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Antoine Raison et sentiments

Par Julien Duez
Antoine Raison et sentiments

Il n'y a pas que les supporters qui ont la passion des kilomètres avalés pour aller au stade. Pour Antoine Raison (31 ans), c'est la même chanson chaque week-end. Sitôt sa semaine achevée, cet instit', Costarmoricain de naissance embarque sa copine au volant de la C4 et file vers l'Ille-et-Vilaine pour y retrouver son club de cœur : l'Eskouadenn de Brocéliande, qui participera au Vrai Foot Day le 13 octobre prochain.

Le chiffre aurait de quoi faire pâlir Loïc Durand lui-même : 240 000 kilomètres. C’est ce qu’a parcouru Antoine Raison depuis quatre ans avec sa C4. C’est beaucoup et en même temps, l’homme s’en fout. Il est animé par une passion aveugle, que d’aucuns décriraient comme complètement bargeot : bouffer quatre heures de route chaque vendredi soir pour rallier son domicile d’Asnières-sur-Seine dans les Hauts-de-Seine jusqu’à Monterfil, en Ille-et-Vilaine. 400 bornes en passant par Versailles, Chartres, Le Mans, Laval, Vitré, Rennes et finalement, une demi-heure plus tard, la commune qui, avec Treffendel, Saint-Péran, Le Verger et Saint-Thurial, constitue le cinq majeur qui a donné naissance à l’Eskouadenn de Brocéliande, son club de cœur. « Au début, quand je terminais tôt le vendredi, je me changeais dans la voiture, j’allais chercher ma copine après son boulot et on filait à Monterfil sans pause-pipi, rien ! Et avec de la chance, j’arrivais juste à temps pour m’entraîner une heure. Mais bon, ça valait la peine puisque après il y avait le sandwich au pâté avec deux-trois canons à la buvette. »

Nous ne sommes pas un, mais 480

L’Eskouadenn, dont le blase vient de skouadrennad, le mot breton pour « équipe » , s’apprête à fêter sa dixième bougie. Antoine, lui, a rejoint l’aventure il y a cinq ans, après s’être laissé convaincre par des potes du coin de quitter ses Côtes d’Armor natales pour le département voisin. Il est aujourd’hui l’un des 480 licenciés d’un club bordé par la légendaire forêt de Brocéliande et qui fait figure de mastodonte. De mastodonte ? Le mot est faible : « On a cinq équipes seniors, qui évoluent de la R3 à la D4. Plus deux équipes de vétérans. Au total, ça en fait quinze ! » , énumère Antoine, qui, en semaine, occupe son temps en qualité de professeur des écoles à Houilles et Chatou, dans les Yvelines, mais avec un statut spécial : « Je suis titulaire-remplaçant. En sport, ça sonnerait bizarre, mais dans mon métier, ça veut dire que je suis une sorte de remplaçant en chef, mais titulaire de mon poste. » C’est bien clair pour tout le monde ?

Remplaçant, Antoine peut aussi l’être quand il rentre en Bretagne, mais comme les quatre heures de route à enquiller, il s’en fout. L’essentiel est ailleurs. Pour lui, l’Eskouadenn est « un club familial et à part, fait de gens passionnés et bénévoles qui se dévouent sans compter. C’est ce que j’aime. C’est mon football. Et je ne peux pas m’en défaire ! » Mais quand même, les sacrifices qu’impliquent ses allers-retours hebdomadaires ne sont pas fait pour des prunes. Antoine est un compétiteur dans l’âme, un vrai fou de sport. À tel point qu’il a récemment trouvé le temps pour se mettre au triathlon pendant le peu de temps libre qui lui reste. « Je suis un gagnant qui se donne à 200%, explique-t-il, mais ça correspond bien à l’état d’esprit de l’équipe, on regarde tous dans la même direction. »

Souffler sur la Breizh

Malgré son statut un peu à part, Antoine sait que rien ne lui est dû. Pour jouer le week-end avec ses potes de l’équipe-première, il doit, selon son propre aveu, s’entraîner deux fois plus que ses partenaires restés en Bretagne, une région – pardon, un pays ! – qu’il porte dans son cœur, comme tout Breton qui se respecte. « Quand on regarde les JO ou la Coupe du monde, on est toujours là à chercher un Gwenn ha du dans les tribunes ! » , se marre-t-il. Alors quoi de mieux que d’entretenir sa bretonnité en tapant le cuir deux fois par semaine avec des déracinés comme lui ? C’est ce que lui permet le club des Bretons de Paris. « J’y ai retrouvé les valeurs qui m’animent dans le foot : le plaisir de jouer ensemble, de faire la fête sans oublier cette solidarité qui nous unit entre Bretons » , résume-t-il, en joignant l’exemple à la parole : « Comme je ne joue pas avec eux, ils ne me font pas payer de licence et ils ont même offert à l’Eskouadenn du matos pour les jeunes remporté lors d’un tournoi de la FFF. Et nous, on leur a filé des ballons quand ils en avaient besoin. »

Aussi surprenant que cela puisse paraître, sa copine ne voit pas cette passion pour le foot d’un mauvais œil. Et pour cause, Manon a elle-même longtemps pratiqué un sport collectif : le handball, à Montfort-sur-Meu, une petite ville également réputée pour son club de basket. « Pendant un moment, elle faisait comme moi, elle rentrait jouer le week-end avec des copines, mais elles ont fini par arrêter quand elles ont eu des enfants » , rembobine Antoine, contraint et forcé de bien s’entendre avec ses beaux-parents, puisque c’est chez ces derniers que le couple loge chaque week-end. « Parfois, je me dis qu’ils doivent en avoir marre, mais au fond, on a la bonne attitude. La preuve, ils nous ont même prêté un van pour partir en vacances dans le Nord de l’Italie cet été ! »

Quelques jours de répit avant d’attaquer une nouvelle saison et faire mieux que cette jolie deuxième place glanée lors de l’exercice achevé, à un point du champion de leur groupe de R3. « Pour un club comme le nôtre qui venait d’être relégué de R2, c’est pas mal ! D’autant que la saison précédente avait été assez compliquée puisqu’on avait terminé avec un total de sept points » , sourit Antoine, habité par une passion telle qu’aucune mauvaise série ne pourrait venir entacher sa passion : « Pour l’instant je ne suis pas prêt d’arrêter, même si je sais qu’à un moment donné, je finirai bien par être fatigué de faire tous ces allers-retours. Il faudrait vraiment une occasion spéciale pour que j’arrête. Un enfant par exemple. Mais bon, je sais que j’aurai un club prêt à m’accueillir à Paris, donc je ne m’en fais pas trop. » En attendant, le jeune trentenaire, formé au poste de numéro 10, ne sait pas encore à quelle position du terrain il commencera la saison à venir, l’Eskouadenn venant de changer d’entraîneur. Quoi qu’il en soit, ce sera derrière la ligne médiane : « Il vaut mieux éviter de me mettre en attaque parce que j’ai tendance à tuer des pigeons devant la cage » , avoue celui qui n’a manqué que quatre rencontres la saison dernière, son record depuis qu’il est au club. Celui du nombre de bornes avalées par sa C4 devrait lui, continuer de s’améliorer encore et encore.

Par Julien Duez

Propos d'AR recueillis par JD

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