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Athletic et Atlético, destins brisés par Franco

Par Robin Delorme
Athletic et Atlético, destins brisés par Franco

Rejeton de l’Athletic Bilbao, l’Atlético de Madrid a, une fois la guerre civile remportée par Franco, pris un tout autre chemin que son géniteur basque. Une triste période qui a conditionné l’histoire de ces deux faux frères aux rayures rojiblancas.

Lorsque l’Atlético de Madrid se rend au Pays basque, San Mamés s’est fait une spécialité de le recevoir par des huées et des quolibets. Plus qu’une rivalité, cette inimitié de l’aficion des Leones met en exergue les différences et rivalités historiques entre ces deux clubs, respectivement troisième et quatrième armoires à trophées d’Espagne. Pour rappel, lorsque les Colchoneros sortent de terre, leurs créateurs proviennent de la capitale basque, où un groupe d’étudiants exilés à Madrid décide, au printemps 1903, de créer une succursale du plus grand club outre-Pyrénées de l’époque. L’Athletic Club de Bilbao concède alors une partie de son blase pour officialiser la fondation de l’Athletic Club de Madrid, son faux frère castillan. Ce lien de parenté, pourtant, va irrémédiablement se distendre avec le début de la guerre civile en 1936. Sa fin, trois ans plus tard, laisse même place à un puissant antagonisme entre les deux liquettes rojiblancas les plus fameuses du Royaume d’Espagne. Retour sur ces premières années de franquisme qui transforment profondément ces deux institutions.

Quiroga : « La dictature présentait le « Basque » comme le caractère espagnol original »

« De son origine durant la guerre civile espagnole jusqu’à la mort de Franco en 1975, le régime militaire fait la promotion d’une narration nationaliste associée au football, qui permet alors d’augmenter l’identification des Espagnols à la dictature. » Par ces paroles, Alejandro Quiroga, professeur émérite d’histoire de l’université de Newcastle, ouvre son livre intitulé European History Quaterly. Un récit passionnant, qui revient sur les liens indéfectibles entre la dictature militaire et le ballon rond, qui explique tous les soubresauts et les complexités qui accompagnent la Liga durant ces quelques décennies. Car contrairement à ce que la légende raconte, l’Athletic Bilbao est le club le plus populaire auprès des militants franquistes. Porque ? Dans cette nouvelle Espagne qui dit adieu à sa république, les Leones conservent leur couronne de meilleur club du pays. Avec un jeu considéré comme rugueux, viril et rustre, il accompagne parfaitement les caractéristiques d’une Roja dont il est le plus gros pourvoyeur. « La dictature présentait le « Basque » comme le caractère espagnol original » , précise Alejandro Quiroga.

De fait, même la politique de recrutement 100% Euskadi prônée depuis sa naissance par l’Athletic ne heurte pas les sensibilités ultra-nationalistes de l’administration franquiste. C’est qu’intimement lié à une frange du Pays basque, le franquisme voit d’un bon œil le vieux carlisme présent dans la région et voit en l’Athletic « l’incarnation des valeurs hispaniques masculines : la virilité, l’impulsion et la fureur » . Un triptyque que personnifient sur les prés les Leones, a contrario de leur blase qui renvoie à la perfide Albion et ses marins qui créèrent, en 1898, le club. Si bien que l’une des premières mesures du secrétaire d’État aux Sports de Franco est d’émettre un décret interdisant au fanion espagnol de porter des noms évoquant une puissance étrangère. Tout comme le Sporting Gijón devient le Deportivo Gijón, l’Athletic devient alors l’Atlético de Bilbao, au grand désespoir de ses aficionados. Ce virage, les Matelassiers de Madrid le prennent également à contre-cœur, à la différence près qu’aux lendemains de la guerre civile, leur institution est sur le point de disparaître de la carte footballistique du pays.

De la disparition au couronnement, l’Atlético devient Aviacion

Alors que son stade du Metropolitano est aux deux tiers détruit, que son effectif ne compte plus que quelques joueurs après les nombreux morts de la guerre, l’Atlético est une proie facile pour les vautours de la dictature. Ainsi, pour rester en vie, les dirigeants colchoneros choisissent l’assistance respiratoire offerte par les militaires : en contrepartie de partager son histoire et son maillot rojiblanco, l’Atléti accepte de se jumeler avec l’Aviacion Nacional, club de l’armée. Cette union forcée permet aux Rojiblancos de rester parmi les grands d’Espagne, mais lui coûte une partie de son âme. 1939 apparaît alors comme la date charnière de l’histoire contemporaine des Rojiblancos : appelés à disputer un match de barrage face à l’Osasuna, pour savoir lequel des deux clubs continuerait à jouer en Primera, ils s’imposent face aux Navarrais et deviennent la grande place forte de la Liga. Car oui, dans la décennie des années 40, l’Atlético Aviacion, qui retrouve son nom originel en 1947, arrache quatre Liga et s’impose comme le principal concurrent des Leones basques. Depuis, les relations entre les deux clubs n’ont plus jamais été amicales.

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