il a eu raison. Surtout qu’on ne peut pas dire qu’on a beaucoup sollicité le gardien en deuxième période. Mais voilà, c’est toujours compliqué face à un adversaire regroupé, ça réduit les espaces et les intervalles. » Un cauchemar pour une équipe de France qui n’est pas experte en utilisation du ballon, et qui préfère avoir des espaces à dévorer plutôt que de se creuser la tête en faisant tourner la chique. Le boss des Bleus avait pourtant opté pour une touche offensive en confiant les ailes à Kingsley Coman et Kylian Mbappé, sans un profil à la Blaise Matuidi pour jouer la carte sécurité. Si le premier s’est montré percutant, le second est resté aux abonnés absents. « Il sait qu’il n’a pas fait un bon match », a lâché Deschamps. Avant de répéter ses principes et de préparer le terrain pour un retour au système DD version Mondial 2018 : « Ce n’est pas le tout d’aligner des joueurs offensifs, non pas que je vais y renoncer, mais en matière d’équilibre, il y a des choses à améliorer. Ce n’est pas parce que vous mettez trois avants-centres que vous allez marquer plus de buts. »

Ce n’est pas inquiétant, mais ça va nous forcer à nous améliorer dans l’utilisation du ballon.

Autre leader, même discours. Celui d’Hugo Lloris, venu remplir son rôle devant la presse en s’aventurant dans le dédale du Stade de France malgré l’urgence de rejoindre Clairefontaine pour récupérer. Comme le sélectionneur, le capitaine des Bleus n’était ni énervé ni préoccupé pour les échéances à venir. « Ce n’est pas inquiétant, mais ça va nous forcer à nous améliorer dans l’utilisation du ballon, a posé le portier aux 118 capes. Ce que j’ai aimé aujourd’hui en première période, c’est qu’on a été les chercher, on a essayé d’imposer notre rythme. On a joué très haut, on a pris des risques, parfois en un contre un derrière. C’est ce qu’on doit faire contre ce genre d’équipes, ne pas les laisser respirer. » Une leçon à retenir pour les blocs bas à venir, et une drôle de statistique à souligner : l’Ukraine a bouclé la rencontre avec zéro tir cadré.

Un nul pour rien

Au fond de lui, Didier Deschamps sait que cet accroc n’aura pas une grande incidence sur la suite des évènements pour son équipe. Dans ce groupe très abordable (Ukraine, Finlande, Bosnie, Kazakhstan), la France devrait réussir sans trop de problèmes à composter son billet pour défendre son titre au Qatar, fin 2022. Avant cela, il y aura l’Euro et le début d’une nouvelle mission commando qui ne commencera véritablement qu’au mois de mai. Le nul face à l’Ukraine est un accident de parcours comme cette sélection en connaît régulièrement. La France n’est pas l’Angleterre, les Pays-Bas ou l’Allemagne, elle ne sait pas faire un sans-faute dans ces campagnes au long cours, c’est culturel.

Autre constat : le sélectionneur n’a pas bronché. À chaque fois que son équipe semblait s’éloigner des bases, comme en novembre contre la Finlande, Deschamps sortait les crocs et distribuait des « piqûres de rappel ». Ce mercredi soir, rien. Même pas une canine à dévoiler. La preuve que ce faux pas se résume à un simple coup d’arrêt sur la route de l’Euro. « On ne va pas se projeter sur l’Euro maintenant, a soufflé DD. Comme je ne me suis pas enflammé après le Portugal, il faut analyser les choses sans tout remettre en cause quand ça se passe moins bien. » Avant de promettre un important turnover pour le match de dimanche parce qu’il y aura « besoin de fraîcheur ». Le mot de la fin pour Lloris : « Il y a de la déception, oui, sans que ce soit alarmant. On va assumer ce premier match nul et on va répondre présents face au Kazakhstan. » À 6000 kilomètres de chez eux et dans des conditions particulières (décalage horaire, match à 15 heures, terrain synthétique), les Bleus devront rappeler pourquoi ils n’ont plus enchaîné deux rencontres sans gagner depuis trois ans.

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Par Clément Gavard, au Stade de France

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