Bernard Mendy : « Je reviendrai à Paris en tant qu’entraîneur »
Bernard Mendy n'a jamais été l'idole du Parc, ni son chouchou d'ailleurs. D'aucuns affirmeront que c'était un joueur solide, pas aussi fulgurant qu'il n'y paraît, les autres avanceront qu'il était nul, tout simplement. Toujours est-il que « Nanard », l'un des artisans du maintien parisien, catapulte aujourd'hui ses centres au troisième poteau du KC Stadium de Hull City. Décryptage.
Pourquoi quitter le PSG : tu avais fait ton temps ou les choses sont plus compliquées que cela, comme souvent à Paris ? Je ne dirai pas que j’y ai fait mon temps même si j’étais depuis un bail à Paris. J’y ai passé de bons et de mauvais moments, comme n’importe quel footballeur. Il fallait que je change d’air. J’étais en fin de contrat, Charles Villeneuve voulait absolument que je prolonge, Alain Roche aussi, mais le coach ne comptait plus trop sur moi cette saison. Il était entre oui et non (sic) et attendait d’avoir ses nouvelles recrues avant de me faire resigner. À partir de là, si je n’étais qu’une roue de secours, autant partir. Prolonger pour être en concurrence réelle avec Ceara, j’aurais accepté. Mais là c’était plus de la dépanne, un coup latéral, un coup milieu droit. Ce n’est pas que ça me dérange de jouer à ce poste, mais il faut être clair et me dire : « Maintenant tu joues milieu droit !«
Pourquoi Hull ? En fait je connais bien le coach Phill Brown qui était l’entraîneur adjoint lorsque je suis passé à Bolton. On a toujours eu un bon feeling. Le challenge me paraît intéressant parce que c’est un promu qui n’a jamais accédé à ce niveau auparavant. On a une bonne équipe qui a les moyens de se maintenir, et ça va me permettre de me montrer en Premier League.
Tu connaissais cette immense mégalopole ? Franchement non, je ne savais pas où c’était. On m’a pas mal chambré là-dessus d’ailleurs, mes potes m’ont même appelé pour me demander où c’était…
Tu avais d’autres contacts ? Quelques-uns en France, notamment le fameux rival… Mais ils avaient beaucoup de défenseurs et certains hésitaient à partir, comme Zubar par exemple. Au final, ils ne savaient pas trop quoi me dire.
Tu aurais pu envisager un départ à Marseille ? Je ne sais pas trop. Étant donné le contexte, j’avoue que j’y aurais réfléchi à deux fois. Jouer la Champion’s League c’est intéressant.
Au regard de ta fin de saison avec Paris, cela paraît étrange que le club ne t’ait pas prolongé… Bah, en fin de saison, j’étais la première option du coach, mais lorsque je devais prolonger mon contrat, je ne l’ai pas fait car les conditions n’étaient pas bonnes, la nouvelle politique du club voulait que je baisse mon salaire. Maintenant, ils font prolonger des mecs, en font signer d’autres avec des gros salaires, il faut se poser des questions… Après, je suis content d’avoir passé sept ans au PSG et qui sait, si ça se trouve, je reviendrai en tant qu’entraîneur.
Quel a été le discours de Paul Le Guen à ton égard ? Quand il a vu que je n’avais pas trop de propositions, il m’a dit : « Bon allez, tu prolonges ton contrat mais en baissant ton salaire« . Je lui ai dit que s’il voulait que je resigne, ce serait aux mêmes conditions, et là il me dit « Bon, je vais voir, je vais t’appeler…mais si tu ne retrouves pas de club, tu pourras toujours t’entraîner avec nous« . Merci c’est gentil, mais moi je voulais prolonger.
Comment as-tu vécu le triple changement à la tête du club (Cayzac, Moulin, Villeneuve) ? Ce qui ne m’a pas plu avec Cayzac, c’est quand il a déclaré qu’à partir du moment où il était viré, il allait balancer. Ben non, ce n’est pas comme ça qu’il faut faire. C’est lorsque ça va mal qu’il faut dire untel ou untel a déconné et qu’il faut rectifier. En plus il n’a parlé que de certains joueurs, alors que c’est tout le monde qui est fautif. Cayzac était trop gentil. Moulin, je ne dirai pas que c’était un clown, ses discours nous ont peut-être fait du bien. C’était un changement, quelqu’un qui venait de l’extérieur et qui a voulu parler. Au final on s’est sauvés. Après, il est ce qu’il est, de là à dire que c’était un clown… Quant à Charles (Villeneuve), je n’avais aucun a priori sur lui, je kiffais ses émissions “Le droit de savoir”, mais je ne l’ai pas côtoyé très longtemps… (rires)
Pour finir, les Anglais sont-ils au courant de la réputation légendaire de tes centres ? (rires) Franchement ici les centres, à mon avis ça va être des caviars. Le troisième poteau les Anglais ils adorent ça, il y a toujours un type pour la remettre dans le paquet.
Propos recueillis par Paul Bemer et Marc Hervez
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