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Apprendre à souffrir

Par Maxime Brigand
Apprendre à souffrir

Cette fois encore, on nous dira que tout s’est joué sur ces « détails » dont adorent parler les spécialistes. Vendredi soir, à Solna, cela n’aura pas été un marquage laxiste, mais une relance foireuse d’un gardien qu’on pensait incapable de flancher. Au bout, le constat est le même : l’équipe de France ne sait pas souffrir.

Hugo Lloris et son visage étiré par une nouvelle saison éprouvante avait prévenu avant même le coup d’envoi : « La Suède est un adversaire direct et il faut faire la différence dans ces confrontations directes. On l’avait fait à l’aller. Tout le monde est prêt pour un match qui s’annonce comme un grand combat. » Didier Deschamps, lui, mal à l’aise dans le costume de l’aventurier, avait préféré parler d’un match « important » pour son groupe, « très important » pour son adversaire, tout en refusant d’ajouter à la discussion la notion de rendez-vous décisif. Ce déplacement à Solna était à ses yeux « un tournant » , rien de plus. Le sélectionneur français aime prendre les matchs les uns après les autres. C’est une qualité, c’est aussi un défaut. Car, malgré tout ce que l’on a pu entendre ou lire, Didier Deschamps peut perdre. Cela lui était déjà arrivé le 28 mars dernier au stade de France face à l’Espagne (0-2), mais au moment d’évoquer nos doutes, certains avaient fait glisser la sacro-sainte phrase trop entendue : « Un match amical sert aussi à ça. » Dans le foot, il y a deux façons de perdre : on peut perdre sans combattre et, on peut perdre car, obnubilés par l’envie de gagner, on avait oublié qu’on pouvait aussi perdre. En oubliant l’enjeu, la seconde voie ouvre la porte au spectacle. Tout simplement car le plaisir, c’est le risque. La gestion et l’expérience, c’est l’ennui. Vendredi soir, en Suède, comme face à l’Espagne, comme face au Portugal en juillet 2016, comme face à l’Allemagne lors de la Coupe du monde 2014, l’équipe de France a perdu car elle a refusé de jouer, retombant dans ses travers et se retournant dans son incapacité à réagir face à la souffrance. Ce groupe ne sait pas encore souffrir ensemble, il sait simplement se sublimer par instants, par exploits comme face à l’Ukraine, comme face à l’Allemagne. Le voilà à un an de la Coupe du monde en Russie, deuxième d’un groupe de qualifications qu’il dirigeait jusqu’ici sans trop de souci, avec une sensation trop connue : celle, cruelle, des rendez-vous manqués.

Une affaire de leçon

On aura beau se repasser les images de ce Suède-France, le retourner dans tous les sens possibles, il n’y aura une nouvelle fois pas grand-chose à en tirer et c’est certainement le plus dramatique. En alignant Moussa Sissoko au coup d’envoi plutôt qu’Ousmane Dembélé et en préférant Dimitri Payet à Thomas Lemar, Didier Deschamps avait déjà affiché ses intentions : le jeu, ce serait sans lui. Venir en Suède, c’était avant tout pour tenir et si, par chance, on arrivait à « mettre un but de plus que l’adversaire » , on s’en contenterait. Pourquoi ? Le problème avec le pragmatisme, c’est qu’il a aussi ses limites et, s’il ne faut pas s’arrêter à un instant T pour juger un ensemble, l’équipe de France se retrouve vendredi soir dos au mur, elle qui n’a plus validé sa qualification directement pour une Coupe du monde depuis 2006. Ce n’est pas faute d’avoir prévenu, pas faute d’avoir noté que si les résultats suivaient plus ou moins depuis l’Euro 2016, la manière, elle, n’arrivait toujours pas. Chaque copie rendue est synonyme de frustration où le projet global – celui du jeu – est encore à ce jour illisible. Il est temps de s’inquiéter. Pas pour le résultat – on ose espérer que les Bleus se qualifieront avec trois matchs à disputer à domicile sur les quatre derniers -, mais pour l’approche, tant il est difficile de comprendre que Kanté, Lemar ou Dembélé soient encore préservés. Mieux, on en serait presque venu à souhaiter cette défaite en Suède, arrivée du pied d’un Hugo Lloris soudain devenu aussi fragile qu’un Krisprolls. Cette gifle dans la gueule ne peut que faire du bien et il faut déjà se remettre au boulot. Mais se remettre au boulot, c’est accepter de jouer et également accepter de se détourner de solutions qui ont marché hier. C’est se trouver enfin une identité, un projet de jeu, mais aussi apprendre à souffrir ensemble, apprendre à gagner et à perdre ensemble. Le foot ne peut être qu’une histoire de détails, c’est aussi une question de leçon.

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