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Avec Bernd Storck, la Hongrie navigue à vue

Face à la Norvège jeudi puis dimanche, la Hongrie pourrait se qualifier pour une grande compétition pour la première fois depuis 1986 et le Mondial mexicain. Mais les supporters magyars ne s'avancent pas forcément en confiance, leur sélectionneur intérimaire allemand Bernd Storck n'ayant pas donné toutes les garanties espérées.
Avec l’ancien international Pal Dardai, les supporters de la Hongrie pensaient avoir trouvé leur prophète. Arrivé à la tête de l’équipe nationale après une défaite à domicile contre l’Irlande du Nord en ouverture des éliminatoires pour l’Euro (2-1), l’ancien milieu de terrain remplaçait l’impopulaire Attila Pinter. Son CV d’entraîneur ? Avoir dirigé les U15 du Hertha Berlin, club où il a fait l’essentiel de sa carrière de joueur.
Pal Dardai se taille
Mais le talent n’attendant pas le nombre des années, Dardai réussit immédiatement quelques prouesses : 3 victoires et 2 nuls en cinq matchs de qualifications pour l’Euro avec 4 buts inscrits et seulement 2 encaissés. Avec, au passage, un très bon nul en Roumanie et surtout une double victoire cruciale contre la Finlande. Mais entre-temps, le Hertha Berlin s’est rappelé aux bons souvenirs de son milieu de terrain, l’a nommé coach intérimaire en février 2015 avant de le confirmer en juin. Et de lui demander par la même occasion de se focaliser sur sa mission en Bundesliga.
Sans sélectionneur, la Fédération hongroise a alors opté en catastrophe pour l’Allemand Bernd Storck le 20 juillet. Un technicien qui était son directeur technique depuis mars et avait dirigé les U20 nationaux au Mondial de la catégorie. Trois mois et demi après son intronisation chez les A, l’ancien sélectionneur du Kazakhstan n’a pas vraiment convaincu le public et les observateurs. Au point de vue des résultats d’abord, il a peiné à concrétiser le bon début d’éliminatoires hongrois avec une seule victoire, aux forceps contre les îles Féroé (2-1), deux nuls et surtout une défaite 4-3 en Grèce qui a laissé des traces. Face au pays champion d’Europe 2004, pourtant calamiteux durant les qualifications, les hommes de Storck ont coulé défensivement et rendu les observateurs nostalgiques de la solidité de l’époque Dardai.
Une finale de Coupe du Kazakhstan pour palmarès
L’entraîneur allemand a beau être accompagné de la légende Andréas Möller, répéter à qui veut l’entendre que « la Hongrie doit être offensive » et que le football hongrois doit se structurer, sa tête tombera s’il ne passe pas l’obstacle norvégien. Lui même le sait, bien qu’il invoque la nécessité pour la Hongrie de travailler sur le long terme. Pas renforcé par ses résultats, il a en trois mois déjà critiqué le manque de professionnalisme de sa Fédération en citant en exemple le fonctionnement de la sélection allemande, ainsi que le manque de solidarité des clubs du championnat national. La cause ? Seuls trois clubs sur douze auraient consenti à participer à une collecte de données sur la condition physique des sélectionnables.
Du côté de Budapest, on se demande pourquoi les dirigeants du football hongrois sont allés chercher un technicien dont les faits d’armes comme entraîneur principal sont limités : les espoirs puis les A du Kazakhstan, poste dont il a été éjecté en octobre 2010 après une série de quatre défaites. Son plus bel exploit reste d’avoir atteint la finale de la Coupe du Kazakhstan avec le FC Almaty, un club où il avait été recruté pour lutter contre la relégation. La crédibilité du technicien allemand n’a pas été arrangée par une interview avec un journaliste norvégien en marge de la double confrontation de novembre, durant laquelle il a retourné le cerveau de son interlocuteur en lui posant une tonne de questions sur la sélection norvégienne. Bien que moqué, dénigré et considéré comme un piètre sélectionneur, Bernd Storck pourrait néanmoins devenir un héros national s’il sort la Norvège dimanche prochain. Même sur un malentendu…
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