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Bleues : un clash, et ça repart

Par Adrien Hémard
Bleues : un clash, et ça repart

En démolissant Corinne Diacre dans une interview le 15 novembre, Amandine Henry a mis le feu aux poudres en équipe de France. La capitaine des Bleues s’inscrivait ainsi dans une série de sorties médiatiques des joueuses contre leur sélectionneuse, et ce, alors qu’un match capital approchait, celui contre l’Autriche ce vendredi. Le timing a pu étonner, voire choquer. Il est en réalité parfait.

À Guingamp ce vendredi, l’équipe de France dispute son match le plus important depuis l’élimination en quarts de finale de la Coupe du monde 2019 contre les États-Unis. Et pour cause, les Bleues reçoivent l’Autriche, avec qui elles partagent la première place du groupe G dans la course à l’Euro, à deux matchs de la fin des qualifications. L’Autriche contre qui les Françaises ont buté fin octobre, avec un 0-0 inhabituel pour l’armada tricolore. En cas de défaite, il resterait évidemment les barrages, mais cela ferait tache pour la troisième nation mondiale au classement FIFA. Sportivement, l’enjeu est donc capital. Mais à cela, les Françaises ont eu la bonne idée d’ajouter une crise interne. Car oui, c’est une bonne idée.

L’exemple des mauvais garçons

Depuis l’élimination de son Mondial 2019, l’équipe de France évolue sans pression : qualifications à l’Euro par-ci, matchs amicaux par-là, mais rien de bien sérieux. Rien de mieux qu’une bonne polémique pour se remobiliser avant un match couperet. Ce climat excessivement calme s’est révélé nocif. Plutôt que d’effacer les frustrations nées de cette élimination, il les a enfouies sous les tapis de Clairefontaine. Les accrocs entre Diacre et Eugénie Le Sommer d’abord, puis avec Sarah Bouhaddi ont dessiné peu à peu la fracture grandissante entre la sélectionneuse et ses joueuses. Mais il a fallu attendre le coup de grâce d’Amandine Henry mi-novembre pour entrer dans le vif du sujet. D’ordinaire prudente et discrète, la capitaine des Bleues a déclenché une tempête médiatique qui a soufflé sur tout le foot féminin français, y compris des présidents de clubs (Aulas, Nicollin). Même la ministre des Sports s’en est mêlée, ce qui rappelle de sombres heures tricolores.

Justement, parlons du triste précédent masculin de 2010. À Knysna, après des années de conflit larvé et de dialogue de sourd avec Raymond Domenech, les Bleus avaient explosé en plein vol. La suite, on la connaît. Dix ans plus tard, Corinne Diacre et ses joueuses prennent leur précaution en s’écharpant bien en amont du prochain tournoi. Pas bête. « Les filles sont pile entre leur dernière belle Coupe du monde et la prochaine échéance, l’Euro 2022. Elles ont le temps de digérer tout ça et de repartir de l’avant », positive ainsi Marinette Pichon. Du haut de ses 112 sélections, elle ajoute : « C’est sûr qu’on performe mieux dans un climat apaisé. S’il y a des problèmes, il faut laver le linge sale avant une compétition. Le foot féminin, ce n’est pas le monde des bisounours, c’est comme une famille : parfois on a des désaccords, un mot qui blesse. Ce n’est pas pour autant qu’on ne se voit plus. On met les choses à plat et on continue d’avancer. » Et si l’Autriche a muselé les Bleues à l’aller, les Françaises ne pourront qu’être plus en réussite ce vendredi, même dans ce contexte.

Réunion de famille en Bretagne

Comme dans un couple : une bonne engueulade et ça repart ? Grosso modo : oui. À la différence que Diacre n’a pas besoin d’aimer ses joueuses, et inversement, mais juste de travailler ensemble. À long terme, évacuer les frustrations ne peut donc faire de mal, même si la forme a pu blesser la sélectionneuse, comme elle-même a pu blesser ses joueuses par ses actes. « Les filles avaient besoin de s’exprimer. C’est bien d’extérioriser. Quand Amandine prend la parole, il ne faut pas prendre ça comme une déclaration de guerre. Elle ressent le besoin de parler. Elle le fait. C’est humain. Et puis sa sortie reste mesurée, respectueuse. Elle n’a pas démonté Corinne », analyse Marinette Pichon. Vu l’état du vestiaire, si une personne devait prendre la parole, c’était bien la capitaine. Si ses mots ont pu secouer Diacre, ils ont eu l’effet escompté : un électrochoc. Message reçu par la sélectionneuse qui a joué l’apaisement en rappelant sa capitaine pour affronter l’Autriche et le Kazakhstan.

Photo de famille de Noël.

En médiatisant le malaise qui régnait depuis juillet 2019, les Bleues ne se sont pas tiré une balle dans le pied, ni dans celui de Corinne Diacre : elles ont amorcé la résolution du problème. Mieux, elles ont prouvé leur caractère et leur soif de titre. Car c’est là le principal enseignement de ce clash : les Bleues ont la dalle. Or, l’horloge tourne pour plusieurs cadres de cette génération dorée. Pas étonnant dès lors de voir Wendie Renard (30 ans), Eugénie Le Sommer (31 ans), Amandine Henry (31 ans) ou Sarah Bouhaddi (34 ans) vouloir remettre les pendules à l’heure pour préparer au mieux l’enchaînement Euro 2022, Mondial 2023, JO 2024. « On peut même construire sur ce genre d’épisode, si on accorde du temps pour régler les choses, ce que Corinne va faire. Ce conflit peut devenir une vraie force pour la suite », estime Marinette Pichon, qui prévient toutefois : « En revanche, cette réunion, cette fois, ça doit rester dans le vestiaire. » Prévue en marge du match à Guingamp ce soir, l’explication devrait intervenir dans l’hôtel des Bleues à Saint-Brieuc en présence du local de l’étape, Noël Le Graët, enfin au rendez-vous, avant d’affronter le Kazakhstan mardi. « Cette équipe et ce staff sont intelligents, et ce genre de situation se passe dans tous les vestiaires », désamorce Pichon, car si le navire tangue, « il n’y aura pas de naufrage des Bleues. Le potentiel est là, le fonds de jeu est intéressant. Maintenant, il faut juste être toutes et tous unis ». En somme, après avoir tiré à balles réelles, il s’agit de toutes tirer dans le même sens. Vers le haut, tant qu’à faire.

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Par Adrien Hémard

Tous propos recueillis par AH.

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